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KIGALI, 9 octobre, Reuter - Des soldats hutus et des miliciens ont exterminé en avril dernier pratiquement tous les 750 patients du principal hôpital psychiatrique du Rwanda, a révélé dimanche Jose Anseilmo du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
``Les malades n'ont pas compris ce qui leur arrivait. Ils ont commencé à déambuler, à chanter les
mains en l'air'', a expliqué Marianne Nujawayezu, assistante sociale dans cet hôpital.
Aujourd'hui, il ne reste pratiquement plus rien du centre psychiatrique Ndera, situé à 13 km de Kigali, auparavant administré par l'ordre belge des Frères de la charité.
Le massacre a eu lieu peu après l'assassinat du président Juvénal Habyaramina, qui a mis le feu aux
poudres dans ce petit pays d'Afrique centrale et déclenché un bain de sang qui a fait près d'un million de morts.
Selon Marianne Nujawayezu, des membres de la milice Interhamwe et des soldats, appuyés par des véhicules blindés ont assiégé l'hôpital pendant quatre jours, aussitôt après l'évacuation par l'Onu des prêtres belges.
``De l'extérieur, ils ont tiré sur l'hôpital et, par dessus les murs, ont jeté des grenades dans la cour'', a-t-elle déclaré.
Quelque 2.000 Tutsis et autres Rwandais y étaient venus se réfugier. Ils ont soudé les portes et se sont défendus à l'aide de quelques fusils. Mais ils ont rapidement été submergés et ont été tués, a-t-elle ajouté.
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Carnage
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``Les malades qui ont survécu ont été abattus ensuite, car la milice Interahamwe a estimé qu'il ne
s'agissait pas de véritables malades mentaux et qu'ils simulaient pour sauver leur vie'', a raconté Marianne Nujawayezu.
Ils ont été enterrés dans une forêt à proximité avec les quelques 1.000 réfugiés tués à l'intérieur
de l'hôpital.
Aujourd'hui, les murs des bâtiments sont criblés de balles, les lits, le matériel médical et même les portes ont disparu.
Le ministère de la Santé, avec l'aide de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), du CICR et de l'Unicef veulent rouvrir l'hôpital mais, selon un administrateur, les fonds manquent pour embaucher du personnel.
Les quelques malades restés sur place, gravement traumatisés, dépendent d'un médecin qui vit à 140 km de là et vient tous les 15 jours leur rendre visite et leur prescrire des tranquillisants. Le CICR fournit vivres et couvertures.
Un ancien membre de la milice Interahamwe, enfermé dans une cellule sans fenêtre, hurle jour et
nuit. ``Je ne suis pas Tutsi, vous êtes Tutsis. je vais vous tuer, Ta-ta-ta-ta.'' /AP
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