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KIGALI, 13 juin, Reuter - Les rebelles du Front patriotique du Rwanda
(FPR), à dominante tutsie, sont en train de payer le prix fort pour
leur victoire sur le terrain alors que les Hutus, en quête d'une
solution finale
, reprennent de plus belle les massacres.
Ils (les Hutus) sont convaincus qu'en tuant tous les Tutsis, ils
résoudront le conflit
, déclare le Père Blanc Otto Mayer.
En compagnie du père Henri Blanchard, ce missionnaire a fui le quartier
Nyamirambo de Kigali après que les milices hutus eurent enlevé et
probalement tué 170 personnes, des Tutsis pour la plupart, qui
s'étaient réfugiés dans l'enceinte de la mission.
A Nyamirambo, où 80 personnes ont été massacrées le 6 juin, les
miliciens semblent pris d'une folie meurtrière.
Partout où les rebelles du FPR avancent l'histoire se répète.
Ils (les miliciens hutus) ont un plan d'extermination. C'est ce à quoi
ils ont été entraînés. Les soldats du gouvernement se battent sur le
front et derrière eux les milices tuent. Une fois le travail achevé,
ils se retirent
, explique un officier de la Mission des Nations unies
pour l'assistance au Rwanda (Minuar).
Selon le personnel humanitaire, 500.000 personnes, essentiellement des
Tutsis, ont été tuées par les milices et les soldats gouvernementaux
depuis la mort du président Juvénal Habyarimana dans son avion abattu
par une roquette le 6 avril dernier. Les tueurs n'épargnent pas les
enfants et à diverses reprises ont pris des orphelinats pour cible.
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Crimes contre l'humanité
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Depuis le renversement en 1959 du système féodal de leurs ancêtres par
les Hutus, les Tutsis du Rwanda ont à diverses reprises été victimes de
massacres.
Chaque tuerie est intervenue en réponse à une invasion des rebelles
tutsis - il y en eut six dans les années 60 - ou à une avance des
forces du FPR dans le cadre d'une guerre déclenchée en 1990.
Tout règlement négocié devra tenir compte de la crainte des Hutus
d'être à nouveau dominés par les Tutsis.
Les principaux dirigeants de l'opposition hutue ont été assassinés par
la garde présidentielles après la mort du président Habyarimana et la
formation d'un gouvernement de coalition, dont le FPR ne veut être que
l'une des composantes, apparait dès lors peu probable.
L'Organisation de l'unité africaine (OUA) a condamné ces massacres
qu'elle qualifie de crimes contre l'humanité
, mais elle a refusé d'en
attribuer la responsabilité à l'une ou l'autre des parties.
Même si la situation qui prévaut actuellement au Rwanda a suscité une
vague d'indignation dans le monde entier, les organisations
humanitaires estiment que la communauté internationale n'a fait que
trop peu et trop tard.
Les quelque 5.000 casques bleus de la Minuar, qui doivent renforcer les
450 soldats de l'Onu déjà sur place, n'arriveront pas avant plusieurs
semaines faute d'équipement et de soutien logistique.
Le personnel et les casques bleus de la Minuar, originaires pour la
plupart d'Afrique, dépendent des pays occidentaux pour leurs
déplacements aériens.
Le FPR a déjà conquis plus de la moitié du territoire rwandais le long
d'une ligne nord-sud.
Hormis le massacre de l'évêque de Kigali et d'une douzaine d'autres
responsables religieux et l'exécution de miliciens ou de soldats faits
prisonniers, le FPR ne semble pas vouloir tuer systématiquement les
Hutus.
Mais pour un observateur de l'Onu, les rebelles ne peuvent espérer
qu'une victoire à la Pyrrhus sur une majorité qui, défaite, soit
choisira la fuite soit haïra ses maîtres.
Le général Marcel Gatsinzi, le responsable pour le gouvernement des
négociations patronées par l'Onu, a juré vendredi que les rebelles ne
gouverneraient jamais.
Même si l'une des parties l'emporte, il y aura toujours des gens avec
des fusils de l'autre côté et les massacres continueront
, a-t-il dit,
menacant. /AP
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