Citation
Filip Reyntjens écrit depuis une trentaine d'années sur le Rwanda dont
il s'est autoproclamé « spécialiste ». C'est un auteur prolifique,
difficile à cerner, sauf à prendre le temps qu'il faut pour
décortiquer tous ses écrits. Malheureusement ils ne sont pas tous
disponibles et l'espace qui m'est imparti dans cet article ne me permet pas
d'être trop long. Je n'aborderai donc ici que les points suivants :
comment F.R. [1] s'est introduit et a vécu au Rwanda avant 1990, comment
il a réagi à l'attaque du FPR Inkotanyi en 1990, comment il s'est
comporté face au génocide perpétré contre les Tutsi et, enfin, son
acharnement contre le FPR en général et le régime actuel rwandais en
particulier.
Je voudrais présenter ici l'image que je me suis faite de ce
personnage à travers les notes de lecture de ses publications. [2] Je
m'astreindrai uniquement à ce qui a trait à la vérité. Disons d'abord
que j'ai rencontré pour la première fois Filip Reyntjens dans les
années 1970-1980 à l'UNR où, comme lui, j'étais « professeur-visiteur ». Je l'ai parfois aussi croisé dans les corridors des
ministères à Kigali. Je ne suis pas sûr que nous nous ne sommes jamais
parlé. En fait je ne me suis vraiment intéressé à lui qu'à partir de
1985, lorsqu'il a publié son livre « Pouvoir et Droit au Rwanda ». Ce
livre eut un réel succès auprès de la petite intelligentsia rwandaise
de Kigali. C'est à cette époque aussi que j'ai appris que
« Monsieur » était important et qu'il disposait de contacts au haut
niveau. Je n'ai jamais cherché à le fréquenter mais par contre j'ai
suivi par après, de loin il est vrai, certaines de ses publications
concernant le Rwanda mais c'est la première fois que je rassemble mes
notes de lecture le concernant.
F.R, comme il se décrit lui-même dans Les Risques du métier, a évolué
dans ses prises de position vis-à-vis des régimes politiques rwandais
de ces 30 dernières années. Il fut d'abord un personnage qui s'adapte
sans difficultés au régime Habyarimana avec tous ses travers :
ethnisation de la vie politique, dénaturation de la démocratie,
politique de quotas, sectarisme, impunité, corruption, gabegie et
injustices de toutes sortes. A l'attaque des Inkotanyi en 1990, FR
choisit son camp : il déclare que cette attaque est « illégitime [3] »
donc, selon lui, non fondée et non justifiée. Il se positionne depuis
lors en homme « hostile » au FPR contre lequel il entre en guerre
médiatique d'abord, judiciaire ensuite en défenseur du régime agressé.
Il prend position pour le régime qu'il a servi et dont il a épousé
l'idéologie.
Dès lors il apparait aux yeux de tous comme un « allié » du régime
Habyarimana. A partir de 1990, il était à mon avis plutôt proche du
MDR-Power sans toutefois abandonner Habyalimana qu'il défendait
publiquement. Sa prise de position va se muer en celle d'un homme
« engagé » qui passera vite de l'engagement au militantisme aussi bien
médiatique que droits-de-l'hommiste. En basculant dans le
militantisme, il mettra de côté sa formation académique de juriste
constitutionnaliste et glissera, comme il le dit lui-même, vers
« l'analyse politique et l'histoire immédiate » [4] dont il n'est pas
spécialiste et dont il ne connaît donc ni les règles ni les
difficultés, puisqu'il n'est ni politologue ni historien de formation.
Evidemment pour lui cela ne semblait poser aucun problème : sur le
Rwanda, il y a de ces personnages qui, surtout quand ils peuvent faire
valoir d'y avoir séjourné quelques années, s'improvisent
« spécialistes » dans n'importe quelle discipline. Ce fut le cas de
Reyntjens.
Devant cette situation plutôt paradoxale, il cherchera à se donner une
nouvelle « identité », celle de « chercheur-acteur » [5] rêvant, en
manipulant le savoir acquis, de devenir « le conseiller du prince »,
et du coup, d'influencer par ses soi-disant recherches le pouvoir en
place. Le résultat sera catastrophique : il ne découvrira dans ses
travaux que l'objet de ce qu'il aura aimé y trouver c'est à dire des
résultats biaisés parce que manipulés pour bien répondre à ses attentes
politico-idéologiques.
Nous allons dans le présent article montrer plus en détail cette
évolution du professeur Filip Reyntjens qui est allé de mal en pis
jusqu'à la phase presque irréversible de ces derniers temps. Il s'agit
ici d'un constat documenté.
Voici comment il raconte lui-même son parcours dans le « galimatias »
de son livre « Les risques du métier... », livre d'autojustification,
d'auto-défense et d'autopromotion bref le summum de l'expression de son
ego.
Un petit « notable »
Filip Reyntjens arrive au Rwanda en 1976, à 24 ans, l'âge auquel, avant
l'indépendance, beaucoup de jeunes administrateurs assistants étaient
envoyés au Congo belge et au Rwanda-Urundi. Il découvre vite le
pouvoir dont dispose tout européen en Afrique. Il trouve à sa grande
surprise « qu'un expatrié peut se permettre un certain nombre de
choses » [6] en Afrique et particulièrement au Rwanda. Filip Reyntjens
est ambitieux, comme on peut l'être, surtout lorsqu'on se convainc
« qu'un expatrié peut se permettre un certain nombre de choses ». Il
use de son influence et parvient vite à se faire des « amis » jusque
dans la haute sphère du pouvoir. Voici comment il le dit
lui-même. « Enfin j'exploite incontestablement mon statut d'étranger,
qui a, dans un pays comme le Rwanda, plus de latitude qu'un national.
Ce statut me permet d'accéder assez facilement aux plus hautes
autorités du pays, y compris le président de la république, et de leur
parler avec une franchise dont un rwandais ne pourrait que rêver, voire
de court-circuiter un homme puissant et craint comme Sagatwa » [7]. Il
devient puissant ce Reyntjens. Il rencontre le président Habyarimana en
1978. Il participe cette même année à la rédaction du projet de la
Constitution qu'il qualifiera plus tard comme étant « l'une des
meilleures Constitutions africaines de l'époque »[8].
Cette constitution consacre pourtant l'existence du parti unique dont
chaque rwandais est obligatoirement membre de « plein droit », aucune
activité politique ne pouvant s'exercer en dehors de ce parti. Le
président du MRND est le seul candidat à la présidence de la République
sans limites de mandat. Il est aussi le chef de l'Etat et du
Gouvernement, commandant en chef des Forces armées, irresponsable
politique devant le Parlement, néanmoins ministre de la défense. La
Constitution de Reyntjens est expurgée de tout ce qui est en rapport
avec la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle permet
d'institutionnaliser et de légaliser le régime mis en place par un coup
d'État militaire. F.R. écrira que « le régime est toujours
militaire ; il n'est pas fondé sur une légitimité propre, mais sur
l'accord pour le moins tacite des militaires. Le régime est en `liberté
surveillée [9] ». C'est une véritable dictature mais Filip Reyntjens
s'en félicite car il trouve que « le régime (Habyarimana) est une
banale dictature militaire comme on en trouve partout en Afrique » [10].
Il lui donne donc un coup de main. Il le rend plus « potable »
vis-à-vis de l'extérieur. Pour l'usage interne, il lui dote de « Codes
et Lois » qui briment tous les droits et libertés », mais à cette époque
Filip Reyntiens ne s'en formalise pas. Il ne se pose même pas de
problème, dit-il. Il comprend, il dédouane à bon compte sa chère
« banale dictature ».
La « banale dictature » a certes ses défauts mais F.R. « trouve le
régime assez fréquentable du moins comparé à la plupart des autres
Pays d'Afrique » [11]. Il le fréquente donc avec assiduité et parvient
au sommet. Il devient, comme il le dit lui-même, « un petit notable »
capable de « se taper deux ou trois ministres en une journée » [12]. Il
devient « copain des ministres, des officiers et hauts
fonctionnaires » avec lesquels il partage des bières, ce qui contribue
beaucoup à les rapprocher. Avec ses anciens étudiants promus à des
fonctions importantes, il parvient à créer « un formidable réseau » de
relations. Filip Reyntjens semble « grisé » par le pouvoir qu'il
acquiert en si peu de temps et si facilement.
Le régime n'est pas parfait, Filip Reyntjens le reconnaît. Il a même
découvert la politique « des quotas », dit d'équilibre ethnique, qui
pénalise les Tutsi et les Hutu du sud du pays. Filip Reyntjens avec son
autorité d'homme blanc, se félicite aujourd'hui d'être parvenu à la
court-circuiter à deux reprises en faisant engager deux pauvres Tutsi
victimes de cette politique d'exclusion. Mais il se garde de la
dénoncer alors qu'elle fait des Tutsi des citoyens de seconde zone.
Filip Reyntjens, correspondant d'Amnesty International à l'époque et
malgré son statut d'homme puissant, garde le silence. Il n'émet aucune
critique à ce sujet. Ce n'est pas son affaire. Plus tard il se hâtera
d'écrire qu'il n'était pas « ennemi des Tutsi [13] » mais la réalité
montre qu'il les abandonnait à leur misérable sort même s'il a pu en
repêcher deux individus. Il reconnaîtra d'ailleurs aussi « avoir
négligé la question des réfugiés qui réclamaient régulièrement leur
droit au retour » [14]. Il était d'avis que ce problème, quoique très
ancien, « se réglerait de lui-même » [15]. Comment ? Comme par
enchantement. Plus tard, à l'attaque des Inkotanyi, F.R. s'opposera à
ce que ce problème se règle de lui-même. C'est une de ses
contradictions. Les assaillants, quant à eux, régleront ce problème
sans son accord. Dans la suite, beaucoup d'autres problèmes seront
réglés sans son accord ou plutôt contre sa volonté : il n'était du
reste plus nécessaire.
Aujourd'hui F.R. prétend qu'il était « critique » à l'égard du régime
Habyarimana. Peut-être, oui, mais ce serait alors par des articles
inoffensifs ou publiés en dehors du Rwanda donc inconnus du public
rwandais. Sinon les faits démontrent le contraire. En voici quelques
exemples d'avant 1990. Le régime trucide des anciens dignitaires de
Gitarama, Filip Reyntjens garde le silence [16] même si aujourd'hui il
dit avoir alerté Amnesty International. En 1980, l'affaire des tracts
éclate, une trentaine d'individus sont condamnés dont certains à mort,
Filip Reyntjens menant des recherches de doctorat au Rwanda, ne veut
pas se compromettre et garde encore une fois le silence. En 1982, les
réfugiés tutsi rwandais chassés de l'Uganda par le régime Obote sont
malmenés au Rwanda et Filip Reyntjens garde la bouche bien close. En
1982 encore, 43 personnes sont fusillées à la prison de Butare et de
Kigali, sous prétexte qu'ils seraient des bandits, le silence de Filip
Reyntjens devient fracassant. En 1983, une centaine de femmes et filles
sont emprisonnées à Ntsinda et à Miyove sous prétexte que ce sont
des « filles libres » ou « petites amies » des blancs. L'affaire est
ébruitée mais personne, y compris Filip Reyntjens, ne lève son petit
doigt. En 1983 le régime du MRND se met à nu et réédite le Manifeste
des Bahutu et les Quatre Manifestes-Programme du MDR : il ne diffère
en rien du MDR Parmehutu. Filip Reyntjens, expert du régime, laisse
faire et se tait. Il ne pipa mots non plus lorsqu'en 1984 le régime
fait ses réserves quant aux conventions interdisant le génocide.
« Critique », Reyntjens ? Oui, peut-être, sauf que sa critique était
inaudible, illisible et invisible.
Dans les faits, Filip Reyntjens s'accommode assez facilement de la
politique des quotas et de certains dénis de droits de la Personne
humaine : droit d'avoir un pays, droit au travail, droit à l'éducation,
droit à la vie. La politique des quotas était contre ces droits. F.R.
ne peut renier. Pour lui, le régime Habyarimana est « une banale
dictature » dans laquelle il se trouve à l'aise, et apparaît comme
nageant dans l'opportunisme de la pire espèce. Ses liens avec le
régime, quoi qu'il en dise, sont trop étroits. Il fut à ma connaissance
le seul européen de sa génération à avoir atteint ce sommet au Rwanda.
Il y avait bien sûr un certain Jeanneret, conseiller à la Présidence de
la République, mais sa discrétion ne l'exposait jamais devant le public
rwandais.
Filip Reyntjens fut le seul de sa génération à émerger et à s'enliser
dans la politique de la « banale dictature » Habyarimana. Cet homme qui
se complaisait dans une telle dictature était pourtant aussi « le
responsable pendant la plus grande partie de cette époque d'Amnesty
International/ Belgique en Afrique centrale » et collaborait avec le
Secrétariat International de cette Organisation basée à Londres [17].
Très peu de gens savaient du reste qu'il portait ces deux casquettes :
celui de professeur de droit et consultant, et celui d'activiste des
Droits de la personne. Il s'arrangeait pour que ce deuxième aspect de
son personnage ne soit pas trop visible. Il travaillait dans l'opacité
la plus totale tout en savourant les délices du pouvoir qui semblait
l'avoir « grisé » comme il le dit lui-même. Mais face à ses silences
complaisants et coupables une question reste posée : d'où tire-t-il
donc aujourd'hui la légitimité de parler au nom des droits de
l'homme ? Suffit-il de s'en autoproclamer défenseur?
Comment réagit Filip Reyntjens à l'attaque des Inkotanyi ?
A l'attaque des Inkotanyi en 1990, Filip Reyntjens s'agite et se range
aussitôt derrière le régime agressé. Il multiplie conférences,
interviews, rencontres et envoi de lettres à « plusieurs ministres et
autres hommes politiques ». Partout il condamne l'attaque du FPR et,
pour la contrer, milite pour une intervention militaire belge. Mais en
vain. F.R. et ses amis sont intéressés par la « sauvegarde d'un système
politique basé sur une grande majorité de la population et par le
risque que ce système ne tombe entre les mains d'une petite
minorité » [18]. Ils sont donc pour la majorité ethnique et pour « le
peuple majoritaire hutu ». Telle est la démocratie que prêche ce
professeur de droit constitutionnel. Elle conviendrait à l'Afrique en
général et au Rwanda en particulier. Ça sent à la fois du paternalisme
néocolonial, voire du mépris et du racisme. Dans le fond, F. R. méprise
les africains : il leur confectionne une démocratie et une Constitution
à la mesure c'est-à-dire au rabais. Il ne s'en indigne pas. Il est
raciste sur les bords.
Face à l'attaque des Inkotanyi, les prises de positions de Filip
Reyntjens sont clairement hostiles au FPR. Durant cette période F.R. se
lance dans le plaidoyer pour le régime Habyarimana. Il ne dit pas donc
tout à fait la vérité lorsqu'il prétend avoir tenté « d'informer
correctement l'opinion tant publique que politique » [19].
L'information qu'il distillait était biaisée parce qu'elle venait d'un
homme au service du régime Habyarimana, ouvertement hostile au FPR. Il
estime (alors) « qu'un contrepoids à la propagande du FPR est
nécessaire » [20]. Il s'y lance à corps perdu. Il est même contacté par
le Service de renseignements rwandais pour participer à une mission
d'information à Genève où il se rend le 24 novembre 1990. Il se
présente d'abord comme un représentant d'Amnesty International et
lorsqu'il est démasqué comme faisant partie de la délégation officielle
du Rwanda, il devient confus et embarrassé parce que ses accointances
avec le régime Habyarimana sont démasquées. Mais qu'importe. Il prend
partie contre l'attaque du FPR, et pour le régime dont il était devenu
émissaire.
Il est du reste d'avis que les Tutsi de l'intérieur sont menacés et
courent de grands risques. Il y a « risque réel, écrit-il, que les
Hutus se vengent contre les Tutsi vivant au Rwanda et que donc
l'attaque risque d'ouvrir la boite de Pandore » [21]. Pour lui, c'est
clair : la guerre est ethnique, les Hutu contre les Tutsi puisque la
vengeance emprunte la voie de l'ethnicité. En réalité, c'est faux.
F.R. tord le cou à la vérité : ce ne sont pas les Hutu qui se
« vengent » mais le régime qui utilise des Hutu contre les Tutsi. Il
se contredira d'ailleurs et déclarera plus tard que « les conflits
au Rwanda (et au Burundi) ont été essentiellement de nature politique
et non de nature ethnique ». [22] Alors qu'il prévoyait que le régime
risque de faire massacrer les Tutsi, Filip Reyntjens ne le dénonce
pas et laisse faire ce régime qui prend en otage une partie de sa
population qu'il est normalement sensé protéger. Il ne se désolidarise
pas d'avec lui. Au contraire, il se porte à sa défense et abdique son
soi-disant droit de « critique » envers ce régime qui considère une
partie de son peuple comme vouée aux massacres impunément. F.R. ne dit
mot et cautionne par son silence cette politique « classique » de
représailles du régime contre les Tutsi chaque fois que les réfugiés
attaquent de l'extérieur. Les Tutsi de l'intérieur servent de monnaie
d'échange [23]. F.R, garde le silence. A-t-il donc oublié qu'il est
activiste des droits de l'homme ?
Filip Reyntjens exploitera même en faveur de l'ancien régime
l'emprisonnement des soi-disant « ibyitso » (complices) des inkotanyi.
Sous les apparences d'une action charitable visant la défense des
prisonniers, il y a en dessous une perfidie car [24] en réalité c'est la
défense du régime qui l'intéresse davantage. Il se présente non comme
un défenseur des Droits de la Personne mais d'abord et principalement
comme « un allié politique » du régime qu'il veut aider à mieux gérer
une situation désastreuse du point de vue des relations publiques. Il
rencontre le Président Habyarimana et parvient à le convaincre que « la
guerre du FPR est médiatique autant que militaire et que la détention
de milliers de personnes est une catastrophe au niveau des relations
publiques » [25].F.R, conseiller du régime, qui dit mieux ? Il cherche à
lui donner une image présentable. Il avoue d'ailleurs aujourd'hui
avoir eu dans sa démarche une « dose d'opportunisme » [26]. Il invite le
pouvoir exécutif à se saisir du dossier et non à le laisser suivre le
cours normal de la justice.
Son intervention ne sera d'aucune utilité devant le président de la
cour qu'est Théoneste Bagosora. Même le recours en cassation ne
donnera rien. Filip Reyntjens ne se décourage pas, il recourt à « la
grâce présidentielle qui pourrait, entre autres, contribuer à
l'amélioration de l'image de marque du Rwanda » [27]. C'est-à-dire, en
réalité du régime et de Habyarimana lui-même. Entre temps le Ministre
de la justice, Sylvestre Nsanzimana, entreprendra la libération des
prisonniers qui néanmoins seront soumis à de multiples restrictions ou
illégalement chassés de l'emploi ou même économiquement ruinés.
Certains seront même assassinés après leur élargissement[28]. F.R. le
sait et se tait. Y-a-t-il meilleur « soutien du régime » ? Ce régime
est pourtant assassin.
F.R. découvrira finalement que dans l'entourage immédiat du Président
Habyarimana, un groupe de privilégiés serait en train de préparer « la
politique du pire » en court-circuitant le Président. C'est l'Akazu qui
prépare cette « politique du pire ». Filip Reyntjens en parle au
président Habyarimana dont il pense à tort qu'il n'est pas au
courant des agissements de son Akazu (les proches de la famille
présidentielle regroupés dans ce que l'on appelle « la maisonnée »). Il
cite les noms tout en épargnant Agathe Kanziga, l'épouse du
président [29]. Le président ne nie pas les faits mais avoue qu'il ne
peut se débarrasser de ces individus parce qu'« il resterait alors
seul ». Aujourd'hui Filip Reyntjens fait ce commentaire désabusé. :
« Je comprends le message, il (le président Habyarimana) ne basculera
pas dans la bonne direction » [30]. Normal : F.R. cherche à sauver
Habyalimana envers lequel il a un attachement sans failles tout en le
coupant de ses bras droits que sont les membres d'Akazu. Impossible.
Filip Reyntjens ne basculera pas lui-même dans la bonne direction. Il
ne se sépare pas du Président Habyarimana qui, à son tour, ne se
dissocie pas de la bande qui prépare la « politique du pire ». F.R. en
devient momentanément prisonnier sinon complice par la force des
choses. Et dire qu'il était alors activiste des droits de l'homme !
Mais en 1995 c'est-à-dire bien après génocide, il écrira un papier dans
« Les crises politiques au Burundi et au Rwanda (1993 - 1994) », papier
dénonçant l'Akazu. Cette dernière ne le lui pardonnera d'ailleurs
jamais.
Faute de n'avoir pas été dénoncé à temps, le même groupe organisera, en
quelques mois, les massacres des Tutsi du Bugesera, début mars 1992.
Filip Reyntjens reçoit les informations qu'il vérifie et trouve
correctes comme quoi ces massacres sont organisés par un groupe de
proches du président Habyarimana. Les noms sont encore une fois cités,
vérifiés et confirmés. Filip Reyntjens se rend au Bugesera et trouve
que ce sont les interahamwe et les militaires de la Garde
Présidentielle et du Camp Mayuya (Kanombe) qui ont été téléguidés pour
massacrer les Tutsi du Bugesera. La Garde présidentielle est impliquée,
preuve que le président Habyalimana est au courant. Les noms sont
encore cités [31]. C'est bien la tête pensante des « escadrons de la
mort » qui est à la base de ces massacres. Ce sont eux qui massacrent
les Tutsi de la région, sous la supervision de la Présidence de la
République rwandaise. Filip Reyntjens en est assuré. Il trouve
finalement qu'il devient de plus en plus difficile de sauver ce
régime. En bon opportuniste, il se souvient des droits de la personne
et s'associe à une initiative qui demande qu'il y ait une enquête
internationale pour documenter ces massacres. Mais pour les Tutsi
massacrés, son intervention arrivait trop tard : il aurait été mieux
d'avoir dénoncé à temps ceux-là même qui préparaient cette
politique du pire. F.R. avait préféré garder le silence.
On peut se demander pourquoi ces massacres du Bugesera ont fait bouger
enfin ce professeur de droit et activiste des droits de la personne
alors que ceux des Tutsi de Kibilira (1990), du Mutara (1990), du Bigogwe
(1991) et d'ailleurs l'avait laissé indifférent. L'assassinat d'une
certaine Antonia Locatelli, européenne de son état, serait-il
déclencheur de son intervention ? Est-ce le désir de se démarquer d'un
régime dont les exécutions extrajudiciaires sont désormais dénoncées
dans les rapports des activistes des droits de l'homme rwandais et
européens ? Le crime est devenu trop visible, F.R. le dénonce enfin. Ce
fut alors pour la première fois que Reyntjens et ses collègues se
mettent à dos l'Akazu. Il y aurait eu même une tentative de procès qui
n'aurait abouti à rien.
F.R. face au génocide des Tutsi : le silence
Arrive alors l'attentat contre l'avion du président Habyarimana survenu
au soir du 6 avril 1994. Le génocide des Tutsi se met aussitôt en
branle. Filip Reyntjens avait vu venir la catastrophe. Il décrit ce qui
ressemble à la finalisation de la planification du génocide comme
suit : « en janvier 1994, un DC8 qui venant de France avait embarqué 90
caisses de munition pour mortier. Les milices des partis de la mouvance
présidentielle continuent de s'armer et de se préparer à la
confrontation. On verra plus loin qu'une coalition militaro -civile met
en place « une énorme machine à tuer » au vu et au su de la communauté
internationale » [32]. Il ajoute que la mise en application des accords
d'Arusha constituait pour « les ultras du régime (Habyarimana) une
menace existentielle et ce pour des raisons tant économiques que
politico-idéologiques » Il précise que « leur rejet de la mise en
oeuvre des Accords d'Arusha s'est exprimé de façon très nette, le 4
Avril, deux jours à peine avant d'attentat. Le colonel Bagosora disait
devant plusieurs témoins que les Accords d'Arusha n'offraient aucune
perspective et qu'il fallait exterminer les Tutsi [33]. Il s'était même
prononcé contre le déplacement de Habyarimana à Dar-es-Salam. Il aurait
dit qu'« il pourrait lui arriver malheur » [34].
Filip Reyntjens réalise, dès le 7 avril 1994, que les Tutsi sont
visés dans leur ensemble et qu'une « véritable chasse aux Tutsi »
commence [35]. Il prend des contacts ici et là, accorde des interviews
et passe des coups de téléphone pour sauver ceux qui sont menacés,
dira-t-il. Il avoue aujourd'hui n'avoir pu sauver à distance qu'une
seule famille tutsi amputée du chef de famille [36], et ce, vers le 15
avril 1994. Il n'est « pas du reste certain que ce soit son
intervention qui y soit pour quelque chose » [37]. Le doute provient du
fait que Filip Reyntjens, cherchant à sauver cette famille, s'est
adressé à Mr. Frodouard Karamira, créateur de Hutu Power et chef des
miliciens génocidaires à Kigali, qui était son « principal contact »
dans les premiers jours du génocide. En fait, il demandait à un
pompier pyromane d'éteindre le feu qu'il a lui-même allumé. La suite
est connue : le feu a tout ravagé sur son passage.
Les relations sulfureuses de F.R. avec un personnage comme Karamira
lui-même « en contact régulier avec des gens comme le colonel
Bagosora... et le colonel Renzaho » [38], laisse rêveur d'autant plus
que ce groupe figurait parmi les plus hauts responsables du génocide à
cette époque. Il rencontrera même le fameux Ngeze Hassan,
propriétaire du journal trop extrémiste Kangura, et dont il dit
aujourd'hui avoir oublié de quoi ils ont parlé. Il semble avoir de la
mémoire courte ce Reyntjens. Une chose est sûre : F.R. avait l'oreille
de hauts génocidaires. « Dis-moi qui tu hantes.... ! »
Plus tard, lorsque son ami Karamira sera appréhendé à Addis-Abéba,
F.R. fera tout pour entraver son extradition au Rwanda. Il le
considérait non comme un grand génocidaire mais comme quelqu'un qui
« se situe entre les commanditaires et les exécutants du
génocide » [39], donc un simple commissionnaire susceptible de fournir
des informations intéressantes au TPIR à Arusha. Son protégé était
pourtant le responsable de deux organisations d'assassins : le Hutu
Power et les interahamwe de Kigali mais F.R. cherche à atténuer sa
responsabilité. Il s'est trop mouillé ce Reyntjens. Ce seul fait
d'avoir fréquenté de pareils individus, génocidaires notoires, devrait
le disqualifier dans ses prétentions à être un activiste des droits de
l'homme. Sa crédibilité en souffre énormément. Il devrait décrocher.
On le voit : ses liens avec de hauts génocidaires sont avérés, et telle
était la perception que tout un chacun avait de lui à cette époque.
Quand par exemple, il demanda à la femme de cette famille qui
implorait son secours celui [sic] qui contrôle les miliciens qui ont tué son
mari, « elle a répondu avec une pointe d'ironie teinté de cynisme :
ton ami Karamira
[40] », écrit Reyntjens. On voit aussi que son
« formidable réseau » composé d'hommes forts du régime ne lui a été
d'aucun secours si jamais il a voulu s'en servir : il n'a sauvé qu'une
famille tutsi et encore ! Ce n'est pas certain.
En fait, son fameux réseau était essentiellement composé de hauts
dignitaires du régime Habyarimana qui étaient aussi, pour la plupart
d'entre eux, à la fois concepteurs et planificateurs de ce même
génocide. Filip Reyntjens le savait pertinemment bien. Il ne pouvait
demander de l'aide à ceux-là même qui avaient hâte de parachever leur
sale besogne.
Il y a donc une dose d'exagération et de prétention quand il dit qu'il
a tenté de sauver ceux qui étaient menacés ou quand il écrit que
pendant le génocide il était très pris : « l'une de nos préoccupation
les plus urgentes, écrit-il, était de sauver des vies humaines,
notamment en tentant d'obtenir l'évacuation de Rwandais directement
menacés de mort entre avril et juillet 1994 » [41]. En tout cas, les
Tutsi ne faisaient pas partie du lot de gens à sauver. Sinon, lesquels
donc ? Par contre après le génocide, F.R. est parvenu à exfiltrer des
dizaines d'individus qui fuyaient le Rwanda et le nouveau régime. Il
prend soin de ne pas les citer de peur probablement qu'on ne découvre
parmi eux des génocidaires ou autres négationnistes.
Une fois le génocide des Tutsi consommé, Filip Reyntjens lui donne une
interprétation quelque peu biaisée voire révisionniste. Il dit en
effet que « les Tutsi ont fait les frais de leurs sympathies
politiques supposées » [42] envers le FPR. Il l'a répété lorsqu'il a
affirmé que « dès le matin du 7 avril, les massacres, tant politiques
que ethniques, débutent. Quand je dis massacres politiques, il s'agit
d'opposants hutus ciblés pour élimination. Dès lors à Kigali, les Tutsi
ont été globalement considérés comme des alliés du FPR et, par ce biais
politique, toute l'ethnie a été ciblée pour extermination. » [43] Des
bébés, des enfants, des vieillards, des fous... massacrés soi-disant
parce que sympathisants ou alliés du FPR ! Il donne une caution aux
génocidaires qui n'auraient tué que des « sympathisants » ou
des « alliés » du FPR. Il interprète mal l'histoire du génocide.
Pourquoi ne pas dire tout simplement que le Régime avait décidé de
liquider les Tutsi, sympathisants ou non, alliés ou non du FPR ?
Une reconnaissance éphémère
Après le génocide, F.R. arrive au Rwanda en octobre 1994. De retour en
Belgique, il publie dans la Revue Dialogue/Bruxelles ses sujets
d'inquiétude sur le Rwanda
[44]. Il estime devoir attirer l'attention
sur un certain nombre de problèmes très graves qui risquent
d'hypothéquer lourdement l'avenir de ce pays. Mais il ne s'agit
pas de juger les performances du régime après trois mois d'existence.
Ce serait prématuré, et, de toute façon il est dépourvue de
moyens
[45]. Il décrit alors toute une série de problèmes relatifs à
l'insécurité
,aux problèmes posés par le retour des anciens
réfugiés
, aux disparitions, massacres, assassinats
sur lesquels
il met un point d'interrogation, à la détention
pour complicité de
génocide, au problèmes d'ethnisme
ambiant, à l'hétérogénéité des
dirigeants
, à la marginalisation de certains groupes
et à
l'inefficacité de l'ONU
. Il fait des recommandations aussi bien à
la communauté internationale qu'au gouvernement rwandais. A ce dernier,
il recommande entre autres ``d'engager un dialogue avec les forces
démocratiques et modérées aujourd'hui exclues (parfois de leur propre
volonté) du processus politique''. Le fameux Dialogue inter-rwandais
date de cette époque et F.R. figure parmi ces premiers promoteurs. Il
recommande aussi au gouvernement ``d'entamer, avec l'aide de la
communauté internationale, la poursuite et le jugement des personnes
présumées auteur ou complice du génocide''. Il recommande de ``poursuivre et juger les personnes qui se rendent coupables d'assassinats, de ``disparition'' et de massacres'' [46].
A la communauté internationale, il recommande ``d'être plus attentive
à la situation des Droits de l'Homme''. ``D'assister le Rwanda dans la
mise en place d'un minimum de justice et d'administration locale... et
de soutenir les forces modérées au service du gouvernement et
d'armée [sic]'' [47].
Que peut-on dire de ce premier contact de F.R. avec le Rwanda
post-génocide ? On remarque tout de suite qu'il reconnaît le
gouvernement en place et le régime dont celui-ci est issu. Il lui fait
même confiance puisqu'il lui fait des recommandations pour une
meilleure gestion des problèmes du moment, et qu'il le recommande même
à la communauté internationale. Il croit en l'avenir du FPR dont il dit
qu'il « pourrait susciter une certaine adhésion s'il gère avec
sérieux et constance les responsabilités politiques et administratives
qui lui sont confiées et s'il parvient à transcender l'ethnicité [48] ».
Comme on le voit, F.R. invite le FPR à transcender l'ethnicité, et
effectivement le FPR le fera non pas parce qu'il lui a recommandé mais
parce que c'est dans sa philosophie même. Plus tard, F.R., toujours
en contradiction avec lui-même, le lui reprochera énormément, lui
préférant l'approche à la burundaise. Nous le verrons plus loin. Enfin
F.R. introduit ici une idée qu'il n'explicite pas outre mesure mais
dont on entendra parler plus tard : le dialogue avec les forces
« modérées » qui comprennent, d'après lui, ``les éléments de la
classe politique en exil qui n'ont pas trempé dans le génocide, ainsi
que... les composantes de la société civile aujourd'hui
géographiquement et politiquement dispersées'' [49].
Ces éléments qui ne se reprochent rien devraient en principe rentrer au
Rwanda d'autant plus que certaines « forces... se sont exclues parfois
de leur propre volonté » comme l'écrit F.R. lui-même. Le dialogue n'est
pas nécessaire : une fois au Rwanda, ils participeraient à la vie
nationale comme tout un chacun. Pas de conditions préalables à moins
qu'ils ne veuillent revenir comme une force organisée. Laquelle donc ?
Disons aussi que certains des problèmes que F.R. décrit sont bien
réels. Il semble d'ailleurs qu'il ait rencontré P. Kagame qui n'a pas
nié l'existence de ces problèmes de l'après-génocide. Personne ne
pouvait les ignorer. Certaines recommandations sont en plus sensées,
principalement celles relatives à la mise en place de la justice. Mais
F.R. ne manquera pas de se contredire : il dira, une fois la justice
mise en place, que c'est ``une justice des vainqueurs''. Nous le
verrons plus loin.
Vers la radicalisation de ses positions envers le régime en place
La reconnaissance du nouveau régime post-génocidaire par F.R. a été
de courte durée. Lorsque le premier Annuaire 1996-1997 de l'Afrique de
Grands Lacs paraît, F.R. y publie une contribution intitulée ``Rwanda,
Evolution politique en 1996-1997''. Il y dévoilait l'idée qu'il se
fait du FPR, idée qui se retrouvera dans tous les Annuaires
ultérieurs. Entre temps, F.R. avait sorti son livre « Rwanda. Trois
jours... » dans lequel il soutenait, sans preuves ni expertise solides,
l'hypothèse selon laquelle ce serait le F.P.R. qui aurait commis
l'attentat contre Habyalimana. Il dédouane comme par une baguette
magique ses amis génocidaires et leurs alliés français. Il charge le
FPR de cet attentat.
Un autre fait nouveau est que le Rwanda s'était engagé dans la guerre
au Zaïre. F.R. bascula d'autant plus facilement qu'il s'était toujours
méfié du F.P.R. La publication de l'Annuaire 1996-1997 montra son
revirement. J'ai pu suivre, année après année, les publications de F.R
dans ces Annuaires jusqu'à celui de 2008-2009 soit au total 13
Annuaires successifs [50] dont je livre ci-dessous le contenu en rapport
avec le présent thème.
La même pensée se retrouve dans ses livres écrits pendant cette période
[51] et dans certains articles de journaux et revues. Elle tourne
généralement autour des thèmes suivants :
* La soi-disant « base faible du pouvoir du FPR » et « la tutsisation
du pouvoir ».
* « La justice des vainqueurs » et « le syndicats de délateurs »,
* La gestion de « l'ethnicité », « la violence structurelle » et «
l'ethnogenèse »,
* Les droits de l'homme qui seraient bafoués,
* Le « crédit-génocide »
* La prophétie de malheur.
Ces thèmes reviennent inlassablement d'un Annuaire à l'autre, d'un
livre à l'autre et d'un article à l'autre. F.R. se répète sans cesse,
ressasse les mêmes idées et, à force de rabâcher la même chose, finit
par ennuyer. Au début, je pensais qu'il s'agissait, de sa part, d'une
déformation professionnelle : tout enseignant a tendance à répéter à
son auditoire la matière enseignée antérieurement. Dans la suite, avec
la radicalisation de ses prises de positions, il est devenu clair qu'il
s'agissait d'une stratégie de combat dont le principe est le fameux
« mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». On dirait que
pour lui à force de répéter une idée, même fausse, elle finit par se
réaliser. C'est pourquoi il ne fait qu'enfoncer inlassablement le clou
sur les mêmes thèmes. Il cherche à rendre le mensonge crédible.
De la base faible du Pouvoir du FPR
Passons brièvement en revue les différents points évoqués ci-dessus
pour montrer comment ce sont les mêmes idées rabâchées d'un écrit à
l'autre qui reviennent. S'agissant de la soi-disant « base faible du
FPR », F.R. ayant identifié le FPR aux Tutsis dits « minoritaires »
avait vite conclu que cette organisation politique, disposant d'une
base mince, ne pouvait gagner des élections. Il a développé cette idée
dans au moins quatre Annuaires [52]. Il parlait tantôt de ``base faible
du FPR'', ``du caractère tutsi du mouvement (FPR)'', ``de bases
minces du pouvoir'', du ``rétrécissement de la base du pouvoir très
frappant'' et de la nature ethniste du Mouvement
. En avançant
cette idée, F.R. voulait en faire passer deux autres : d'abord que le
FPR ne peut gagner les élections, ensuite que, sans base populaire, il
ne peut survivre longtemps si ce n'est par la force. Ayant introduit
l'idée de force dans son raisonnement, il se permet alors d'affirmer
que le pouvoir du FPR est tantôt autoritaire
[53], tantôt
totalitaire
[54] et même dictatorial
[55] qui court soit à la dérive
soit vers l'impasse ou même vers la violence structurelle
. L'impasse
lui semble inévitable d'autant plus qu'il avait parlé du « caractère
monolithique » du Pouvoir et de « la tutsisation de l'Etat, de
l'économie et du tissu urbain et de la naissance d'un irrédentisme hutu
dont la logique ultérieure est celle de la guerre civile » [56]
Il a développé cette idée devenue un autre leitmotiv qui ne l'a jamais
quitté. Ce n'est que vers fin 2003-2004 que F.R. reconnaît que
contrairement à une tendance ancienne de plusieurs années, le nombre
de Hutu, du moins parmi les ministres, s'accroît
considérablement
[57]. Remarquons que ce « contrairement à une tendance
ancienne de plusieurs années » est une contrevérité. Il est aussi très
tendancieux, mais montre comment F.R. manipule l'information même
évidente. Deux faits le contredisent : d'abord au moment où F.R.
découvre en 2003-2004 qu'enfin le nombre de Hutu s'accroît dans le
gouvernement, Eugène Ndahayo, ex-directeur de cabinet au ministère de
l'information qui est donc sensé connaître mieux que Reyntjens les
structures du pouvoir, avait affirmé en 2000 que généralement « dans le
gouvernement le quota des ministres hutu est plus élevé que celui de
leurs collègues Tutsi [58] ». Ensuite chaque Annuaire publie depuis
1996 jusqu'à nos jours les noms des membres du Gouvernement, leur
« ethnie » et parti politique. F.R. lui-même en était au courant puisque
la publication de ces Annuaires fut, entre autre, sous sa direction
depuis 1996-1997. Les faits contredisent son affirmation. Il y a du
reste quelque chose de malsain dans cette démarche de dresser les
listes ethniques : est-ce un réflexe acquis durant sa longue
collaboration avec le régime Habyalimana ? Est-ce une pratique courante
dans la Belgique des tribus flamande et wallonne ?
Mais il est clair que F.R. s'attendait à ce que le FPR s'enferme dans
la logique de l'ethnicité. Il n'a jamais compris que dès sa naissance
et dans son essence, le FPR a toujours raisonné en termes de libération
du peuple rwandais dans son ensemble et non d'une quelconque ethnie.
C'est ainsi qu'avant que F.R. ne s'aperçoive de la soi-disant
augmentation des Hutu dans les organes du pouvoir, le FPR avait
largement gagné les élections de 2003. Mais, en prévision d'être
contredit par la réalité, F.R. avait prédit, à la suite du Rapport de
ICG [59], que « la campagne électorale de juin-juillet 2003 ne sera
guère plus qu'une farce » [60]. Un procès d'intention en bonne et due
forme. Il avait même dénoncé [61] « l'utilisation de l'empreinte
digitale de pouce comme mode d'expression du choix », jurant que ce mode
ne garantissait pas le secret du vote. Il s'imaginait sûrement, en
bon petit malin, que le FPR disposait dans chaque village de machines
à décrypter les empreintes digitales permettant de distinguer les pro
des anti-FPR. Comme quoi le ridicule ne tue pas !
Le problème de l'ethnicité au Rwanda et au Burundi hante F.R. Il
compare la façon dont les deux pays abordent ce problème et conclut
que le Régime rwandais pratique une politique d'amnésie ethnique
, au
point que toute référence à l'ethnicité serait sanctionnée comme
relevant du « divisionnisme », érigé en infraction. Au lieu de
diminuer le poids de l'ethnicité, cette politique l'a exacerbée,
dit-il. Il félicite le Burundi qui aurait institutionnalisé le
facteur ethnique. Et de conclure qu'on ne peut exclure que le Burundi
engage l'ethnicité mieux que le Rwanda. Il est d'avis qu'en cette
matière le Rwanda s'engage dans la descente aux enfers, à l'opposé... le Burundi avance lentement dans le bons sens et inspire plus
d'espoir (ou moins de désespoir) que son voisin septentrional
[62]. Il
est d'avis qu'à long terme le Rwanda posera plus de problèmes. Il est
même convaincu que, se basant sur une analyse de Peter Uvin, ``le
Rwanda aura sombré dans l'horreur dans deux, cinq ou dix ans'' [63]. Ce
sera dû, d'après lui, à la violence structurelle que renferme la
mauvaise gestion de l'ethnicité au Rwanda.
Que dire à ce sujet ? En fait, F.R. n'a connu en matière de gestion de
l'ethnicité que le seul modèle qui a conduit au génocide. Il voudrait
perpétuer le même modèle du colonisateur qui institua la mention
ethnique dans la carte d'identité. Le résultat en fut pourtant
funeste.
Quant à nos deux pays, chacun gère ses problèmes de l'ethnicité comme
il l'entend. Le peuple burundais, dans sa sagesse légendaire, saura
sans doute gérer les problèmes de l'ethnicité comme bon lui semble. De
son côté le peuple rwandais, dans sa vision de l'avenir, le fera comme
il l'a décidé. Il n'y a pas de doute qu'il réussira, ayant opté pour
une approche inclusive et non exclusive qui vise à reconstruire
patiemment et solidement une véritable nation, et non un agrégat de
communautarismes à base ethnique. Il s'en tirera en tout cas mieux
que... la Belgique qui, s'étant engagée dans la voie de l'ethnicité à
la belge, ne semble pas s'en sortir agrandie. Au contraire, elle s'est
embourbée dans l'impasse de cette voie sans issue.
De la soi-disant « justice des vainqueurs »
Alors qu'à la fin du génocide, F.R. avait recommandé au Rwanda
d'entamer avec l'aide de la communauté internationale, la poursuite et
le jugement des personnes présumés auteurs ou complices de génocide
,
une fois le TPIR et le système Gacaca mis en place, F.R. s'empresse de
les dénoncer et de les qualifier de justice des vainqueurs
. Ce fut un
autre de ses thèmes développés de façon récurrente [64] dans au
moins 6 publications différentes. Il est arrivé à cette conclusion
après avoir constaté que ni le TPIR ni les juridictions Gacaca ne
s'empressaient, comme il l'aurait souhaité, de juger les « crimes » qui
auraient été commis par des « suspects » du FPR. Il avait même essayé
d'influencer les différents procureurs d'Arusha mais ce fut en vain. Il
en ressentira du dépit et du ressentiment, et ne trouvera plus rien de
bon dans ces juridictions. Il ne lui restera qu'à les dénigrer. Il leur
inventera même un fantôme tentaculaire, dit syndicat de
délateurs
[65], supposé opérer aussi bien au Rwanda, à Arusha qu'en
Suisse. En réalité ce soi-disant syndicat de délateurs n'est que pur
fruit de l'imagination de ceux qui ont lancé cette rumeur absurde. Une
des preuves de la non existence de ce genre de syndicats au Rwanda est
qu'on ne trouve nulle part son équivalent en termes kinyarwanda. C'est
une affaire inconnue dans le Pays alors qu'il existe par contre des
associations informelles dites « Ceceka » (Tais-toi) qui sont au service
des génocidaires et dont le public a entendu parler.
Ce fantamasmagorique « syndicat de délateurs » disposerait « des montants
de plusieurs millions de Frw » lui permettant de pouvoir opérer à
charge des suspects. F.R. ne donne aucune preuve de ce qu'il avance. Il
se contente de citer un rapport de l'Association Liprodhor,
négationniste devant l'Eternel, manipulée par des forces obscures,
nationales et internationales.
Voyant que ses souhaits de faire traduire en justice des
membres « suspects » du FPR ne sont pas exaucés, F.R. recourra au
chantage et suspendra sa collaboration d'avec le TPIR. On peut du reste
se demander ce qu'il allait faire à Arusha alors qu'il se mettait
automatiquement au service des vainqueurs
. C'était sûrement pour
défendre ses bons vieux amis, ex-membres de son formidable réseau
,
qui ont versé dans le génocide. Il écrit que « tout comme d'autres,
j'ai parfois délibérément choisi de tenter d'influencer le cours des
choses, ce qui est inhérent à la démarche que j'ai appelée
militante
ou activiste
» [66]. Sinon, qu'allait-il faire dans
cette galère dont la crédibilité, d'après lui, pose problème ?
[67]. F.R. est un homme plein de mille contradictions. Mais il tient
absolument à sa justice équilibriste, où tout le monde doit être jugé
pour montrer finalement que tout le monde est coupable, et donc il n'y a
pas de responsable du génocide.
Quant à Gacaca, F.R. décrétera que sous réserves de ce que les études
globales apprendront à l'issue de cette expérience unique, il se
pourrait donc que le Gacaca ait apporté le contraire de la vérité, la
justice et la vérité qu'il était censé réaliser
[68]. Tel est F.R. :
il condamne d'avance Gacaca en ne se basant sur aucune recherche
personnelle, tout en admettant qu'une étude globale ultérieure pourrait
le contredire. Simple hypothèse ? Sur quoi repose-t-elle donc ?
Pourquoi ce discrédit sans étude préalable ?
Je voudrais présenter les conclusions de Penal reform
international
(PRI), organisation non gouvernementale jouissant d'un
statut consultatif auprès du Conseil économique et social des
Nations-Unies et du Conseil de l'Europe, qui a suivi le processus
Gacaca du début à la fin et qui a présenté la synthèse des résultats de
ses recherches. Sa conclusion, quoique fort critique, a l'avantage de
faire la part des choses : elle reconnaît le travail accompli et les
problèmes soulevés. Elle dit : En tant que réponse autochtone aux
immenses défis juridiques, sociaux et économiques qu'a présentés le
génocide, le processus Gacaca eu un impact colossal. Le Gacaca est
parvenue comme nul autre modèle avant à impliquer une population adulte
entière en vue d'établir la vérité sur ce qui s'est passé et, ce
faisant, à rompre le cycle d'impunité qui aurait autrement menacé de
miner le processus de recherche de la vérité. Elle a permis d'établir
et d'adopter des mécanismes innovants de recherche de la vérité et de
punition, comme la procédure d'aveux et le travail d'intérêt général,
avec l'aide de dizaine de milliers de juges non-professionnels chargés
de juger les crimes sauf les plus abominables. L'adoption de la Gacaca
en faveur d'autres modèles de justice plus conventionnels a aussi, et
peut être surtout, permis de traiter les affaires et de mener les
procès à une allure incroyablement vive.
[69] PRI s'est inquiété de voir
qu'en voulant aller trop vite, Gacaca aurait ignoré, dit-il, certains
principes de justice d'où certains problèmes indéniables.
Le choix de Gacaca a été visionnaire n'en déplaise à F.R. Il a permis
de vite stabiliser la société rwandaise : faire le Gacaca avec ses
forces et ses faiblesses valait de loin mieux que de laisser jouer la
vengeance ou de laisser régner l'impunité. Et il eut été aussi
socialement et même politiquement irresponsable de traîner en longueur
d'années ce trop lourd contentieux rwandais. Gacaca a trouvé une
solution au problème que F.R. lui-même avait traité d'« impossibilité
mathématique » [70] auquel le Pays devait faire face : juger 135 000
personnes eut pris normalement quatre siècles ! On a eu recours à
Gacaca et le résultat fut colossal
même s'il y a eu des problèmes
dans cette approche manifestement inhabituelle. F.R. rejette tout en
bloc, alors même qu'il n'a effectué aucune recherche personnelle à ce
sujet. C'est d'ailleurs son principal défaut : prendre position sans
réflexion, sans analyse ni recherches préalables. Il n'est qu'un
militant anti-Gacaca et anti-TPIR. Mais son militantisme aveugle et
outrancier le disqualifie totalement comme chercheur
Quant à la soi-disant « justice des vainqueurs », on peut du reste se
demander qui sont ces « vainqueurs ». Est-ce la communauté
internationale qui a institué le TPIR après avoir abandonné à leur
triste sort le peuple rwandais en général et les Tutsi en particulier?
Quelle est sa victoire pour pouvoir dire qu'elle a instaurée « une
justice des vainqueurs » ? Est-ce le peuple rwandais qui, après
avoir perdu plus d'un million de ses citoyens, a institué Gacaca pour
en finir avec l'impunité et instaurer le « Plus jamais ça » ? Quand
l'Etat d'Israël poursuit les criminels nazis fait -il de la justice des
vainqueurs ? Bien évidement, F.R. ne peut pas soutenir ouvertement une
telle thèse : les Israéliens ne sont pas des noirs...
S'agissant encore des Droits de la personne, la publication de F.R.
dans l'Annuaire de 1997-1998 se réfère au rapport du Rapporteur
Spécial qui parle de massacres de masse
mais sans aucune mention
d'une quelconque intention politique, raciale ou religieuse qui aurait
présidé à ces massacres
[71]. Il en était de même des rapports de
Amnesty International et Human Rights Watch. F.R. invite le lecteur à
utiliser ces rapports avec prudence parce que leurs auteurs ne se sont
pas rendus sur terrain et qu'ils se sont contentés de compiler
essentiellement des documents de deuxième main d'où le risque de
manipulation [72]. La même remarque vaut textuellement pour les
publications de F.R. qui ne se rend jamais sur le terrain au Rwanda et se
contente de compiler les documents de seconde main d'où évidement
risque de manipulation par ce chercheur atypique. Personne « non
grata » au Rwanda ? Certes oui, mais cela ne l'autorise pas à publier
n'importe quoi.
L'Annuaire 1998-1999 parle de la situation désastreuse
des Droits de
l'Homme. C'est la période de la guerre des infiltrés. Mais F.R. fait
remarquer que « l'absence d'observateurs et la désinformation se fait
ici sentir » [73]. Il dénonce l'absence de la presse au centre des
événements. Il évoque les différentes missions qui ont été envoyées à
l'Est de la RDC à cette époque. Un de leur rapport dit que certains
meurtres peuvent constituer des actes de génocide, selon l'intention
qui les motivait
. Il recommande que ces crimes et leurs motifs
fassent l'objet d'une enquête plus poussée
[74]. Le rapport accuse APR
mais ne parvient pas à démontrer adéquatement de quoi il l'accuse. Il
ne fait que recommander une autre enquête. En attendant donc,
normalement pas d'accusation ni de suggestion désobligeantes. La
présomption d'innocence vaut pour tout le monde. F.R. devrait en
convenir à moins qu'il ne veuille se proclamer à la fois procureur et
juge et désigner le coupable avant le procès comme il avait fait dans
l'hypothèse de l'attentat contre Habyalimana.
Du reste, personne ne peut nier qu'il y ait eu des morts en RDC: les
civils qui participaient directement aux combats ont sûrement été
attaqués. Il en est de même de ceux qui étaient placés à côté des
objectifs militaires. J'ai littéralement tiqué lorsque j'ai lu dans La
Guerre des Grands Lacs [75] que, depuis l'Est du Congo jusqu'à
Tingi-Tingi, les FAR, tout en combattant, encadraient et contrôlaient
les Réfugiés et faisaient des camps de ces mêmes réfugiés, notamment
Tingi-Tingi justement, leurs bases pour les combats qu'elles
menaient. Les réfugiés étaient devenus un véritable bouclier humain de
ces ex-FAR. Etablir des bases militaires à l'intérieur des camps de
réfugiés est criminel. Comme il avait été criminel d'utiliser ces
camps de réfugiés pour attaquer le Rwanda et d'empêcher ces réfugiés de
rentrer dans leur mère-patrie et de les forcer d'entrer, comme otages,
dans l'inhospitalière forêt congolaise, et ce, au milieu des
combats, et sans aides humanitaires. Les pertes en vies humaines
surtout pour les personnes vulnérables devaient être considérables :
manque de nourriture, maladies, épuisement, combats et attaques bref
toutes les conditions étaient réunies pour qu'il y ait lourdes pertes
en vies humaines.
F.R. écrira dans l'Annuaire 1999-2000 qu'au Rwanda, la situation des
droits de la personne s'est améliorée durant cette période surtout dans
le domaine du droit le plus important, celui de la vie
[76]. Un des
facteurs qui y a contribué est le regroupement de l'habitat dans la
région du Nord Ouest
[77], reconnaît F.R. qui s'était insurgé pourtant
contre la villagisation -- Imidugudu. C'est dans ce Rapport que F.R.
lance des bobards disant que d'après plusieurs sources, des
prisonniers sont volontairement ou involontairement enrôlés dans APR
pour se battre au Congo
[78]. Aucun fait, aucune preuve, aucune source
fiable ne sont à l'appui de ce qu'il avance. Un bobard sans plus. Ce
genre de soi-disant « sources » ne peut que disqualifier son
utilisateur.
S'agissant de la liberté de presse, F.R. reconnaît d'abord que « la
diversité de la presse n'a pas complètement disparu » au Rwanda et que
même dans un autre domaine, liée justement à la presse, l'ouverture
reste étonnante : les librairies de Kigali offrent aux lecteurs des
ouvrages très critiques du pouvoir en place
[79]. Comme d'habitude, F.R
se contredira plus tard en disant qu'il serait impensable aujourd'hui
de faire paraître au Rwanda des écrits critiques du pouvoir. [80].
C'est un mensonge gratuit. Même si certains de ces ouvrages critiques
ne sont publiés que là où leurs auteurs le veulent bien, il n'empêche
qu'ils sont mis en vente au Rwanda [81]. A ma connaissance, aucun livre
n'est frappé d'interdiction dans le pays, y compris ceux de F.R., et
aucune mesure n'est venue mettre fin à « l'étonnante ouverture » dont
parle F.R. lui-même.
S'agissant de la presse encore une fois, F.R. trouve que seul le journal
Umuseso est indépendant
parmi la cinquantaine de journaux publiés
dans le pays mais pour prouver qu'il n'y existe pas de liberté de
presse, il écrira dans l'Annuaire 2002-2003, que ce journal vit sous
menace [82]. Il parlera aussi d'un autre journal inconnu, « Indorerwamo »,
dont on aurait saisi le premier et dernier numéro. F.R. évoquera
également le cas du directeur du journal Umuco, Bonaventure
Bizumuremyi, qui est parti dans la clandestinité lorsque la justice
s'est mise à sa recherche après la publication d'un article considéré
comme diffamatoire à l'égard du Chef de l'Etat [83]. Mais F.R.
reconnaît tout de même qu'il faut considérer que le numéro en
question d'Umuco contenait des propos excessifs et ne brillait pas par
son professionnalisme [84]
. F.R. admet au moins que les propos
excessifs peuvent être sanctionnés. Et que le manque de
professionnalisme est source d'abus. S'il avait fait ne fut-ce qu'une
petite recherche, il aurait trouvé sans difficultés que le journal
Umuseso dont il défend la soi-disant indépendance avait lui aussi émis
des propos excessifs et diffamatoires à l'égard même du Chef de l'Etat.
Où est le mal qu'il soit sanctionné conformément à la loi?
Disons aussi à propos « de la clandestinité » dont il est question que
c'est une stratégie dont F.R. doit connaître les ficelles : pour
certains membres des médias et de la société civile au Rwanda, écrire ou
dire des propos diffamatoires est devenu un des moyens commodes
d'obtenir facilement un visa d'entrée en Europe. Le truc est bien huilé.
Vous insultez l'une ou l'autre Autorité Rwandaise, la police
intervient ; vous entrez en clandestinité ; vous gagnez l'un ou l'autre
Pays voisin. Vous parvenez à montrer que la police rwandaise est à
votre recherche pour soi-disant « délit d'opinion »; et, grâce
éventuellement à la recommandation d'un expatrié complice -- il n'en
manque pas --, vous obtenez vite votre visa et droit d'asile en Europe
où vous aurez le vivre et le couvert assurés et, surtout, vous serez
traité d'opposant politique. Et vous devenez brusquement « célèbre »
opposant sorti du minable anonymat de Kigali. Le reste est facile :
vous fondez avec deux ou trois compères un soi-disant parti politique
d'opposition ou association de défense des droits des soi-disant
victimes; vous envoyez régulièrement aux grands de ce monde et à leurs
organisations des lettres chargeant le régime de Kigali dont, en prime,
vous insultez le Président pour bien montrer la véracité de vos dires
etc. ; vous n'oubliez pas surtout de manifestez ici et là et
voilà... ! Le reste va de soi : vous menez une vie de pacha en
attendant d'obtenir la nationalité de votre pays d'accueil. L'astuce
est bien connue. On se passe le tuyau. Et à tous les coups ce truc
marche. F.R., qui s'y est essayé, sait trop bien comment on exfiltre ce
genre d'individus vers l'Europe.
Revenons à l'essentiel et convenons-nous que la liberté d'expression
et la liberté de presse sont sacrées mais non absolues. Même dans les
Pays occidentaux, des limites existent « L'exercice de ces libertés
comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à
certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par
la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société
démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à
la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime,
à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la
réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation
d'information confidentielles ou pour garantir l'autorité et
l'impartialité du pouvoir judiciaire [85]. » Voilà. Rien d'absolu même
en Europe de Reyntjens.
Au Rwanda aussi, le respect de droits ou la réputation d'autrui sont à
préserver ; la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre public
et de la morale publique est à protéger. Toute propagande en faveur de
la haine, du racisme, de la violence est interdite; l'injure est
défendue ainsi que la diffamation. L'Unité Nationale est sacrée.
L'offense au chef de l'Etat est punissable. Tous ces principes sont
bien décrits dans « les Codes et Lois » du Rwanda rédigés par F.
Reyntjens. J'ai ouï-dire même que dans un pays aussi démocratique que
la Grande Bretagne, les journaux n'insultent pas publiquement Sa
Majesté la Reine d'Angleterre. A ma connaissance, au Rwanda, Umuseso
s'est permis trop de liberté
en la matière, mais trop c'est trop.
Ce journal n'a pas été sanctionné parce qu'il se consacrait à sa
mission première de manifester la vérité, éclairer le public bref
informer le lecteur. Non, loin de là. Le journal a été sanctionné à
causes de ses abus outranciers. F.R. devrait en convenir puisqu'il
désapprouve tout propos excessif. Il devrait aussi, avant de défendre
un journal comme Umuseso, faire une petite recherche pour avoir une
idée de son vrai contenu. Il serait édifié et ne défendrait plus
l'indéfendable. L'intégrité et la virginité morales que lui confère
F.R. sont fort douteuses. Tout pouvoir, y compris celui de la presse,
doit être limité. Sinon il devient absolument dangereux. Le Rwanda a
une expérience unique : certains médias tuent et ont effectivement tué.
Sanctionner un journaliste fautif n'est pas fermer « les derniers
espaces de liberté » comme veut bien le faire croire F.R. [86]
Il est trop facile pour un expatrié de proclamer un droit dans
l'absolu et, dans ce sens, appuyer quelques « agitateurs nationaux »,
mais seuls les Rwandais en assument les conséquences. Il serait
criminel pour des gens comme F.R. d'allumer l'incendie et de se
décharger de toutes leurs responsabilités. Il le reconnaît d'ailleurs
lorsqu'il écrit : « Le poids que nous avons ou pensons avoir nous
permet de peser sur la situation, mais nous sommes incapables d'assumer
les conséquences lorsque les choses dérapent tragiquement [87] ». A quoi
est-ce que ça rime, un engagement sans responsabilité ? F.R., s'il
avait été au Rwanda en avril 1994, il n'aurait fait que sauver sa peau
lors du génocide qu'il avait pourtant vu venir et dont il n'avait pas
dénoncé certains de ses promoteurs qu'il connaissait et fréquentait.
Si des gens aussi puissants que lui avaient dénoncé haut et fort le
journal Kangura et ses « Dix commandements des Hutu », peut-être que
des vies humaines auraient été épargnées. Ils ont préféré garder le
silence au nom du respect de la liberté de presse. La suite fut le
massacre des innocents.
Aujourd'hui encore, F.R. défend le Père Theunis [88] qui, en son temps,
reprenait, entre autres, les extraits de Kangura, les traduisait en
français et les rediffusait dans la presse sous son autorité. La
preuve est là [89]. Une question : aurait-il donc été innocent un curé
flamand qui, en 1940-1945, aurait traduit les extraits des journaux
nazis pour les rediffuser auprès de ses ouailles sous prétexte de faire
la revue de presse? Il est facile pour F.R. de défendre des gens pour
ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils ont fait. Sinon les actes
parlent d'eux-mêmes. La reproduction et la rediffusion d'écrits
incitant à la haine sont punissables. Le devoir de prudence et de
réserves incombait au père Theunis. Mais F.R., comme tout militant,
ne l'entend pas de cette oreille.
Certes, l'universalité des droits est reconnue mais les contextes dans
lesquels ces droits s'appliquent sont différents. Les résultats seront
absolument différents. J'ai appris que certains services d'une
Puissance occidentale auraient refusé, au nom de la liberté
d'expression, de mettre fin aux activités de RTLM pendant le
génocide. Les conséquences furent catastrophiques non pour les
occidentaux mais pour le Rwanda. Les idées du journal Umuseso et de la
Liprodhor étaient proches de celle de la RTLM à l'époque : un véritable
cancer dans le corps social rwandais. La pureté morale et l'innocence
que F.R. leur prête est théorique mais non évidente. Il cache mal par
contre une intention politique de mauvaise foi : saboter le régime
rwandais en l'accusant de ne pas respecter le principe de liberté
d'expression. La réponse est simple : oui à la liberté de la presse,
non aux abus de cette même presse.
Il en est de même avec la société civile, elle a aussi des droits et
des devoirs : elle ne peut transgresser impunément la Loi. Les membres
de la société civile, comme les journalistes, doivent travailler dans
le respect de leurs devoirs et de leurs responsabilités.
Dans l'Annuaire 2007-2008, F.R. reconnaît que « l'on observe au Rwanda
des améliorations en matière de droits de la personne dans certains
domaines bien que le Département d'Etat Américain y signale des
violations significatives des droits humaines » [90]. F.R. note que le
H.R.W en était arrivé à la même conclusion. Le Rapport du Département
d'Etat Américain avait reconnu aussi des améliorations
bien qu'il ait
dénoncé aussi quelques abus. F.R. en trouve une explication tout à fait
cocasse mais qui montre, si besoin en était, sa mauvaise foi. En
réalité, dit-il, le Régime rwandais n'a plus besoin des recours à la
répression à grande échelle parce que les espaces d'expression ont été
effectivement fermés, et que rares sont ceux qui osent contester cette
situation
[91]. La guerre est finie, faute de combattants, semble-t-il
dire. Il parle comme un médecin à qui l'on demanderait l'état de santé
de son patient et qui répondrait : « il y a des améliorations
puisqu'il n'aura plus besoin de soins, il est mort ! » Chez F.R.,
s'améliorer veut dire s'empirer ! Et cela parce que le journal
Umuseso, prétendument indépendant et la Liprodhor ont été interpellés
par la justice ! Or ils n'avaient rien d'indépendant ni sur le plan
idéologique ni sur le plan financier ni d'ailleurs sur le plan purement
matériel : ils étaient dépendants de manipulateurs externes. Si F.R.
n'en est pas convaincu, il devrait faire des recherches sur leurs
publications et sources de financement.
Dans l'Annuaire 2008-2009, F.R. va jusqu'à refuser que le Rwanda ait le
triste honneur d'être traité comme n'importe quelle dictature en
Afrique. Il fait remarquer en effet que les critiques que l'on fait
sur le Régime rwandais auraient pu être faits au sujet de n'importe
quelle autre dictature banale en Afrique
. Mais le Rwanda, corrige-t-il,
n'est pas une banale dictature, le Régime a atteint le stade où la
répression visible n'est plus réellement nécessaire : les espaces
publics, tant politiques que sociaux sont fermement contrôlés, et la
compétition politique est inexistante ou mieux manipulée » [92]. F.R.
devrait au moins reconnaître aussi qu'entre temps des journalistes
mieux formés ont inondé le marché, de nouvelles lois ont été adoptées
et le professionnalisme a été acquis au fur et à mesure que les années
passent. Le monde des médias et de l'information est très dynamique.
Elles ne sont ni folles ni ignares toutes ces personnes qui
investissent dans les médias privés : plus de 20 radios et plus de 50
journaux. Malheureusement F.R. n'y voit que du noir.
Ce qui est encore plus vrai ici est que le Rwanda a refusé d'être
traité par Filip Reyntjens et ses semblables comme ils en avaient
l'habitude « dans la banale dictature » de Habyalimana. Et « la rupture
est totale. » La rupture dans la position de Reyntjens est le fruit de
la prise du pouvoir par le FPR, de la destructuration de la relation
néocoloniale et par conséquent, de l'effacement de la voix de
Reyntjens. On sent tout au long de son livre que son aversion pour le
FPR tient à la remise en cause fondamentale de son action, de la
possibilité d'agir de cette place en surplomb d'un pouvoir souverain.
Le danger pour le FPR n'est pas tant pour la population rwandaise -- et
de fait ce n'est pas le FPR qui a éradiqué 7 % de la population du
Rwanda -- que pour les relations entretenues avec les métropoles
occidentales dans lesquelles naviguent les « petits
notables » néocoloniaux » [93]. En fait ce dernier extrait montre bien le
fond de l'affaire. Le reste n'est que prétexte. Le Régime actuel
rwandais a refusé à F.R. et à ses petits copains leur droit
traditionnel de recoloniser notre Pays. Le Rwanda en recouvrant sa
dignité (agaciro) a mis fin aux agissements et autres ingérences de
tous les néo-coloniaux, F.R. y compris. Et tant pis si ce dernier en
est devenu enragé. Pour le Rwanda, la dignité n'a pas de prix.
Sur le plan politique, F.R. n'a relevé que l'interdiction du MDR en
2003-2004 qu'il considérait comme le seul parti d'opposition. La
dissolution du MDR scella, d'après F.R., la fin des derniers espaces de
d'opposition. En réalité le MDR n'a jamais été à proprement parler un
parti d'opposition au Régime actuel rwandais. Il faisait parti du
gouvernement de l'après-génocide. Il était membre du Forum National de
concertation des Formations politiques rwandaises
. Il semblerait même
que c'est lui qui serait à l'origine de cette idée. Après le
génocide les partis politiques rwandais ont scellé entre elles une
sorte de pacte pour la poursuite d'un but politique commun qui est un
engagement à construire ensemble l'Unité Nationale par le Dialogue et
la concertation
[94]. La conjoncture de l'après-génocide
nécessitait la mise en place d'un gouvernement d'Union Nationale. A
cette époque, la priorité n'était pas d'être dans l'opposition mais
de reconstruire le pays dans la paix, la concorde et la concertation.
Le MDR en était partie prenante. F.R. qui ne croit qu'à la démocratie à
l'occidentale, ne peut nullement nier qu'en Occident existent aussi
des formules de collaboration politique comme par exemple
« Alliance », « Coalition », « Cohabitation » et même « Démocratie
consociative ». Au Rwanda, la collaboration sans exclusion était
prioritaire. Finalement le MDR a connu des divisions et des faiblesses
idéologiques internes qui l'ont conduit à sa dissolution mais cela n'a
jamais été dû à son soi-disant statut d'opposant politique. Et le
gouvernement n'a fait que sanctionner un fait accompli.
De l'isolement et de la prophétie de malheur
F.R. refuse, nous venons de le voir, d'accorder au Régime actuel le
statut de n'importe quelle autre dictature banale en Afrique
. Il en a
connu et fréquenté. Actuellement il ne fréquente ni ne sert le régime
rwandais. Donc ce dernier, d'après lui, n'est pas semblable à la
banale dictature
qu'il a servie et à laquelle il était habitué. Pour
lui, le régime rwandais actuel est pire que celui qu'il avait
l'habitude de fréquenter. Mais il se console en disant que ce régime
ne durera pas longtemps. Il le trouve dans l'isolement et lui prédit
des malheurs imminents. Il l'avait d'ailleurs prédit dans ce qu'il
appelait la base faible
du FPR.
Pour F.R, le pouvoir actuel rwandais est dans un isolement
total.
C'est un autre refrain qu'il met volontiers dans ses publications. Il
le décrit dans les Annuaires successifs. Par exemple dans l'Annuaire
2001-2002, il écrit que l'isolement du Rwanda et du FPR, se précise
[95]. Il annonce à cette même page que « le régime est plus que jamais
contesté ». Il parle même de l'inquiétude du régime
(p.48). Pour lui
le régime ne s'en sortira pas puisqu'il traverse une « profonde crise
politique...visible » [96]. Il annonce même que le président Kagame
devient isolé
. Il y a d'après lui descente aux enfers
invisible
aux non-initiés. Il avait même prévu que l'année 2003 et la période
qui va suivre sont celle de tous les dangers
[97].
En lisant les écrits de F.R, on dirait que l'année 2003, celle des
élections présidentielles, marque la fin du monde pour le Régime et le
FPR alors que c'est justement l'année de la victoire de ce Parti aux
élections présidentielles et législatives. Mais tout malin qu'il est,
F.R. avait prévu que ces élections ne seront qu'une farce [98] et que, de
toute façon, « ces élections sont destinées à la consommation
internationale » [99], ajoutait-il.
Avec le temps, remarquant que ses prévisions catastrophistes
concernant notamment l'isolement
ne se réalisent pas comme prévu
et craignant d'être contredit par la réalité, F.R. nuance ses positions
antérieures et déclare que le Rwanda risque l'isolement
[100]. Il
n'est plus catégorique. L'incertitude le gagne, mais il ne se décourage
pas et lance d'autres prophéties de malheur. Il avait déjà préconisé en
Novembre 1995 que « faute de solution politique, le nouveau régime de
Kigali (qu'il qualifiait déjà d'autoritaire et de violent) sera
confronté tôt ou tard à une tentative de retour aux armes de ceux qui
sont aujourd'hui en exil » [101]. Il persiste dans les années suivantes.
Dans l'Annuaire 1996-1997, il invitait le Gouvernement rwandais à
comprendre l'importance de la solution négociée portant sur le partage
du pouvoir
[102]. Mais comme cette perspective lui semblait éloignée,
il prévoyait alors que « si la porte du dialogue reste fermée, un jour
ou l'autre, les éléments militaires parmi les réfugies rentreront arme
au poing et ils trouveront de nombreux alliés parmi les exclus de
l'intérieur » [103]. On connaît la suite, la prophétie ou plus
exactement les prétendues recherches de F.R. se sont avérées fausses.
Ce retour, arme au poing, n'a jamais eu lieu et n'aura probablement pas
lieu du vivant de F.R.
Qu'importe, F.R. croit à une implosion interne du système. En
1997-1998, il annonçait déjà qu'au Rwanda règne une atmosphère de fin
de règne
. Il donnait du Rwanda une image sombre et sans avenir. Il
écrivait que dans une atmosphère généralisée de corruption,
d'affairisme, de trafic d'influence et de népotisme, les élites -
inquiets de l'avenir -- assurent leurs arrières. Certains ministres, des
hutus pour la plupart, placent leurs avoirs dans des banques en Europe
et y achètent de l'immobilier ; d'autres politiciens et des officiers
de l'APR investissent surtout en Uganda et en Afrique du Sud [104]
.
C'était une vue de l'esprit sinon combien de ministres, même hutus à
l'époque, avaient de l'argent pour acheter de l'immobilier en Europe !
Quels officiers ont investi en Uganda et en Afrique du Sud à cette
époque ? F.R. ne peut en citer aucun, sauf un seul ex-ambassadeur qui
aurait subtilisé les fonds destinés aux ambassades rwandaises en
Amérique et il vit en Europe en bonne compagnie avec F.R.
Dans l'Annuaire 1999-2000, F.R. écrit que le pays (Rwanda) est confronté
à une crise politique profonde au coeur même du régime
[105]. C'était
encore de la pure imagination. Personne n'a vu venir cette fameuse
crise ni au coeur ni à la périphérie du régime. Le prophète Reyntjens
avait même prédit en 2002-2003 que « le pays aura sombré dans
l'horreur dans deux, cinq ou dix ans » [106]. Le délai imparti est passé
sans que le pays ne sombre dans l'horreur. La prophétie du « chercheur
engagé », comme une montagne, a accouché d'une souris.
Lorsque le juge Bruguière sortit son rapport en 2004, F.R. prit le
dossier en main, alla vite en besogne et déclara immédiatement que le
Président Kagame est inquiet, et menacé
directement par plusieurs
dossiers accablants [107]. Il n'est pas besoin de dire aujourd'hui que
le rapport Bruguière était bidon, et n'a provoqué aucune crise ni n'a
inquiété personne, le Président Kagame encore moins. Le crédit moral
du régime que F.R. croyait détruit complètement s'en trouva par
contre renforcé lorsque le Rwanda prit l'initiative de rompre les
relations diplomatiques avec la France. La dignité du peuple rwandais
s'en sortit agrandie.
De Belgique, F.R. s'imaginait qu'il y avait au Rwanda « de nombreux
Rwandais, Hutu et Tutsi qui se sentent exclus et dont les sentiments de
frustration, de colère et de désespoir sont une pépinière de violence
structurelle qui prépare le terrain à la violence aigue » [108]. Il était
d'avis que « les perspectives (du Rwanda) ne sont guère
prometteuses » [109]. Il en concluait qu'à long terme, « le pays
connaîtra une violence qui pourrait rivaliser avec celle de
1994 » [110]. Il n'y a eu de faux prophètes en la matière que le
déterminisme catastrophiste de F.R. Il n'a d'égal que la niaiserie des
charlatans.
Il y a eu le génocide des Tutsi, les négationnistes parlent de double
génocide
, Reyntjens et son ami Kenneth Roth de Human Rights Watch en
sont déjà, quant à eux, au troisième génocide : ils sont convaincus
qu'un deuxième ou troisième génocide est en préparation. Ils
recommandent que le meilleur moyen de prévenir un autre génocide est
d'insister pour que KAGAME cesse de manipuler le dernier (génocide de
1994)
[111]. Et il faut faire vite car, d'après eux, ce nouveau
génocide serait déjà en marche. Une chose est sûre : ce prétendu
nouveau génocide n'aura pas lieu ; nous sommes avertis. F.R. peut se
rassurer.
Quoiqu'il arrive, F.R. croit que la survie des Tutsi au Rwanda et dans
la région des Grands Lacs est sérieusement menacée. La cause en serait
l'ethnogenèse
engendrée par les deux guerres du Congo. Notre
« spécialiste » du Rwanda le dit sans mâcher les mots : de plus en plus
de voix au Congo/Zaïre et dans la région du Kivu en particulier
évoquent le thème d'une lutte entre Bantous et Hamites, Hima ou
Nilotes
[112]. Il revient sur ce thème dans l'Annuaire 1998-1999 où il
oppose désormais les Bantous
aux Hamites
, Nilotiques
ou autres
Tutsi dans le contexte d'une extension territoriale de la bipolarité
rwando-burundaise
[113]. Il est convaincu que l'antagonisme ethnique --
de Hutu contre Tutsi à Bantou contre Nilotique -- a poussé le Président
Mugabe à s'impliquer dans la guerre du Congo pour contrer la renaissance d'un empire tutsi-hima du 19ème siècle
. Bien entendu ce
soi-disant empire n'a jamais existé. F.R. ne le sait que trop bien.
Mais ne pouvant se départir de ses fantasmes, il voit le danger
partout. C'est que des Angolais aussi auraient enfin découvert leur
bantouité
et auraient exprimé, d'après F.R, des inquiétudes face à
l'hégémonie nilotique
[114]. Et en grand stratège, F.R. de conclure
que les perspectives sont dès lors peu encourageantes. La zone de
guerre dans la Région s'étend de Luanda à Asmara, l'ethnogenèse Bantou
contre Nilotiques s'est davantage affirmé, de nouvelles confrontations
extraterritoriales et territoriales s'annoncent, les solutions
politiques discréditées en faveur des logiques du pillage et de la
violence
[115]. Bref il y a désormais, d'après F.R, d'un côté les
Bantous
et de l'autre les Hamites ou Nilotiques
. Et le professeur
Reyntjens prévoit le pire : puisque les Tutsi constituent une petite
minorité dans la région, l'animosité créée contre eux et d'autres
Hamites par le comportement agressif de l'APR est de nature à menacer
leur survie à l'avenir
[116]. Le président Kayibanda avait tenu des
propos semblables en 1964 quand il parla de l'éventuelle disparition
des Tutsi si les réfugiés attaquaient encore le Rwanda. Encore une
fois, d'après F.R., ce sont les Tutsi qui auront provoqué leur propre
extermination à cause de leur incorrigible agressivité. En bon
« défenseur « des droits de l'homme », F.R. ne devrait-il pas déjà leur
chercher asile et système d'évacuation comme il prétend l'avoir fait en
1994 ?
La survie grâce au crédit-génocide
Quand on a suivi les prophéties de malheur de F.R, on peut se demander
comment les Tutsi n'ont pas encore disparu de la surface de la terre.
On peut même se demander comment le Régime rwandais actuel tient encore
debout. F.R. a une réponse toute faite : c'est d'après lui grâce au
crédit-génocide
. Est-ce par cynisme, est-ce par négationnisme, est-ce
par les deux à la fois ? En tout cas F.R. croit que le Régime actuel
rwandais ne survit que grâce au crédit-génocide
. Il en parle
depuis les années 1996 jusqu'à nos jours. Il ne se gêne pas, il ne se
fatigue pas, il ne lâche pas prise. Il continue à travers tous ses
écrits à dire que le régime actuel se permet tout sans que la
communauté internationale ne bouge parce que le Rwanda a connu le
génocide sans que cette même communauté internationale n'intervienne.
Dès lors, d'après lui, le génocide est utilisé comme un argument
passe-partout pour contrer toute critique
[117]. Imperturbablement, F.R.
écrit, année après année, que le Rwanda et le Régime de Kigali vivent
tranquillement grâce à ce soi-disant crédit-génocide
dont le régime
aurait fait « son fonds de commerce » [118].
Quand j'ai lu pour la première fois cette notion de crédit-génocide
dans le tout premier Annuaire 1996-1997 (p.55), j'ai sursauté parce que
je n'en croyais pas mes yeux. Parler de « crédit-génocide » me semblait
faire blessure à la mémoire du génocide. Même aujourd'hui cette
conviction me reste. Je me suis alors demandé s'il s'agissait d'une
citation d'un négationniste ou d'une invention de F.R. A mon grand
étonnement c'était de sa propre invention qu'il prenait soin de
mettre entre guillemets. J'en suis tombé des nues. F.R. en arrive -t-il
là, me suis-je demandé ? Malheureusement, c'était oui : il n'y avait
pas d'équivoque. La suite m'a même conforté dans mes certitudes. Il
fallait m'habituer à lire ce terme, avec celui de « fonds de
commerce » du génocide, dans les publications ultérieures de F.R. Ce
« fonds de commerce » ferait que la communauté internationale tolère
tous les prétendus abus
du FPR.
Dans l'Annuaire 2001-2002, F.R. pense néanmoins que ce fameux
« crédit-génocide » commence à s'éroder et que le prétendu fonds de
commerce
perd aussi de son impact [119] à cause des activités
prédatrices du Rwanda au Congo et une opposition de plus en plus
agissante.
Donc d'après lui ce crédit génocide
ne produit plus ni dividendes ni
intérêts. Il en profite d'ailleurs pour annoncer que les amis du
nouveau Rwanda
prennent leurs distances et que le seul allié
inconditionnel qui demeure est le Royaume Uni ou plus exactement, la
Secrétaire d'Etat à la coopération Clare Short [120]. F.R. veut dire
que le cours de crédit-génocide
ayant chuté, et ne lui restant qu'un
seul allié, le Régime Rwandais va à sa perte. Et pourtant quand on se
donne la peine de jeter un coup d'oeil sur les contributions des
alliés
à l'effort de développement du Rwanda, on découvre sans
difficultés que le Royaume Uni n'est pas le seul à contribuer et que
Clare Short, amie du Rwanda, a beau avoir quitté sa fonction, le
Rwanda ne s'en porte pas trop mal. Ce n'est encore une fois que du
radotage de la part de F.R.
Dans son livre sur La guerre de Grands Lacs, F.R. prend pitié pour
les Tutsis rescapés du génocide ; ils ne seraient pas les premiers à
bénéficier de son foutu « crédit-génocide ». Au contraire, ils en
seraient exclus. Il paraît même qu'ils ne se retrouvent pas dans le
régime actuel. Ils seraient devenus, encore une fois, des citoyens de
seconde zone [121]. On aurait aimé savoir sous quel régime F.R. aimerait
que les rescapés vivent. Il ne se prononce pas à ce sujet. Aurait-t-il souhaité qu'ils revivent sous le régime Habyalimana qui a
exterminé les leurs ? Sinon, où les mettre donc ? Vers le chemin de
l'exil ?
Trouvant que la notion de « crédit-génocide » ne suffit pas à tout
expliquer, F.R. trouve une autre explication : les
observateurs (étrangers) ont tout intérêt à se taire.
Ainsi des
témoins d'ONG et d'institutions internationales redoutent l'expulsion,
alors que les Rwandais craignent des représailles à leur encontre ou à
leurs proches
. C'est, dit-il, la loi du silence
[122] dont nous
avons parlé. Seul le « courageux » F.R. qui n'est pas sur le terrain et
qui n'a fait aucune recherche ose parler et dénoncer le
crédit-génocide
dont il s'est ingénié à faire le montage. Sinon tous
les autres, étrangers et rwandais, seraient des lâches ! Vive le
chevalier de la Table ronde qui, tel un nouveau Tarzan, pourfend tous
les silences. Vive le nouveau Tintin, pas au Congo, mais au Rwanda.
F. Reyntjens prend du reste soin de crier haut et fort que la
communauté internationale prend un énorme risque et une grave
responsabilité
en ne demandant pas trop au régime issu du génocide
et en ne montant pas la barre au dessus de laquelle le Régime ne peut
aller [123]. La survie du régime serait fonction de l'acceptation des
injonctions de la communauté internationale dont le Pays devrait être
sous tutelle. Il n'y a pourtant aucun doute que la Tutelle
Internationale serait aussi mauvaise que celle que F.R. et les ONGs
comme Amnesty international et Human Rights Watch s'acharnent à vouloir
imposer au Rwanda. Pourtant ce Pays a vécu à trois reprises sous de
pareils [124] mandats et ça n'a rien donné si ce n'est le génocide.
Non merci, on se passera d'une quatrième tutelle internationale.
Comme il apparaît aux yeux de F.R. que la communauté internationale
traine à condamner le Régime rwandais, il en trouve une troisième
explication à sa plus ou mois longue survie: la gestion de
l'information. Il dit tout bonnement que « le Régime de Kigali a pu
éviter les condamnations internationale en exploitant à fond le
crédit-génocide
et par une excellente gestion de l'information et
de l'accès aux scènes où les atrocités avaient été commises » [125]. Mais
il se console en disant que « le crédit génocide
touche
visiblement à sa fin [126] ». Il demande alors à la communauté
internationale de négocier avec le régime rwandais, faute de lui
imposer une démocratie, une feuille de route
pour un cap de la
démocratie. Il suggère même que la manipulation du volume et
l'orientation de l'aide peuvent constituer un instrument efficace pour
faire en sorte que le cap soit maintenu
[127].
F.R. demande à la communauté internationale de faire pression sur le
Rwanda et de ne pas commettre une nouvelle erreur -- la première
étant d'avoir abandonné le Rwanda en 1994 -- de se rendre complice de
la mise en place d'une nouvelle dictature
[128]. Il demande donc à
cette même communauté d'empêcher le nouveau régime d'exploiter à fond
le crédit génocide
et de s'arroger le monopole de construire la
vérité sur le passé, le présent et l'avenir du pays
[129]. Ce n'est pas
chose difficile d'après F.R. d'autant plus que la position
apparemment intouchable du Régime (rwandais) se combine paradoxalement
avec une mise en cause internationale
[130]. F.R. ressort alors les
mandats Bruguière et Andreu Merelles auxquels il accorde une
importance excessive [131]. Mais pour F.R. la communauté internationale
ne peut plus assurer au Rwanda son aide et sa protection politique,
voire militaire considérable car les procédures française et espagnole,
le refus de transfert d'un premier inculpé du TPIR et les critiques
dans la presse internationale montrent que la lune de miel touche à sa
fin
[132].
Ce n'est ni la première ni la dernière prophétie de malheur de F.R.
Mais apparemment le crédit-génocide n'est pas encore épuisé puisque F.R
trouve que le Gouvernement rwandais en abuse encore pour critiquer un
rapport de l'ONU du 12 décembre 2008 impliquant le Rwanda dans le
Congo/Zaïre.
Que faut-il conclure cette étape-ci? Remarquons d'abord qu'encore une
fois F.R. se contredit ici : il avait déclaré que le Régime rwandais se
trouve dans l'isolement
, dans l'impasse
et même dans la descente
aux enfers
, et maintenant il reproche à la communauté internationale
d'aider ce même régime. Certes la communauté internationale appuie
certains programmes du gouvernement rwandais, mais ce dernier n'est pas
le seul à être aidé ni en qualité ni en quantité. Il y a eu même une
situation où cette même communauté a refusé d'accorder des aides au
nouveau régime avant qu'il ne rembourse les emprunts contractés par le
Gouvernement génocidaire.
Le silence de la communauté internationale est aussi une fausse
invention de F.R. En réalité le Rwanda continue à faire face, pour en
démontrer l'inconsistance et la fausseté, à certains rapports et
mandats dont l'objectif reste la déstabilisation du Pays. Nous pensons
justement aux mandats émis par les juges Bruguière, et Merelles. Nous
pensons au parti-pris de nombreux Rapports d'Amnesty International,
de Human Rights Watch et de l'ONU. Le réseau de Reyntjens publie sans
cesse. RSF n'est pas en reste ainsi que de nombreuses autres ONGs
jouant à la fois aux juges et aux procureurs. Des journalistes, des
juges, des avocats et des écrivains sont aussi à leur oeuvre de
destruction.
Le Rwanda se défend avec courage et détermination mais c'est une lutte
sans merci. Personne ne peut parler ni de silence ni de soi-disant
complicité de la communauté internationale Au contraire, on peut bien
se demander avec raison ce qu'a fait de spécial cette communauté
internationale pour le Rwanda qui a vécu à la fois les affres du
génocide et de la guerre. Indemnisation en faveur des rescapés du
génocide ? Non. Réparation ? Non plus. Fonds d'appui aux rescapés ou au
gouvernement ? Nenni. Alors quoi ? Seul le gouvernement rwandais se bat
pour venir à bout de tous ses problèmes. Ni l'Onu ni les ONG comme
Amnesty International et Human Rights Watch ni RSF ni le réseau
Reyntjens, prétendant défendre les droits de l'homme, ne se dérangent
pour parler en faveur des rescapés du génocide auprès de cette fameuse
communauté internationale. Au contraire ils s'acharnent contre le seul
régime qui défend leurs intérêts avec des moyens modestes dont il
dispose.
En parlant de crédit-génocide
, F.R. utilise un genre de négationnisme
fort adroit qui tout en ne niant pas le génocide des Tutsis, le
manipule, le banalise jusqu'à l'utiliser comme une arme dans ses
combats politiques en lui faisant dire ce qu'il n'est pas. Un jeune
chanteur rwandais, Mihigo, a bien compris ce manège lorsqu'il a
dit : « jenoside ni jenoside, twanze abadutobera amateka » (Le génocide
est le génocide. Nous dénonçons ceux qui veulent en manipuler
l'histoire). C'est bien le cas de F.R. qui, en fait, déforme sciemment
la nature du génocide sans toutefois le nier. C'est du révisionnisme
subtil mais extrêmement dangereux. F.R. instrumentalise le génocide en
le mettant dans son propre arsenal de combat contre le F.P.R.
Une leçon est à tirer : on peut reconnaître le génocide des Tutsi tout
en le manipulant négativement. C'est le cas des F.R. Son approche est
d'autant plus dangereuse qu'elle est extrêmement habile : reconnaître
d'abord le génocide et ensuite en faire ce qu'il veut, le détourner et
l'utiliser à ses propres fins, et vite proclamer à la face du monde
que c'est le régime de Kigali qui l'utiliserait à son avantage. La
stratégie est imparable. Il a inventé tout simplement une arme, le
crédit-génocide, qu'il lance vite du côté de son adversaire -- le nouveau
Rwanda -- et crie immédiatement à qui veut l'entendre que le Rwanda
dispose et se sert justement d'une pareille arme. Donc qu'il faut crier
haro sur ce régime. C'est le jeu de miroirs bien connu : on prête à sa
victime l'intention et l'arme avec lesquelles on veut l'abattre, et on
l'accuse de les posséder et même de les utiliser. Le subterfuge est
cousu de fils blancs.
Pour le Rwanda, le génocide a eu lieu, c'est un fait accompli,
irréversible, qui s'est passé dans des circonstances bien déterminées
non imputables au FPR : nul besoin d'en faire « un crédit ». Par
contre, F.R. s'en sert pour discréditer l'Etat rwandais. Attendez-vous
dans les prochains jours à d'autres conneries du genre
« capital-génocide », ou « dividendes-génocide » et, pourquoi pas,
« pertes et profits-génocide ». Pour lui, tous les moyens sont bons
pour faire du mal au Nouveau Rwanda. Il n'a guère peur de se
ridiculiser. Mais ce qu'il écrit est tellement grave qu'il ne peut, en
aucun cas et quoi que le gouvernement de Tel-Aviv fasse, utiliser ce
terme de « crédit-génocide » à l'égard de l'Etat d'Israël. A l'égard
du Rwanda, il se permet tout. Ailleurs il paierait trop cher.
Commentaires généraux
Avec F.R. nous nous trouvons face à un militant d'idées, cherchant à
donner un sens biaisé aux faits et à orienter leur interprétation en
faveur de sa thèse. Il a abandonné le sens de l'objectivité et de la
vérité pour un militantisme engagé. Il dispose de moyens indéniables :
infrastructures universitaires, collègues, chercheurs, documentation,
moyens financiers etc. Il a tout détourné et mis au service, non de la
recherché scientifique proprement dite, mais de son engagement
politique personnel. Il devrait normalement en répondre devant ses
pairs, pas seulement belges, du milieu universitaire international.
Il commence même à se construire un petit réseau dans le monde
universitaire extérieur, chez des journalistes, auprès de quelques
activistes des droits de l'homme, chez quelques praticiens du droit,
chez moins d'une dizaine d'individus qui se sont autoproclamés
experts
de la région des Grands Lacs et même chez quelques
politiciens en mal de publicité. Risque-t-il de faire souche parmi un
groupe minoritaire de négationnistes impénitents ? On ne peut rien
exclure a priori quoiqu'il soit évident que le motif de leur
engagement n'est pas identique pour tous. Mais il n'est pas impossible
qu'il ait fait des émules, des adeptes et probablement aussi des
disciples parmi eux, et aussi parmi le petit microcosme qui se dit de
l'opposition rwandaise en exil [133]. Donc à suivre pour déminer
éventuellement le terrain sur lequel ils pourraient, lui et son petit
réseau, poser quelques mines anti-gouvernement rwandais. Elles
pourraient faire du mal à quelques crédules.
F.R. et son petit réseau veulent jouer un rôle non scientifique mais
politique. F.R. cultive personnellement une certaine vanité.
Incontestablement le pouvoir le fascine. Il aurait aimé jouer un rôle
dans les coulisses du pouvoir : en être la tête pensante, dispenser des
conseils, avoir l'écoute des décideurs politiques et orienter
éventuellement quelque destin chez ces nègres africains que du reste il
méprise souverainement. C'est un petit paternaliste prétentieux. Ce
n'est ni la démocratie ni les prétendus droits de l'homme qui
l'intéressent. Jamais. Nous l'avons vu : il est capable de
s'accommoder facilement de n'importe quelle banale dictature
à
l'africaine. Il en a eu l'expérience avec le régime Habyalimana dont il
n'a jamais digéré la défaite. Il a juré de venger le régime déchu : il
fera donc des coups bas au régime actuel. Il en a du reste déjà fait
et ne le cache pas. Il est devenu un chercheur - guérillero qui se
bat en réalité plus pour ses propres intérêts que pour autre chose.
Ne trouvant pas un régime à parrainer, il veut se faire valoir.
F.R. a un énorme problème de crédibilité. Il a depuis longtemps perdu
son statut « de chercheur et d'expert » même s'il publie
régulièrement des écrits concernant le Rwanda où il vient de passer
plus de quinze ans sans y mettre le pied. Il se contente tout bonnement
de compiler des documents de seconde main, de qualité souvent médiocre
qu'il reproduit sans vérification ni critique préalables. Il ne va plus
à la source de ses sources. C'est un réel problème pour tout
chercheur. F.R. est devenu un simple répétiteur d'idées des autres
notamment de celles, par exemple, de Human Rights Watch ou d'Amnesty International dont il est devenu un simple acolyte
propagandiste. Ses informateurs rwandais locaux qui semblent travailler
dans la clandestinité ne lui fournissent qu'un ramassis d'idées
semblables aux propos de bistrot qu'il reproduit sans analyse ni examen
préalables tout en leur donnant un vernis de caution scientifique. En
réalité, il ne fait que du bricolage à partir de travaux de seconde
main. Entre une recherche scientifique et l'engagement idéologique, il
y a un abîme que seul un résultat biaisé peut combler. F.R. ne le cache
pas, il lui est arrivé de louvoyer
[134]. Son intégrité
intellectuelle ne peut qu'en souffrir énormément. Sur le plan
intellectuel et scientifique, son louvoiement le disqualifie auprès de
ses collègues et des lecteurs : difficile de le croire si l'on n'est
pas du même bord.
Une autre faiblesse apparait chez ce soi-disant chercheur-activiste
engagé: n'étant pas sur terrain et obligé de travailler sur
``l'histoire immédiate'' et ne disposant donc pas de temps nécessaire,
F.R. donne comme résultat de « ses recherches » un produit bâclé, fait
à la hâte et sans ancrage dans la réalité. C'est pourquoi il se livre
plus facilement à de la spéculation qu'à la recherche proprement dite.
Il est devenu un simple spéculateur d'idées capable d'argumenter sans
donner les preuves de ce qu'il avance. Il apparait comme un touche-à-tout, habile certes, mais sans profondeur. La seule ligne directrice
de sa pensée politique est sa hargne et son acharnement contre le
régime rwandais qu'il cherche à saper par tous les moyens. Mais son
militantisme l'aveugle. Il ne parvient pas à s'assigner à sa propre
autocritique ni à distinguer l'essentiel de l'accessoire. Son
engagement militant brouille et paralyse sa réflexion. Son activisme
fébrile le place trop vite dans le tourbillon de l'histoire immédiate
qui le happe sans pourtant le mettre au coeur des événements. Il agit à
la périphérie comme un ion affolé. Il s'agite en vain.
Si F.R. pouvait disposer d'un petit répit pour jeter un regard en
arrière, il découvrirait qu'il s'est presque toujours trompé dans ses
prévisions et ses prophéties de malheur. Il s'est trompé sur l'issue de
la guerre des ex-FAR qu'il croyait imminente et victorieuse. Il a trop
longtemps surestimé la soi-disant opposition en exil dont il qualifie
aujourd'hui les membres de verbaux mais impuissants
[135]. Ce n'est
qu'une opposition fantôme sans pensée politique profonde mais F.R.
prenait ses désirs pour la réalité. Il s'est encore mis le doigt dans
l'oeil lorsqu'il donnait quelques jours de survie au régime rwandais
actuel sous prétexte qu'il est dans « l'impasse » et dans « l'isolement
total ». Il se s'est jamais aperçu que le régime est plus fort qu'il ne
paraît. Il s'est leurré sur la prétendue base mince
du FPR. Il n'a
rien compris -- mais rien alors -- de la nature ni de la stratégie du FPR.
Il aurait aimé qu'il soit piégé dans l'ethnicité qui aurait sonné sa
mort immédiate. Son ethnogenèse mettant en lutte Nilotes
et Bantous
ou le soi-disant empire hima
est une fabulation d'un stratège de
salon. Son prétendu deuxième génocide
en préparation est un fantasme
d'un apprenti sorcier, catastrophiste de surcroît. F.R. s'est mépris de
la nature des résultats et de l'impact des tribunaux Gacaca:
l'essentiel n'est pas visible à l'oeil nu ; la société s'est stabilisée
sans trop de casse. F.R. s'est nourri d'illusions lorsqu'il a commencé
toute une série de prophétie de malheur : atmosphère de fin de règne,
histoire de soi-disant exclus qui prépareraient leur revanche, affaire
de crises jamais arrivées, histoire de Tutsi dont la survie serait une
affaire de quelques jours ; histoire d'un régime aux abois, etc. Sur
toutes ces erreurs évoquées, F.R. devrait poser un regard critique, en
tirer une leçon et mettre fin à ses élucubrations spéculatrices.
F.R. a attrapé le syndrome de l'exilé
: il continue à s'imaginer le
Rwanda tel qu'il l'a vécu et laissé. Il en garde la philosophie et la
même vision telle une image figée du temps de sa « grandeur » passée.
Il s'est bloqué dans le piège de l'ethnicité. Il ne s'imagine pas
qu'une pensée politique non basée sur l'ethnicité soit possible et
réalisable et pourtant c'est elle qui guide le monde sauf dans certains
pays que l'on peut compter sur les doigts d'une main. Il garde une
image sclérosée du Rwanda dans lequel il jouissait du prestige de
l'homme Blanc, d'un petit notable
néocolonial parmi les noirs qu'il
toisait du haut de sa supériorité blanche. C'est un homme du passé et
de la nostalgie. Il a refusé de s'adapter à la nouvelle situation et se
présente aujourd'hui comme un homme amer, déçu, d'où son attitude
intolérante voire enragée vis à vis du Rwanda nouveau.
En attendant que l'anathème lui vienne du milieu universitaire ou de
ses anciens étudiants, disons, quant à nous, que F.R. n'est plus
l'homme qu'il faut pour le Rwanda. Il a fait trop de bien
au régime
Habyalimana pour ne plus faire que du mal au Rwanda nouveau.
Heureusement que le Rwanda n'a plus besoin d'un tel personnage des
temps révolus. F.R. en souffre énormément : il est devenu un pauvre
héros
oublié, supportant mal de ne plus être pris en considération
tel un enfant qui ne sent plus aimé. Il souffre d'avoir été démystifié.
Il n'est plus pour le Rwanda l'indispensable dispensateur de leçons de
bonne gouvernance et le rédacteur de la Constitution. Le nouveau Rwanda
s'est bien passé de ses leçons et de ses conseils : il ne peut qu'en
ressentir de l'amertume. C'est pourquoi il s'agite dans tous les sens.
Il ne veut pas se laisser ranger dans un coin comme une vieille pièce
qu'on relègue au musée. Il s'acharne pour tenter de survivre
intellectuellement. Et à force de crier sans être entendu, et sans
résultat palpable, F.R. est passé du statut d'intellectuel engagé à
celui de militant activiste enragé. Il lui arrive de recourir à
l'invective, à l'insulte et à la violence verbale ce qui est indigne
d'un homme se prétendant activiste des droits de la personne humaine.
Il ne devrait jamais être le premier à fouler au pied les droits des
autres : droit au respect, à la dignité et à l'honneur. Or F.R. refuse
ce droit à ceux qui ne sont pas de son camp.
Conclusion : J'accuse
J'accuse Filip Reyntjens de :
- Avoir, étant activiste des droits de l'homme, soutenu, défendu et
encouragé une banale dictature Habyalimana jusqu'à lui confectionner
une Constitution à sa mesure, à se porter à sa défense comme émissaire
et propagandiste. Depuis quand un activiste des droits de l'homme se
met-il au service d'une dictature, fut-elle banale?
- Avoir à plusieurs reprises, sciemment et intentionnellement, manqué de
porter secours aux personnes en danger. Ses multiples silences devant
l'injustice en sont la preuve.
- Avoir à plusieurs reprises, étant activiste des droits de l'homme,
manqué à sa mission de parler au nom des droits de la personne humaine
alors qu'il pouvait le faire sans danger.
- Avoir, étant une autorité universitaire et scientifique, propagé, à
plusieurs reprises, des rumeurs, de faux bruits, des mensonges et des
prophéties de malheur troublant ainsi la tranquillité publique.
- Induire en erreur, en sa qualité de chercheur, l'opinion publique en
lui faisant croire qu'il publie réellement les résultats de ses
recherches sur le Rwanda alors qu'en réalité il y a plus de 15 ans
qu'il ne se rend pas dans ce pays et qu'il n'y mène aucune recherche.
Il ne fait que de la compilation tendancieuse.
- Avoir, étant activiste des droits de l'homme, fréquenté et
collaboré avec des personnes moralement non recommandables, notamment
des génocidaire notoires.
- Avoir à plusieurs reprises, étant activiste des droits de l'homme,
fait la torture morale des Tutsi en leur prédisant une extermination
imminente. Il leur prédit un deuxième génocide et une fin fatale.
- Avoir à plusieurs reprises proféré des injures, des diffamations et de
l'invective à des personnes qui ne sont pas de son bord : personne, un
activiste des droits de l'homme encore moins, n'a droit de fouler aux
pieds les droits des autres.
- Avoir à plusieurs reprises fait preuve d'un comportement raciste et
néocolonialiste envers les africains : un petit notable parmi les
nègres auxquels il confère une constitution à leur mesure avec des
droits limités. Il ne peut imputer le crédit-génocide à un pays comme
Israël comme il le fait pour le Rwanda. Il traite Hassan Bubacar
Jellow, procureur à Arusha, de « lâche » alors qu'il avait épargné ses
prédécesseurs occidentaux qui n'ont pas fait autre chose ni mieux que
lui.
- Etre un opportuniste capable de s'accommoder avec n'importe quelle
dictature en Afrique ou ailleurs : ce n'est pas les droits de la
personne qui l'intéressent mais ses intérêts terre à terre.
- Etre un militant dévoyé qui a troqué sa discipline académique contre
un militantisme dont le travail n'est plus contrôlable par ses pairs ;
il évolue dans un monde souterrain qui s'est autoproclamé détenteur de
la vérité, de la justice et du monopole de distribuer les certificats
de bonnes vie, conduite et moeurs.
- Etre un négationniste et un révisionniste habile qui fait dire au
génocide ce que nulle autre personne, sauf un ultra, ne peut dire. Bien
sûr il le nie et se pose comme témoin à sa propre décharge.
- Etre à la fois un scientifique et un activiste des droits de l'homme
qui « louvoie ». C'est purement et simplement indigne d'un
universitaire.
- Etre un simple propagandiste du mensonge embaumé dans de publications
universitaires auxquelles il confère une pseudo-caution scientifique.
Sa stratégie s'apparente à celle du « grand mensonge » de Goebbels,
ministre de la Culture et de la Propagande de Hitler, qui disait : « si
vous répétez un mensonge assez souvent, si vous le criez assez fort, si
vous le mettez en valeur par une représentation soignée dans des
publications élégantes présentées par des personnes se targuant de
titres apparemment respectables, votre mensonge deviendra crédible pour
certains. [136]
- Etre passé du statut de consultant à celui « d'insultant » alors que
ce n'était pas nécessaire et de celui de chercheur engagé à celui de
militant enragé distribuant des injures à qui il veut, comme il veut,
faute d'arguments plus consistants.
Voilà F.R. Il y a beaucoup à dire mais je m'arrête ici. Je verrai plus
tard si c'est nécessaire de développer d'autres aspects de ce
personnage assez trouble. A mon humble avis il a atteint les limites
de ses capacités. Ceci expliquerait d'ailleurs pourquoi deux
chercheurs français se sont demandé pourquoi « le texte et le discours
de Reyntjens ne tiennent plus [137] ». Il n'aurait plus de crédibilité.
Si c'est le cas, ce personnage serait mort intellectuellement parlant
mais son cadavre, non encore enterré, devrait sentir mauvais pour
quelque temps encore. On ne devrait pas s'en faire.
[1] FILIP REYNTJENS
[2] Il s'agit de :
- FILIP REYNTJENS, Pouvoir et droit au Rwanda, Tervuren,
Belgique, 1985
- idem, Rwanda, trois jours qui ont fait basculer l'histoire,
L' Harmattan, Paris 1995.
- idem, L'Afrique des Grands Lacs (Chroniques), Annuaires, 1996
- 1997 à 2008 - 2009.
- Idem, Les risques du métier, Harmattan, 2009. Ce livre a été
fort critiqué par deux anthropologues français, Alexande Soucaille et
Arnaud Sauli, qui le traite de « galimatias » c.à.d. embrouillé et
confus.
- idem, La guerre de grands Lacs, Alliances mouvantes et conflits
extraterritoriaux en Afrique centrale, l'Harmattan, 1999.
- Quelques articles du même auteur publiés dans différentes
revues.
[3] Les termes en italique dans ce texte sont, sauf indication
contraire, de F.R. même si la source n'est pas toujours explicitement
citée.
[4] F.R., Les risques du métier, op.cit. p.2.
[5] F.R., Les risques du métier, (sous-titre du livre).
[6] F.R., Les risques du métier, op.cit, p.17
[7] F.R., Les risques du métier, op. cit. p. 46
[8] F.R., idem, op.cit, p.13
[9] F.R. in Revue juridique du Rwanda, vol.IV, o2 du 1 avril 1980. p.209
[10] F.R., idem, p.16
[11] F.R., idem, p.15
[12] F.R., Les risques du métier, p.17
[13] F.R. Procès d'intention et faux-fuyants au sujet du Rwanda: une
mise au point 1998, p.3
[14] F.R., idem, p.18
[15] F.R., idem, p.16
[16] Il n'a fait, en 1985, que citer en deux braves phrases, leur
assassinat dans son livre Pouvoir et Droit au Rwanda, p. 508.
[17] F.R., idem, op.cit, p.14
[18] F.R., Les risques du métier, op.cit, p.23.
[19] F.R. idem. p.23
[20] F.R., idem, p.21
[22] F.R. Rwanda Trois Jours..., op. cit. p.117
[23] Cette horrible politique rappelle l'argument des génocidaires qui
disaient que ou bien le FPR arrête les combats et le génocide s'arrête
ou bien il continue la guerre et le génocide continue.
[24] F.R., Les risques du métier, p.31
[25] F.R., Ibidem, p.32
[26] F.R., Ibidem, p.45.
[27] F.R., Ibidem, p.39
[28] F.R. Ibidem. p.43
[29] F.R., Les risques du métier, p.44.
[30] F.R., Idem, p.45.
[31] F.R., Les risques du métier, p.64. Il serait intéressent de
vérifier aujourd'hui si F.R. a témoigné à charge contre ces assassins et
ceux qui avaient préparé la politique du pire et du chaos. Il s'agit
dans les deux cas de Séraphin Rwabukumba, Protais Zigiranyirazo, Cap.
Simbikangwa, Theoneste Bagosora, Serubuga Laurent, Rwagafirita, Agathe
Kanziga, Joseph Nzirorera, Col. Sagatwa, Alphonse Ntirivamunda, Major
Nkundiye, Col. Anatole Nsengiyumva, Ngeze et Fidèle Mwambuka. B. Rucacu
y a été aussi cité.
[32] F.R. Trois Jours..., op.cit. p.19
[33] F.R. Idem p.22
[34] F.R. Idem, p.22
[35] F.R., Les risques du métier, op.cit, p.84.
[36] Il semble que ce serait la famille de Charles Karinijabo, ancien
doyen de la Faculté de droit, assassiné à Nyamirambo (Kigali) au début
du génocide des Tutsi en 1994.
[37] F.R., Idem, op.cit, p.86.
[38] F.R., Idem, op. cit.p.86
[39] F.R. Idem, op. cit. p.91
[40] F.R., Idem, op.cit, p.85.
[41] Filip Reyntjens, Rwanda trois jours qui ont fait basculer
l'histoire, op.cit, p.11.
[42] Filip Reyntjens, Idem, op.cit, p.118.
[43] Laure de Vulpian. Rwanda. Un génocide oublié ? Un procès pour
mémoire. Ed. Urukundo, 2004, p.79
[44] Dialogue/(Bruxelles) No.179, Nov.-Déc. 1994, p. 3 à 14
[45] Dialogue/(Bruxelles) No.179, Nov.-Déc. 1994, p.3
[46] Dialogue/(Bruxelles) No.179, Nov.-Déc. 1994, p.14 à 15
[47] Dialogue/(Bruxelles) No.179, Nov.-Déc. 1994, p.13
[48] F.R., L'Afrique des grands Lacs en crise. .. citée par F.R. dans Les
Risques du métier, p.107
[49] Dialogue/(Bruxelles) No.179, Nov.-Déc. 1994, p.13
[50] Au moment où je rédige ces lignes, je ne dispose pas non plus de
l'Annuaire de l'année 2000-2001
[51] Il s'agit principalement de Rwanda-Trois Jours... (1995), La
guerre des Grands Lacs (1999) et Les Risques du métier (2009 ).
Je ne dispose pas non plus de son livre : Afrique des grands lacs en
crise. Rwanda, Burundi : 1988-1994, Paris, Karthala 1994.
[52] Annuaire 1996-1997 p.44, Annuaire 1997-1998, p.88, Annuaire
1999-2000 et dans le livre La guerre des Grands Lacs. ..p.25
[53] Annuaire 2001-2002, p.46 et Annuaire 2005-2006, p10
[54] Annuaire 2002-2003, p.1 ; Annuaire 2004-2005, p.1, Annuaire
2006-2007, p.6 ; Annuaire 2007-2008, p ; Annuaire
2008-2009, p.4 ; Annuaire 2001-2002, p.46 et Annuaire 2005-2006, p10
[55] Annuaire 2002-2003, p.1 ; Annuaire 2004-2005, p.1, Annuaire
2006-2007, p.6 ; Annuaire 2007-2008, p ; Annuaire
2008-2009, p.4
[56] Annuaire 1996-1997, p. 45-46
[57] Annuaire 2003-2004
[58] Eugene Ndahayo, Rwanda. Le dessous des cartes, L'Harmattan 2000,
p.133.
[59] International Crisis Group, Fin de transition au Rwanda : une
libéralisation nécessaire, Bxl, 2002 p. 9
[60] F.R., Annuaire 2002-2003, p.5
[61] Annuaire, 2005-2006, p.20
[62] Annuaire 2002-2003, p.2
[63] Annuaire 2002-2003, p.29
[64] Il l'a décrit dans son livre ''Les Risques du métier'' p.34 ;
dans l'Annuaire 2004-2005, p.14 ; dans l'Annuaire 2006-2007, p.10 ;
dans l'Annuaire 2007-2008 p. ; dans l'Annuaire 2008-2009.p.
[65] On trouve la description de ce syndicat de délateurs dans
l'Annuaire 1997-1998, p.84 ; dans l'Annuaire 1998-1999, p.149 et dans
l'Annuaire 1999-2000, p.103. En réalité, cette idée de « syndicat de
délateurs » avait été inventée par un certain Joseph Matata en 1995,
donc bien avant le fonctionnement effectif de Gacaca et du TPIR : voir
Dialogue no 186 d'octobre-nov. 1995. F.R. reprend cette idée et lui
confère une autorité et un statut de savoir scientifique pouvant servir
comme une référence autorisée. C'est pernicieux de la part de F.R.
[66] F.R. Les risques du métier, op.cit.p.129
[67] F.R, Les risques du métier, p.84
[68] Annuaire, 2008-2009, p.8
[69] (50) Penal reform international, Huit ans après. ... Le point sur
le monitoring de la Gacaca au Rwanda ; 2010, p.63
[70] F.R., Annuaire ,1997-1998 ,p.83
[71] Annuaire 1997-1998, p.287
[72] Annuaire 1997-1998, p.303
[73] Annuaire 1997-1998, p.287
[74] F.R., Les risques du métier, op.cit. p.112
[75] F.R., La guerre des Grands Lacs. ..op.cit.p.137-138
[76] Annuaire, 1999-2000, p.107
[77] Annuaire, 1999-2000, p.108
[78] Annuaire, 1999-2000, p.109
[79] Annuaire 1999-2000, p.109
[80] F.R, Les risques du métier, op.cit p.14
[81] Au moment où j'écris ces lignes, je vois au hasard dans les rayons
de ce que j'appelle pompeusement ma bibliothèque
les ouvrages achetés
à Kigali comme ceux par exemple de cap. Barril (1996), M. Debré (1998) et
(2006), M-A. Umurerwa(2000), L. Kabagema (2001), L. Nduwayo (2002), M.B
Umutesi(2000), J. Karimumuryango (2002) ; A.E Gakusi(2003), R. Philpot
(2003), V. Ndamage(2004), T. Cruvellier(2004), Ph. Mpayimana(2004), Charles
Onana(2003), P. Péan(2005), G. Musabyimana (2005), L. Ntasoni (2007), P.C
Bakundi Kicaro (2006), G. Musabyimana(2008), S. Mbonyumutwa (2009),
B. Rugumaho(2004), D. Tauzin (2011), A. Guichaoua (2010),
A. Ruzibiza(2005.), J.B. Nkuliyingoma(2011) et Remaking Rwanda (2011) et,
bien entendu, presque tous les Annuaires de l'Afrique des Grands lacs
et trois ou quatre livres de F. Reyntjens. J'en ai lu pas mal, c'est
souvent des inepties insipides qui reviennent d'un livre à l'autre. Ils
se recopient ou se citent mutuellement. Ce serait à mon avis inutile de
les interdire.
[82] Annuaire 2002-2003, p.7 et p.18
[83] Annuaire 2002-2003, p.7 et p.18
[84] Annuaire 2007-2008, p.21
[85] Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales citée par Roger Errera in Les Libertés à
l'abandon, Seuil, 1968 p.196
[86] Annuaire 2005-2006, p.10
[87] F.R. Les risques du métier. op.cit..p.130
[88] Annuaire 1999-2000, p.103-104
[89] Le Père Theunis a par ex. traduit et rediffusé les extraits des
Kangura nos : 33, 34, 35, 51, 56,60, 61, 62, 63, 64 et74
[90] Annuaire, 2007-2008, p.19
[91] Annuaire 2007-2008, p.20
[92] F.R.Annuaire 2008-2009,p.20
[93] Extrait du texte conjoint des anthropologues travaillant sur les
« Postcolonial Studies » Alexandre Soucalle et Arnaud Sauli au colloque
« Tentations de réécriture de l'histoire du génocide des Tutsi
rwandais », EHESS, Paris Janvier 2010.
[94] Dialogue, Kigali, 192-193, Déc.2010, p.94
[95] Annuaire 2001-2002, p.45
[96] Annuaire 1999-2000, p.97-98,100 et 101
[97] Annuaire 2002-2003, p.1
[98] Annuaire 2002-2003, p.5
[99] Annuaire 2003-2004, p.2
[100] Annuaire 2006-2007, p.19
[101] F.R. : Rwanda, Trois Jours..., op.cit. p.120.
[102] Annuaire 1996-1997, p.56
[103] Idem. ..p.56
[104] Annuaire 1997-1998, p.89
[105] Annuaire 1999-2000,p.125
[106] Annuaire 2002-2003, p.29
[107] Annuaire 2003-2004, p.11 et 9
[108] Annuaire 2005-2006, p. 22
[109] Annuaire 2005-2006, p.22
[110] Annuaire 2005-2006, p.23
[111] Annuaire2008-2009, p.27
[112] Annuaire 1997-1998, p.95
[113] Annuaire 1998-1999, p.155
[114] Annuaire 1998-1999, p.28
[115] Annuaire 1999-2000, p.125
[116] Annuaire 2003-2004, p.16
[117] Annuaire 2007-2008, p.5
[118] Annuaire 2007-2008, p.27-28, et Annuaire 2001-2002, p.45
[119] Annuaire 2001-20002, p.45
[120] Idem..., p.50
[121] F.R., La guerre des grands Lacs. op.cit. p.26
[122] Ibidem, p.29
[123] Annuaire 2002-2003, p.28
[124] Il s'agit du « Mandat belge » lui conféré par La Société des
Nations » en 1924, de « L'Accord de tutelle » belge lui conféré par
les Nations-Unies en 1949 et de « La Minuar » également des
Nations-Unies en 1993
[125] Annuaire 2003-2004, p.20
[126] F.R., Annuaire,2003-2004 ,p.20
[127] Idem p.21
[128] Annuaire 2005-2006, p.22
[129] Idem. .., p.22
[130] Annuaire 2007-2008, p.1
[131] Idem..., p.5
[132] Ibidem. .., p.28
[133] J'en ai pris conscience en lisant le livre de Nkuliyingoma mais
il n'est pas le seul : c'est du Reyntjens craché
[134] F.R. Les Risques du métier, op. cit. p.27
[135] F.R., Annuaire 2002-2003 ,p.29
[136] Israël. W.Charny, Le Livre noir de l'humanité, Encyclopédie
mondiale des génocides, Édit. Privat, 2001 p.408
[137] Intervention Alexandre Soucaille et Arnaud Sauli (01/2010)