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KIGALI, 9 juin, Reuter - Les Nations unies ont déclaré jeudi que le
déploiement de casques bleus était plus que jamais nécessaire au Rwanda
après de nouveaux massacres qui ont coûté la vie à 22 religieux, parmi
lesquels l'archevêque de Kigali.
Le commandant Jean-Guy Plante, porte-parole militaire de l'Onu, a
expliqué que les 450 casques bleus se trouvant dans la capitale
rwandaise ne pouvaient pas se rendre actuellement dans le quartier de
Nyamirambo, où se sont déroulés les massacres.
Le Conseil de sécurité a autorisé l'envoi de 5.500 soldats pour
protéger les civils et les convois humanitaires mais les premiers
contingents n'arriveront pas avant trois semaines.
L'Onu a fait état jeudi d'informations dignes de foi selon lesquelles
neuf prêtres et 63 civils avaient été tués à Kigali.
Auparavant, les rebelles du Front patriotique du Rwanda (FPR) avaient
affirmé que 13 religieux, dont l'archevêque de Kigali et deux évêques,
avaient été tués dans un autre incident.
L'archevêque de Kigali, Mgr Vincent Nsengiyumva, le président de la
conférence des évêques, Mgr Thaddee Nsengiyumva, et l'évêque de Byumba,
Mgr Joseph Ruzindana, ont été tués par quatre des soldats du FPR qui
étaient chargés de leur sécurité.
Les meurtriers soupçonnaient les religieux d'avoir tué des membres de
leurs familles. Quand les autres militaires ont découvert la tuerie,
ils ont tué l'un des soldats mais les trois autres ont réussi à prendre
la fuite, selon Radio Muhabura.
Des recherches ont été lancées pour que les trois hommes puissent être
jugés, a ajouté la radio.
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Triste nouvelle
, dit le FPR
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Le colonel Frank Mugambage, directeur politique du FPR, a annoncé la
triste nouvelle
mercredi soir, a précisé la radio.
Une organisation humanitaire a confirmé à l'Onu que les deux massacres
s'étaient déroulés le 6 juin à Nyamirambo. Mais les casques bleus n'ont
pas pu se rendre sur place.
Des centaines de réfugiés, principalement des membres de la minorité
tutsie, se cachaient dans cette enceinte pour échapper aux miliciens
hutus qui font régner la terreur à Kigali.
Le commandant Plante a déclaré que la Mission d'assistance de l'Onu au
Rwanda (Minuar) avait reçu une lettre des religieux de Nyamirambo
affirmant être en danger. Nous avons pris cette lettre très au sérieux
mais nous ne pouvions rien faire. Entre-temps, une organisation
caritative nous a informés que le 6 juin, neuf prêtres et 63 autres
personnes avaient été tués
.
Le pape Jean Paul II a exprimé son indignation après le meurtre des 22
religieux et a réclamé une action rapide pour mettre fin au bain de
sang dans cette nation martyre
.
Dans un message au peuple rwandais, le souverain pontife a demandé à la
communauté internationale de tout faire sans délai pour que s'ouvrent
les voies de la concorde et de la reconstruction du pays si gravement
meurtri
.
A Kigali, l'Onu doit elle-même faire face à des difficultés. Son
quartier général a été touché par un obus jeudi. Le projectile est
tombé sur un étage supérieur du bâtiment occupé par quatre soldats
ghanéens. Ces derniers étaient absents.
Il n'y a pas eu de blessé. Le commandant Plante a dit ignorer si le tir
émanait des rangs gouvernementaux ou rebelles.
Les problèmes de sécurité ont contraint l'Onu a suspendre les convois
organisés pour évacuer les civils.
Selon des organisations humanitaires, près de 500.000 personnes ont été
tués dans les violences qui ont éclaté après la mort du président
Juvénal Habyarimana dans un attentat le 6 avril dernier au-dessus de
Kigali. /WEM
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