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L'actualité politique de ce continent revêt parfois, au cours de l'année 1992, des couleurs de traînée de sang. Le rapport d'Amnesty se révèle accablant : des milliers de personnes massacrées par certaines forces gouvernementales (Soudan, Zaïre, Tchad, Afrique du Sud) ; détentions sans inculpation ni jugement (Ethiopie, Cameroun, Sierra Leone) ; « disparitions » (Soudan, que l'on retrouve dans tous les chapitres de ce lugubre palmarès, Ouganda, Tchad, Zaïre) ; prisonniers d'opinion (Côte-d'Ivoire, Malawi) ; affrontements « interethniques » alimentés et renouvelés par les gouvernements des pays concernés (Afrique du Sud, Niger, Burundi, Rwanda). Le rapport ne présente aucune analyse des causes de telles exactions, leur donnant ainsi presque figure de cataclysme naturel : la domination néocolonialiste, les services secrets des pays occidentaux, les « conseillers » venus des capitales des pays impérialistes… autant de réalités non mentionnées. Mais des chiffres terrifiants. Un exemple : en Somalie, « 300.000 personnes, des enfants pour la plupart, sont mortes de faim (…). Près d'un quart des 6 millions de Somaliens ont quitté leur pays ». Depuis, les casques bleus sont arrivés ; mais qui oserait soutenir que les droits de l'homme en sont mieux garantis pour cela ?