Fiche du document numéro 9225

Num
9225
Date
Mercredi 7 mai 1997
Amj
Fichier
Taille
19276
Pages
2
Titre
La diplomatie en quête d'un dénouement
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KINSHASA, 7 mai, Reuter - A la faveur d'une pause dans
l'offensive-éclair qui a amené en sept mois les rebelles de
Laurent-Désiré Kabila de la frontière rwandaise aux portes de Kinshasa,
les médiateurs internationaux s'activaient mercredi pour ménager une
porte de sortie honorable au président Mobutu et éviter un bain de sang
aux cinq millions d'habitants de la capitale zaïroise.

Selon Nelson Mandela, doyen des médiateurs de la crise zaïroise, les
rebelles tiennent la promesse de ne plus avancer sur Kinshasa qui leur a
été arrachée lors du sommet Mobutu-Kabila en présence du président
sud-africain le week-end dernier au large du Gabon.

De source diplomatique, on situe la ligne de front à 200 km de la
capitale, que Mobutu a quitté mercredi sans protocole et sous forte
escorte pour assister à Libreville jeudi à un sommet régional qui
devrait débattre des modalités de son effacement, devenu l'objectif
prioritaire de la diplomatie internationale.

Mobutu, qui était accompagné de sa femme Bobi Ladawa, a fait savoir
qu'il regagnerait son pays vendredi, mais une grande partie de la
population kinoise semble croire, voire espérer, qu'il n'a pas
l'intention d'y revenir et qu'il restera en exil.

De source diplomatique, on explique que le scénario proposé par les
médiateurs à Mobutu consiste à confier les rênes du pouvoir au
parlement, qui nommera un dirigeant intérimaire chargé de négocier une
passation des pouvoirs pacifique.

Des négociations seraient ensuite engagées avec Kabila, qui "jouera un
rôle important mais ne sera pas totalement dépositaire du pouvoir" car
"on ne peut pas dire à Mobutu de laisser le pouvoir à Kabila comme ça".
On ignore si Kabila acceptera de jouer ce jeu, alors qu'il réclame
simplement que Mobutu lui remette tous les pouvoirs faute de quoi il
déclare qu'il sera contraint de lancer un assaut sur Kinshasa, qui
serait nécessairement sanglant.

Emissaires français chez Kabila



Pour conjurer cette perspective, les diplomates impliqués dans les
efforts de règlement mettaient mercredi les bouchées doubles.
L'émissaire américain Bill Richardson était attendu dans la soirée à
Paris où se trouve déjà celui de l'Onu et de l'OUA, Mohamed Sahnoun,
pour qui la diplomatie ne dispose que d'une semaine pour éviter un
drame.

Le vice-président sud-africain Thabo Mbeki, qui consulte les pays de la
région, se trouvait à Luanda, où il a dit croire encore à une nouvelle
rencontre d'ici là entre Kabila et Mobutu, comme convenu lors de leur
entrevue du week-end dernier.

Paris, qui n'a que très récemment pris ses distances avec le régime
autoritaire plus que trentenaire de Mobutu, estime que ce n'est pas la
sortie du président Mobutu
qui est difficile à mettre au point mais
l'issue pacifique du conflit.

Le gouvernement français, qui n'exclut aucun contact avec les parties
zaïroises
, assure que le général en retraite Jeannou Lacaze, qui s'est
rendu discrètement mercredi à Kisangani pour rencontrer Kabila, l'a fait
à titre personnel.

Mais, de source diplomatique sur place, on note qu'il est accompagné de
l'ancien ambassadeur de France à Abidjan, Michel Dupuch, conseiller du
président Jacques Chirac. Il s'agit apparemment des premiers contacts à
haut niveau entre rebelles et responsables français.

Le Quai d'orsay souligne qu'il est d'autant plus nécessaire de trouver
une solution pacifique à la crise que des milliers de personnes qui
souffrent dans l'est du Zaïre doivent être secourues
.

Ces réfugiés hutus du Rwanda ne sont pas contrôlés par le président
Mobutu
, souligne Paris en ajoutant que ce n'est pas lui qui empêche
l'arrivée des secours
.

Sur place, dans le camp de Biaro, le HCR a annoncé être déjà parvenu à
rapatrier 10.000 réfugiés depuis le début du pont aérien vers le Rwanda,
le 27 avril.

Mais il affirme qu'il doit réviser à la baisse ses prévisions de vols
car des dizaines de milliers d'autres ont disparu ou succombé à leurs
blessures, à la faim et à la maladie dans la jungle. Le HCR avait prévu
d'en transporter un total de 80.000 et il pense maintenant n'avoir plus
affaire qu'à la moitié d'entre eux.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024