Fiche du document numéro 1157

Num
1157
Date
Vendredi 12 octobre 1990
Amj
Taille
104894
Sur titre
Rwanda
Titre
Trois mille « suspects » arrêtés. Paris presse le gouvernement de Kigali d'« engager le dialogue » avec l'opposition
Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Dans un communiqué, publié mercredi 10 octobre, le Quai d'Orsay souhaite
que tout excès soit évité dans le règlement de la crise au Rwanda et
appelle les autorités locales à engager le dialogue. Il estime que la
situation créée par la pénétration au nord du Rwanda d'éléments armés et
par les affrontements en cours demeure préoccupante. De son côté, M.
Yoweri Museveni, chef de l'Etat ougandais, a déclaré qu'il ne pensait
pas qu'une solution militaire soit possible et a proposé l'organisation
d'une conférence régionale pour régler ce problème politique.

Au moment où des combats à l'arme lourde avaient lieu autour du camp
militaire de Gabiro, à 70 kilomètres à vol d'oiseau de Kigali, le
président Juvénal Habyarimana réunissait, mercredi, une conférence de
presse. « Les assaillants qui nous font face sont estimés à dix mille et
ce chiffre correspond exactement au nombre de soldats qui viennent de
déserter de l'armée ougandaise
 », a-t-il indiqué sans lancer
d'accusations directes contre les autorités de Kampala.
Il a révélé qu'« un deuxième contingent ennemi avait franchi la
frontière ougandaise dimanche soir
 », alors même que M. Museveni
affirmait que la frontière était totalement close. A propos des
arrestations, le président a avancé le chiffre de trois mille en
précisant qu'il n'y avait là que « des suspects qui seraient, après
enquête, inculpés ou relâchés
 ». Il s'est dit désolé des conditions de
détention mais, vu l'urgence de la situation qui imposait
l'identification du moindre suspect, « on ne pouvait faire autrement ».
Les forces françaises et belges, a-t-il ajouté, sont chargées d'une
mission humanitaire. Mais il a reconnu qu'il avait demandé sans succès à
Paris et à Bruxelles une intervention militaire « qui ne rentre pas dans
leur philosophie
 ». Il peut, cependant, compter sur les soldats zaïrois,
dont cent cinquante viennent d'arriver à Kigali, pour se joindre à cinq
cents autres déjà sur place.

A propos de la situation politique, le chef de l'Etat a rappelé qu'il
fallait « tenir compte de la composition de la société », justifiant
ainsi la politique des quotas qui reflète, dans les institutions,
l'importance de chaque ethnie. Il a fait remarquer que, dans ce conflit,
il n'y avait pas eu, jusqu'à présent, de massacres tribaux comme dans
les crises précédentes. Cet « incident » a-t-il conclu en faisant
allusion à l'invasion des rebelles, « nous a montré que le problème des
réfugiés doit être réglé rapidement
 ».

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024