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Selon le président en exercice du Conseil de sécurité, le néo-zélandais
Colin Keating, le Front patriotique rwandais (FPR) et le gouvernement
intérimaire auraient accepté de se réunir, jeudi 14 avril, au quartier
général des forces de l'ONU (MINUAR) à Kigali, afin de discuter des
modalités d'un éventuel cessez-le-feu. « C'est bien le premier signe
optimiste que nous avons constaté depuis le début de la crise. Nous nous
en félicitons et encourageons le processus », a déclaré M. Keating,
jeudi matin, à New-York, à l'issue d'une réunion de consultation du
Conseil de sécurité.
Evoquant les professions de foi pacifiques des représentants du FPR, le
président du Conseil de sécurité a assuré que ce dernier les jugerait «
sur leurs actes et non sur leur paroles ». Le message de l'ONU, lui, n'a
pas varié : « Arrêtez les massacres et vite ! » En attendant de définir
le rôle que pourraient jouer les Nations unies dans le conflit rwandais,
les membres du Conseil de sécurité se sont déclarés unanimes sur deux
point : pas de paix imposée, pas de retrait total des forces de l'ONU.
Mise en demeure
Reste au Conseil à choisir entre les options que le secrétaire général
de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, devrait lui exposer, dès ce jeudi. De
source diplomatique, on indique qu'un déplacement des « casques bleus »
dans un pays voisin, la Tanzanie par exemple, pourrait être une option à
court terme. Quant à la décision de la Belgique de retirer ses quatre
cents soldats du Rwanda, elle aurait la faveur de M. Boutros-Ghali. Ce
dernier estime néanmoins que les soldats belges devront être
immédiatement remplacés par un autre contingent, faute de quoi
l'opération de l'ONU perdrait toute viabilité.
Cette mise en demeure, à peine déguisée, a suscité de vives réactions. «
On ne peut pas demander aux Belges de porter le chapeau. S'ils veulent
quitter le Rwanda, c'est leur droit. Ce n'est pas à M. Boutros-Ghali de
les mettre dans la situation impossible de trouver leur propre
remplacant ! », commentait un diplomate. Cette polémique feutrée
illustre la difficulté à définir, de manière crédible, la mission future
de l'ONU au Rwanda. Pour les membres du Conseil de sécurité, il est « évident » que, si le mandat actuel de la MINUAR est confirmé, celle-ci
ne pourra pas se passer du contingent belge, considéré comme sa
véritable « colonne vertébrale ».
Un retrait des soldats belges impliquerait donc de changer le mandat de
la force de l'ONU. Pour leur part, les membres africains du Conseil de
sécurité (Rwanda, Nigéria, Djibouti), appuyés par leurs pairs des pays
non alignés, ont fait circuler un projet de résolution, exigeant un
renforcement de la MINUAR et appelant à un cessez-le-feu immédiat.