Citation
Plusieurs journaux, dont Le Monde diplomatique (nov 2004) font état de
la loi sur la répression de l'activité de mercenariat, adoptée à
l'unanimité par l'Assemblée nationale, le 03 avril 2003. Le mensuel, qui
rappelle que selon cette loi le terme « mercenaire » s'applique à tout
individu « spécialement recruté pour combattre dans un conflit armé »,
non ressortissant d'un Etat partie à ce conflit ni membre de ses forces
armées, qui « prend ou tente de prendre une part directe aux hostilités
(...) en vue d'obtenir un avantage personnel », rapporte également les
propos du ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, qui déclarait le
06 février 2003 au Sénat : « Ce projet de loi répond à une demande
pressante et justifiée de pays amis, principalement africains ».
Cette loi, souligne le périodique, constitue « un gage de bonne
volonté » de Paris à l'égard des gouvernements africains, car la France
mais aussi le Royaume-Uni, l'Afrique du Sud et Israël ont fait partie
des grands pourvoyeurs de mercenaires. La France, avec les
fonctionnaires de la défense et de la police qui bénéficient d'une
retraite anticipée, avec les unités d'élite de la gendarmerie, la légion
étrangère, les services de renseignement, les régiments de parachutistes
ou encore des services d'ordre privés comme le Département protection
sécurité du Front national offrent «une main d'?uvre de choix » pour des
opérations à mener en clandestinité, comme en Côte d'Ivoire en 2001 et
2003, précise Philippe Lemayrie dans Le Monde Diplomatique. Ce
journaliste souligne par ailleurs une évolution depuis quelques années
au sein de la personnalité du mercenaire qui fait que l'on est passé
d'un mercenariat qualifié « romantique à dominante idéologique » à « un
mercenariat d'entreprise à motivation financière ».
L'auteur cite quelques noms de sociétés pouvant être amenées à réaliser
ce type d'activité. La société française comme Géos, alimentées par
d'anciens officiers supérieurs à l'exemple du Colonel (ER) Alain Le
Caro, ou encore du général Jannou Lacaze (ex-chef d'état-major des
armées) qui conseille la société Géos, dont le général Jean Heinrich
ancien patron de la DRM et des opérations spéciales de la DGSE préside
le conseil de surveillance. On trouve également à la tête du groupe
Barril Securité, une des principales entreprises du genre, Paul barril,
un ancien officier de gendarmerie de l'Elysée, qui propose son
savoir-faire en matière de « gestion de crise ».
Or, comme le souligne Le Monde Diplomatique, les conventions de l'ONU et
de l'Union africaine, tout comme les lois sud-africaine ou française,
qui « interdisent théoriquement le mercenariat, sont aisément
contournées par ces sociétés de sécurité ». Selon François Dominguez et
Barbara Vignaux (Le Monde Diplomatique août 2003) « la France proclame
avoir opté pour la voie de la prohibition. Mais le doute subsiste », ce
qui, selon ces journalistes explique peut-être l'ambiguïté du propos
tenu par le ministre français de la défense, lors de la présentation du
projet de loi qui déclarait le 3 avril 2003 au Sénat : « Il convient de
sanctionner les excès du mercenariat en encadrant sa pratique ».... A
quelle fin ? s'interdire désormais le recours aux soldats privés ? ou
rétablir un mercenariat plus contrôlable ? », s'interrogent les
journalistes.
Des activités de mercenariats constatées en Côte d'Ivoire
Des activités de mercenariat réalisées en Côte d'Ivoire par des Français
avant l'adoption de la loi française.
Avant l'adoption de cette loi française sur l'interdiction du
mercenariat, François Dominguez et Barbara Vignaux (Le Monde
Diplomatique août 2003) constatent que tous les présidents de la Vème
République ont « laissé faire sinon provoqué des opérations de
mercenariat ». Ainsi, sous la présidence de Jacques Chirac plusieurs
opérations ont été déroulées dans différents pays d'Afrique, notamment
en Côte d'Ivoire en 2000 et 2002, soulignent les journalistes.
L'opération mercenaire se déroule parfois dans un « schéma bien huilé :
assistance militaire, mercenaires, troupes régulières ». Un schéma qui
s'applique à la situation qu'à connue la Côte d'Ivoire au lendemain du
coup d'Etat du 19 septembre 2002, où, les troupes françaises se sont
déployées pour faire respecter le cessez-le-feu, après que le ministre
des affaires étrangères, Dominique de Villepin, eut demandé au président
ivoirien de renvoyer les mercenaires, explique Le Monde Diplomatique.
Le site Afrique Express relève le 29/11/2002 la présence d'une
cinquantaine de mercenaires sur le territoire ivoirien pour instruire
les FANCI, parmi lesquels certains sont de nationalité française. leur
rôle est d'enseigner aux Ivoiriens le maniement de certaines armes.
Selon le site internet du Mouvement patriotique de Cote d'Ivoire, les
mercenaires français sont au nombre de neuf et les plus connus sont
d'anciens proches de Bob Dénard. Ce site précise que ces mercenaires
seraient dirigés par Dominique Malacrino, allias « commandant Marquez ».
L'implication directe de la loi française qui condamne le mercenariat /
à la situation en Côte d'Ivoire
L'ensemble de la presse entre fin août le 1er septembre 2003 ainsi que
Le Monde Diplomatique (nov 2004) soulignent que l'adoption de cette loi
a eu comme implication directe, l'arrestation, en août 2003 à Paris,
d'Ibrahim Coulibaly, un des chefs militaires de la rébellion ivoirienne
et une dizaine de mercenaires qui comptaient entreprendre la
déstabilisation de la Côte d'Ivoire en renversant son président, Laurent
Gbagbo. Des anciens de la légion étrangère figuraient parmi ceux-ci,
précise une dépêche AFP, reprise par l'Humanité (27/08/03). Libération
(28/08/03) confirme pour sa part que durant de la garde à vue à la DST,
« d'anciens militaires français auraient reconnu avoir été recrutés par
le sergent-chef Ibrahim Coulibaly (...) pour assassiner le président
Laurent Gbagbo ». Ce même quotidien dans son édition du 26 /08/03
rapportait les propos du porte-parole du MAE, Hervé Ladsous, qui
confirmait que : « Cette opération constitue le premier cas
d'application de la nouvelle loi contre le mercenariat que la France
entend appliquer avec la plus grande fermeté ».
Activités révélées par la presse de l'agissement de d'autres mercenaires
principalement non Français, en Côte d'Ivoire, ces deux dernières
années.
On trouve peu d'articles faisant état de la présence récente de
mercenaires français en Côte d'Ivoire. Les informations faisant état de
cette présence se trouvent essentiellement dans la presse ivoirienne
pro-gouvernementale à l'instar Fraternité Matin (13/12/04) qui souligne
que les rebelles n'ont pas renoncé à renverser le régime du président
Gbagbo en renouvelant leur arsenal et en le regroupant à Katiola où « la
se trouvent des mercenaires français au nombre desquels Merthe,
l'adjudan Kilman et Larso ». Un autre article de Wikipédia, trouvé sur
le site des Fanci, signale que depuis la rébellion de septembre 2002 le
gouvernement ivoirien a recruté de nombreux soldats à l'étranger et des
mercenaires venant de différents pays d'Europe et d`Afrique. Wikipédia
cite notamment la présence d'au moins 25 mercenaires renvoyés en France
après les événements de novembre 2004.
En revanche, régulièrement la presse se fait l'écho de la présence de
mercenaires en Côte d'Ivoire qui ne sont pas Français. Ainsi le Monde
Diplomatique signale la présence de mercenaires libériens, en 2002,
venus épauler le régime du général Robert Gueï, puis le rébellion
militaire contre le président ivoirien. RFI (18/11/2004) qui fait état
d'intense combats dans la région de Bin Houin, en 2003, entre les
rebelles ivoiriens et les forces loyalistes de Laurent Gbagbo,
rapportent qu'ils sont appuyés par des mercenaires libériens qui servent
de force supplétives aux militaires du président et qui sont tous
originaires de l'ethnie Krahn.
Une dépêche de l'AFP du 04/01/03 reprise par la presse rapporte que le
président Ivoirien s'engage à instaurer un cessez-le-feu en Côte
d'ivoire et à faire quitter le territoire aux mercenaires combattant aux
côtés des forces régulières ivoiriennes, faisant suite à une visite du
ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui
lui avait demandé le départ de tous les mercenaires ; certains ayant été
notamment responsable du bombardement le 31 décembre 2002 d'un village
situé en zone rebelle. Le Nouvel observateur (09/01/03) en fait
également état en signalant que l'armée française a bien vu l'incident
et n'hésite pas à dénoncer les auteurs : des mercenaires de Gbagbo.
Pourtant en août 2004, au chapitre mercenariat Le Monde Diplomatique
fait à nouveau état de la présence de mercenaires et note qu'il s'agit
d'une nouvelle équipe de pilotes de chasse Ukrainiens, engagés par le
président Gbagbo qui, au delà de l'assistance technique au profit de
l'armée de l'air, peut être amenée à effectuer directement des
opérations militaires comme ce fut le cas lors des pilonnages de Zouan,
Vavoua, et Gohitfala.