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NAIROBI, 16 mai, Reuter - Profitant d'une trêve dans les combats entre
rebelles et forces gouvernementales au Rwanda, la Croix-Rouge a réussi
à faire parvenir, lundi, des vivres à des milliers de civils pris au
piège près de Kigali.
Une porte-parole du comité international de la Croix-Rouge a annoncé
qu'un camion transportant 12 tonnes de flocons d'avoine était parvenu à
Gitarama, au sud-est de la capitale.
C'est la première fois depuis des semaines que la Croix-rouge parvient
à acheminer des vivres au Rwanda. Ils ont réussi à ravitailler des
milliers de civils prisonniers du stade de Gitarama
a déclaré Nina
Winquist.
Un autre convoi devrait suivre la même route mardi.
De source autorisée, on a déclaré que la Croix-Rouge tentait
d'acheminer un convoi de 40 tonnes de flocons d'avoine de Kigali à
Kabgayi, à 45 km au sud-ouest de la capitale, où sont installés des
camps de réfugiés démunis de tout.
Hier, quand ils ont voulu sortir la nourriture (hors de Kigali),
l'entrepôt a été la cible de coups de feu
, a déclaré un porte-parole
du CICR à Nairobi.
La journée de dimanche a été marquée par de violents duels d'artillerie
entre l'armée gouvernementale et les rebelles du Front patriotique
rwandais (FPR).
C'est très calme ce matin
, a déclaré lundi Abdoul Kabia, directeur
exécutif de la Minuar (Mission des Nations unies pour l'Assistance au
Rwanda). Mais il est habituel qu'une période de calme précède la
tempête
.
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Tirs sur Kouchner
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Selon des journalistes de Reuter qui ont visité le camp de réfugiés de
Kabgayi, les Tutsis rescapés des massacres y vivent dans des conditions
exécrables. Des cadavres gisent en plein centre du camp sans être
enterrés. Des réfugiés hébétés se massent autour des feux de camp ou
tendent la main pour recevoir une ration de purée de maïs préparée dans
de grandes bassines rouillées.
Les réfugiés se plaignent d'être maintenus en détention dans ce camp
par les gardes de l'armée gouvernementale. Ils affirment également que
les milices extrémistes hutues viennent régulièrement y chercher des
victimes qu'ils massacrent ensuite plus loin.
Le CICR a demandé à pouvoir installer un hôpital de 500 lits à Kabgayi
mais l'armée refuse de déclarer cette zone neutre. Elle reste donc
vulnérable aux attaques des miliciens hutus.
Bernard Kouchner, ancien ministre français de la Santé et de l'Action
humanitaire, a tenté d'obtenir le libre passage des civils qui tentent
de fuir les zones de combats. Mais son convoi a reçu des coups de feu
dimanche soir alors qu'il arrivait à Kigali après avoir rencontré des
membres du gouvernement à Gitarama, au sud.
La route entre Gitarama et Kigali est ponctuée de barrages de miliciens
hutus, souvent saouls, armés de machettes.
Le gouvernement, qui a fui Kigali le mois dernier devant l'avance des
rebelles tutsis, a réaffirmé que les massacres étaient l'oeuvre de
miliciens et de soldats échappant à son contrôle. Mais il refuse que
l'Onu envoit des casques bleus au Rwanda pour tenter de mettre fin au
bain de sang.
Il y a moins de tueries qu'avant. L'Onu peut aller et venir entre les
deux camps pour leur demander de cesser les combats mais la situation
dans les zones contrôlées par le gouvernement est du ressort du
gouvernement
, a déclaré à la presse le ministre de la Défense Augustin
Bizimana.
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Bientôt des casques bleus?
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Le Conseil de sécurité se réunit mardi pour voter une résolution
prévoyant d'envoyer une force d'interposition au Rwanda, où les
massacres ont fait plusieurs centaines de milliers de victimes en cinq
semaines.
Le projet de résolution pourrait autoriser l'envoi de quelque 5.500
casques bleus africains.
Mais alors que les Etats-Unis souhaitent que les soldats de l'Onu
soient déployés aux frontières du pays pour créer des zones de sécurité
pour les réfugiés, le projet de résolution prévoit d'assurer d'abord le
contrôle de l'aéroport de Kigali.
La force onusienne au Rwanda serait épaulée par des transports de
troupes blindés et 16 hélicoptères.
A cinq km au sud de Gitarama, où le gouvernement (hutu) siège dans une
ancienne école de fonctionnaires, des soldats et des miliciens hutus
assassinent quotidiennement des Tutsis dans un ancien séminaire
contenant 20.000 réfugiés.
La Commission des Nations unies sur les droits de l'homme tiendra les
24 et 25 mai une réunion extraordinaire sur les violations des droits
de l'Homme au Rwanda.
La situation sanitaire s'aggrave dans des camps de réfugiés. A Benaco,
en Tanzanie, où sont massés 200.000 Rwandais, l'association Médecins
sans Frontières a signalé des cas de dysenterie et de pneumonie et
craint une épidémie de grande ampleur dans les trois prochaines
semaines. /FAN
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