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L'ambassadeur de France, Jean-Michel Marlaud, a quitté la capitale
rwandaise, mardi 12 avril, dans la matinée, pour Paris. L'ambassade a
été fermée, a déclaré Michel Roussin, ministre de la coopération, venu
accueillir à l'aéroport de Roissy 474 ressortissants français,
allemands et américains évacués du Rwanda.
L'attaché commercial de la France au Rwanda, qui faisait partie des
personnes évacuées, a indiqué que les archives de l'ambassade avaient
été totalement détruites. Notre envoyé spécial à Kigali nous a précisé
que l'ambassade semble avoir été abandonnée de manière précipitée,
toutes portes ouvertes.
La grande majorité des Occidentaux ayant quitté le pays, la question se
pose de savoir si les troupes étrangères, venues dans le cadre de
l'opération d'évacuation, ou présentes préalablement dans le cadre de
la Mission des Nations unies au Rwanda (MINUAR), abandonneront la
population à son sort.
« Dans les circonstances actuelles, les conditions ne sont pas remplies
pour que nous poursuivions notre participation à la MINUAR », a
déclaré, lundi, le premier ministre belge Jean-Luc Dehaene. De son
côté, le chef de la diplomatie belge, Willy Claes, a jugé le mandat de
la MINUAR « trop limité » et a estimé qu'un débat de fond devrait être
organisé sur cette question aux Nations unies.
Outre les dix « casques bleus » belges tués jeudi à Kigali par des
éléments de la garde présidentielle, trois ressortissants belges ont
été tués dans les premières heures des événements à Gisenyi, dans le
nord du pays, et trois autres ont trouvé la mort au cours des
affrontements dans la capitale. L'animosité manifestée contre les
Belges au Rwanda inquiète l'opinion publique belge.
La Belgique, ancienne puissance coloniale du Rwanda, est soupçonnée par
les Hutus, de favoriser les Tutsis qui composent l'essentiel de l'armée
rwandaise et de la garde présidentielle.
De leur côté, les Tutsis ont accusé la France dans le passé d'appuyer
les forces gouvernementales (en majorité hutues), à travers le
contingent qu'elle a maintenu de fin 1990 à fin 1993 à Kigali. En
privé, des responsables français soulignent qu'il n'est pas question de
maintenir à Kigali des troupes qui risqueraient de se trouver mêlées
aux troubles internes.
(AFP, Reuter.)