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LE Conseil de sécurité de l'ONU a décidé, jeudi, une réduction considérable des effectifs de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), n'autorisant qu'une présence de quelques centaines de militaires au lieu des 2.500 soldats que comptait l'opération avant les massacres de ces deux dernière semaines. La décision a été prise quelques instants après que ce même Conseil de sécurité a voté son énième résolution « contraignante » sur le conflit en ex-Yougoslavie.
Le secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), Salim Ahmed Salim, a dénoncé, hier vendredi, cet « abandon du peuple rwandais ». « La décision (du Conseil de sécurité) est d'autant plus regrettable qu'elle intervient alors que des efforts sont faits par l'OUA et les leaders de la région pour assurer un cessez-le-feu et mettre fin aux massacres dans le pays », a ajouté Ahmed Salim, évoquant les discussions actuellement en cours en Tanzanie entre le Front patriotique rwandais et les militaires et miliciens de l'ancien régime.
A Kigali, où sévissent toujours les tueurs de l'ancien régime, « les habitants vivent terrés, les bruits de la vie quotidienne ont été remplacés par le son du canon, l'odeur de chair en décomposition s'échappe de maisons aux portes éventrées. Le cauchemar n'en finit pas », raconte l'envoyée spéciale de l'AFP dans la capitale rwandaise. Et Annie Thomas poursuit: « Seule l'équipe du Comité international de la Croix-Rouge est restée. « Une goutte d'humanité dans un océan d'horreur », a dit, jeudi, un responsable du CICR. (...) Parfois accoutrés de vêtements volés dans les maisons pillées, rappelant les combattants du Liberia, les miliciens armés de grenades et de machettes peuvent être eux-mêmes des adolescents. Ils sont parfois ivres, d'alcool et de sang. Les soldats de l'ONU filent à toute allure dans leurs véhicules blancs sur les boulevards, font un écart pour éviter ce cadavre que personne n'enterre et se demandent quelle paix ils ont à maintenir. »