Fiche du document numéro 10529

Num
10529
Date
Vendredi 22 mai 2015
Amj
Taille
47068
Titre
Quand Mitterrand se préparait à frapper Kadhafi
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le porte-avions français est prêt à appareiller, pour aller se camper devant le port de Tripoli avec ses missiles. Une frégate l’accompagne, ainsi que deux sous-marins, l’un nucléaire, l’autre classique. Objectif : Mouammar Kadhafi. Nous ne sommes pas en mars 2011, quand la France intervient pour empêcher le régime de raser la ville rebelle de Benghazi, mais… en septembre 1984.

L’existence de l’opération militaire secrète, nommée « Mirmillon », a été révélée jeudi 21 mai, à Paris, par l’amiral Jacques Lanxade. Ce marin, qui fut chef d’état-major particulier du président de la République entre 1989 et 1991, puis chef d’état-major des armées jusqu’en 1995, intervenait dans le cadre d’un passionnant colloque réuni à l’Ecole militaire sur le thème : « François Mitterrand et la défense ».

Pendant deux jours, sous la houlette de l’ex-ministre des affaires étrangères Hubert Védrine et de l’actuel ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, la garde rapprochée du président socialiste a témoigné de l’importance que ce dernier avait accordée à l’outil militaire. Le chef de l’Etat, en deux septennats, a lancé plus d’opérations extérieures qu’aucun autre durant la Ve République : près d’une trentaine.

Plans secrets

En cette rentrée 1984, les troupes françaises doivent quitter le nord du Tchad, où elles ont combattu les soldats de Kadhafi, dans le cadre de l’opération « Manta ». Un accord a prévu qu’elles se replient vers le sud – les Français, depuis, n’ont pas quitté N’Djamena –, tandis que les Libyens réintègrent leurs frontières. La bande d’Aouzou, disputée par Kadhafi à la frontière tchadienne, devait devenir un cordon étanche.

A Paris, on n’est pas tranquille. Les Américains, avec leurs satellites, confirment : le Guide libyen ne tient pas ses engagements. A l’époque, l’amiral Lanxade commande la zone Méditerranée et planifie l’opération « en cas d’action de Kadhafi contre les forces françaises, qu’[ils savaient] dans une situation de vulnérabilité ». Les plans sont si secrets « que même le préfet maritime de l’Atlantique les a ignorés ». Les nageurs de combat étaient prêts à détruire les vedettes du Guide dans le port de Tripoli, les avions à bombarder les pistes de Misrata, d’où décollaient les MIG libyens.

Le plus étonnant est ailleurs : « Mirmillon » a duré environ un mois. Un mois durant lequel, sans Internet, sans réseaux sociaux, « la presse n’a rien su », rien vu, du mouvement des bateaux devant les côtes libyennes. C’était en 1984. C’était au siècle dernier.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024