Attention : ce document exprime l'idéologie des auteurs du génocide contre les Tutsi ou se montre tolérant à son égard.
Extrait de
Monique Mas, Paris-Kigali 1990-1994, L'Harmattan, 1999, pp. 261-263
Commentaire
Commentary by Monique Mas on this text: "We can already see the elimination of Juvénal Habyarimana in the program: political elimination for sure; since it calls for the resignation of the Prime Minister and the President of the Republic; physical elimination perhaps, in view of the charges of high treason and in view of the murders which have already begun to emphasize political tension in Rwanda. From the presentation of motives (positions, careers and power) to militarization of civilians through the designation of culprits (Uganda, the RPF, their accomplices - a word that will kill many - and the traitors signatories of Arusha), everything is in this text emblematic of what is said in Rwandan circles hostile to negotiations and the sharing of power with the RPF".
Citation
Le comité exécutif du parti CDR s'est réuni le 9 mars 1993 et a
minutieusement examiné le communiqué conjoint publié à l'issue de la
rencontre de haut niveau entre le gouvernement de la République rwandaise
et le Front patriotique rwandais, tenue à Dar-es-Salam du 5 au 7 mars
1993.
Il tient à cet égard à porter à la connaissance du public ce qui suit :
Le parti CDR estime que le Premier ministre Nsengivaremye a
outrepassé ses pouvoirs en prenant des décisions exécutoires mettant en
cause la souveraineté nationale. Il a notamment souscrit à des mesures qui
affaiblissent la capacité de défense du pays, de surcroît, en temps de guerre
et qui mettent en danger la sécurité des populations, telles que l'interdiction
de recrutements militaires, l'interdiction d'acquérir de nouveaux
armements, l'interdiction d'assurer la défense civile et la protection des
étrangers par les moyens les plus appropriés.
Le Premier ministre a consacré la chasse aux sorcières en acceptant
de placer l'administration rwandaise sous la tutelle du FPR, qui de ce fait,
s'apprête à faire licencier ou emprisonner arbitrairement les agents de
l'État non voués à sa cause.
Monsieur Nsengiyaremye qui prétend se battre pour la démocratie a
pourtant souscrit à la proposition du FPR de muscler la presse rwandaise et
d'empêcher les partis politiques d'exprimer librement leurs opinions dans
les médias publics et spécialement lors de meetings.
De connivence avec le FPR, Dr Nsengiyaremye a enfin donné aux
protocoles déjà signés à Arusha la force obligatoire, protocoles pourtant
décriés par la majorité de la population.
Le parti CDR a été profondément choqué par l'attitude de Monsieur
Habyarimana Juvénal, président de la République. qui a approuvé le
contenu de ce communiqué qui lèse manifestement les intérêts du peuple
rwandais. Ceci montre clairement que Monsieur Habyarimana Juvénal,
président de la République ne se préoccupe plus des intérêts de la Nation ;
il a plutôt d'autres intérêts à défendre.
Compte tenu de ce qui précède, le parti CDR considère que :
Les engagements pris par le Premier ministre et avalisés par le Président de la République constituent un acte de haute trahison. En plus, le
Premier ministre a menti au peuple car le communiqué signé ne correspond
pas à ce qu'il a déclaré à la radio.
Le président de la République et le Premier ministre doivent
démissionner sans tarder, à défaut de quoi le peuple doit se mobiliser,
toutes les sensibilités confondues, pour les y contraindre.
Le peuple doit en outre exiger le départ des troupes ougandaises, seules forces étrangères combattantes se trouvant sur le territoire rwandais. Par contre, il doit soutenir le maintien du contingent militaire français qui n'est au Rwanda que pour des raisons humanitaires et dans le cadre des accords de coopération.
La population rwandaise doit être initiée à la défense civile afin
qu'elle contribue elle-même à sa propre sécurité avec les moyens que l'Etat
doit mettre à sa disposition
La chasse aux sorcières commanditées [sic] par le FPR dont Monsieur
Nsengivaremye et Habyarimana ont accepté d'être complices est indigne et
illégale. Le parti CDR appelle le peuple rwandais et particulièrement les
agents de l'Etat, à dénoncer cette irahison et à refuser de se soumettre au
diktat du FPR
Le parti CDR profite de l'occasion pour lancer un appel à ses
adhérents, aux autres forces démocratiques authentiques et aux Forces
armées rwandaises, de marquer leur refus catégorique de la capitulation
acceptée par le Premier ministre Dismas Nsengiyaremye et le président de
la République Monsieur Habyarimana Juvénal.
Enfin, le parti CDR réitère son soutien à tout changement
démocratique mais rejette le coup d'état concocté à Arusha. Il exige
toujours la révision des protocoles relatifs au partage du pouvoir pendant
la période de transition et s'oppose à toute précipitation des négociations
uniquement pour satisfaire aux exigences du FPR et au désir de Monsieur
Dismas Nsengiyaremye et de Monsieur Habyarimana Juvénal de se
maintenir à leurs postes.