Résumé
- The end of Operation Turquoise in Rwanda. The last French soldiers will be gone tomorrow evening [August 21]. Some will be withdrawn to Zaire. Hutu refugees continue to flee by the thousands and Zaire this afternoon closed its border with Rwanda at the Bukavu post. According to the organization Médecins sans frontières, "the French troops are leaving Rwanda, leaving behind a chaos".
- It's 1.50 p.m., the border has just closed. This child implores, begs to be allowed to pass. He came alone to look for some wood in Rwanda, his family is on the other side, in Zaire. The closure of the border stops tens of thousands of refugees in their exodus. It is the French soldiers who are responsible for applying the decision and stopping the crowd at the entrance to the bridge. A thronging crowd, anguished faces, desperate looks. The panicked Rwandans are stranded by the river in the greatest confusion.
- Very quickly, some will try to leave Rwanda by all means. Some take the plunge and try to swim to Zaire. Carried away by the current, a man is fished out by a French legionnaire. His attempt failed but his life is saved.
- On the other side of the bridge, the Zairians are pushing back the last Rwandans. On the banks, they try to catch the refugees who have swam across, and the crowd cheers when one manages to escape. But few of them try their luck. 30,000 refugees are waiting there, with fear in their stomachs but calmly. Chris Janowski, "H.C.R. Press Officer" : "Some people are desperate and determined to cross the border. But I don't see signs of panic on a large scale".
- A little later, the Ethiopian soldiers of the UNAMIR, who will officially take over from the French on Sunday [August 21], arrive as reinforcements to contain the refugees. Confusion of the Rwandans who today accept even less the departure of the French. Lieutenant-Colonel Jacques Hogard: "I have just had a good time with Colonel Opango, who is my counterpart on the Zairian side. Like me, he is convinced that the solution is not to close the border".
- On the eve of the departure of the last French forces still present in Rwanda, General Lafourcade affirmed that it would be wise to leave the humanitarian security zone demilitarized.
- At the border post on the Rwanda side, there are really a lot of people. There would be about 30,000 people. And there would be about as many who are on their way across the entire French zone and who are currently converging on this border. On site, there is currently no reception structure. NGOs and UNHCR are trying to set up camps, but for the moment nothing is operational.
- Tonight the situation is rather calm. But they say that if it is calm, it is because the French are still there. And everyone fears their departure on Sunday [August 21] and a wind of panic could seize the population.
Citation
[Claire Chazal :] Au sommaire de ce journal : le départ des derniers soldats français du Rwanda. Alors que les réfugiés hutu continuent de fuir leur pays et que le Zaïre a décidé de fermer sa frontière.
[…]
Venons-en tout de suite à l'actualité à l'étranger avec tout d'abord la fin de l'opération Turquoise au Rwanda. Les derniers soldats français seront partis demain soir [21 août]. Certains seront repliés au Zaïre. Les réfugiés hutu continuent de [inaudible] par milliers et le Zaïre a fermé cet après-midi sa frontière avec le Rwanda au poste de Bukavu. Selon l'organisation Médecins sans frontières, "les troupes françaises quittent le Rwanda en laissant… -- je cite l'organisation --, en laissant derrière elles un chaos". Sur place Nellie Pons et Mathieu Dupont ont assisté à des scènes souvent dramatiques.
[Nellie Pons :] Il est 13 h 50 [gros plan sur un enfant en train de pleurer à chaudes larmes], la frontière vient de fermer [une incrustation "Frontière Rwanda / Zaïre" s'affiche à l'écran]. Cet enfant implore, supplie qu'on le laisse passer [on voit un soldat français le repousser doucement avec d'autres enfants]. Il est venu seul chercher un peu de bois au Rwanda, sa famille est de l'autre côté, au Zaïre.
La fermeture de la frontière stoppe dans leur exode des dizaines de milliers de réfugiés [on entend toujours la voix de l'enfant en train de pleurer]. Ce sont les militaires français qui sont chargés d'appliquer la décision [gros plan sur le visage d'un enfant en pleurs] du [inaudible] et d'arrêter la foule à l'entrée du pont. Une foule qui se presse, visages angoissés, regards désespérés [on voit des soldats français repousser la foule avec leur bras]. Les Rwandais paniqués sont bloqués au bord de la rivière dans la plus grande confusion [on entend la voix d'un soldat français dire aux réfugiés : "Allez, dégagez !"].
Très vite, quelques-uns vont essayer de quitter le Rwanda par tous les moyens [on voit des Rwandais en train de traverser la rivière à la nage]. Certains se jettent à l'eau et tentent de gagner le Zaïre à la nage [on entend un soldat français crier à son collègue : "Il est en train de se noyer, là, hein !"]. Entraîné par le courant, il est repêché par un légionnaire français. Sa tentative a échoué mais il a la vie sauve.
[Le Rwandais : "Avec mes vaches et avec mes a…, mes amis, nous allons traverser à la nage. Ce qu'il nous faut c'est traverser ! Si nous allons mourir, nous allons mourir !".]
De l'autre côté du pont, les Zaïrois refoulent les dernières [inaudible]. La frontière est [inaudible] tentatives de passage. La frontière est vraiment fermée [on voit un soldat zaïrois repousser une femme avec un bâton]. Sur les berges, ils tentent d'attraper les réfugiés qui ont traversé à la nage et la foule applaudit lorsque l'un d'eux réussit à s'échapper [scène de liesse des réfugiés]. Mais ils sont peu nombreux à tenter leur chance. 30 000 réfugiés attendent, sur place, la peur au ventre mais dans le calme.
[Chris Janowski, "Officier de presse du H.C.R." [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "Certaines personnes sont désespérées et déterminées à passer la frontière. Mais je ne vois pas apparaître des signes de panique à grande échelle".]
Un peu plus tard, les soldats éthiopiens de la MINUAR, qui prendront officiellement la relève des Français dimanche [21 août], arrivent en renfort pour contenir les réfugiés. Désarroi des Rwandais qui acceptent encore moins aujourd'hui le départ des Français.
[On voit Jacques Hogard s'adresser à des réfugiés : - "On va…, on va vous confier à…, aux soldats qui sont là". On entend les protestations des réfugiés puis l'un d'eux dit : - "Nous n'avons pas confiance en ces soldats-là". Jacques Hogard : - "Si. Ce sont des bons soldats". Réponse en chœur des réfugiés : - "Ah non, non !". Le même réfugié que ci-avant : - "Nous ne savons pas comment un Africain peut protéger un Africain". Jacques Hogard : - "Si, si. Non mais si !". Les réfugiés : - "Non, non !". Jacques Hogard : - "Mais si ce sont des bons soldats, il faut me croire".]
["Lt-Colonel Hogart" [Hogard] : "Je viens de passer un bon moment avec le…, le colonel Opango, là, qui est mon homologue si je puis dire, du côté zaïrois. Il est convaincu comme moi que la solution n'est pas de fermer la frontière".]
Pour le moment les négociations menées par le lieutenant-colonel français n'ont pas abouti. Les réfugiés rwandais s'installent à la frontière pour passer la nuit.
[Claire Chazal :] Et à la veille du départ, donc, des dernières forces françaises encore présentes au Rwanda, le général Lafourcade -- le commandant de l'opération Turquoise -- a affirmé que la sagesse serait de laisser démilitarisée la zone humanitaire de sécurité.
[Claire Chazal interviewe à présent Nellie Pons en duplex de Bukavu.]
Claire Chazal : Alors Nellie Pons, vous êtes en direct avec nous de Bukavu. Vous avez donc vu ces…, ces milliers de réfugiés qui se pressent à la frontière. Vous nous avez dit que cette frontière est fermée désormais. Est-ce qu'elle pourrait être rouverte dans les jours prochains ?
Nellie Pons : Écoutez, pour le moment, ce soir il est, euh…, assez difficile de répondre à cette question. Vous l'avez vu, euh, des troupes sont arrivées en renfort pour éviter des…, des débarquements [débordements] pendant la nuit. Et on peut dire que ce soir la frontière est hermétiquement [inaudible]. [Inaudible] décision est annoncée depuis deux jours. Euh, toutes les rumeurs ont couru à ce sujet. C'est arrivé cet après-midi, sans que personne ait pu le prévoir. Alors le lieutenant-colonel, euh, Hogard, euh…, commandant des troupes françaises à Cyangugu, euh, fait tout ce qu'il peut pour essayer de, euh…, d'infléchir les autorités zaïroises et de faire réouvrir [sic] la…, la frontière. Il se dit, euh, optimiste mais ne peut pourtant pas ce soir, euh, dire si elle va réouvrir [sic] et quand elle va réouvrir [sic].
Claire Chazal : Alors Nellie, quelle va être maintenant la situation de ces…, de ces réfugiés, de ces fuyards après le…, le départ des Français ?
Nellie Pons : Eh bien écoutez, euh, vous l'avez vu, au poste-frontière côté Rwanda, il y a vraiment énormément de monde. Il y aurait à peu près 30 000 personnes. Et il y en aurait à peu près autant qui sont en route à travers toute la zone française et qui convergent actuellement, euh, vers cette frontière. Alors sur place il n'y a pour le moment aucune, euh, structure d'accueil. Les ONG et le HCR essaient de monter des camps, ils y travaillent depuis ce matin. Mais pour le moment, euh, rien n'est opérationnel. Alors ce soir la situation est plutôt calme. Mais on dit que si elle est calme, c'est parce que les Français sont encore là. Et tout le monde redoute leur, euh, départ dimanche [21 août] et un vent de panique qui pourrait saisir la population.
Claire Chazal : Merci beaucoup Nellie Pons pour…, pour tous ces…, ces détails.