Fiche du document numéro 35680

Num
35680
Date
Mardi 24 décembre 2013
Amj
Auteur
Fichier
Taille
1926146
Pages
1
Titre
Lettre à Olivier Schrameck, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel
Nom cité
Mot-clé
Source
Type
Lettre
Langue
FR
Citation
ffrÛka
Maison des Associations
23, rue Greneta
75002 Paris
e-mail : çontact@ibuka-france.org

Paris, le 24 décembre 2013

Monsieur Olivier Shrameck
Président du ConseilSupérieur de I'Audiovisuel (CSA)
39-43 Quai André Citroën
75015 Paris

Monsieur le Président,
L'association pour la mémoire du génocide des Tutsi du Rwanda, lbuka France, proteste contre la
profanation de cette mémoire par la chaine Canal+ le vendredi 20 décembre dernier dans son
émission phare < Le Débarquement - Le rendez-vous en parenthèses inattendues> :
http://wr,rvw.canalplus.frlc-divertissement/c-le-debarquement-le-site/pid5376-lessketchs. html?vid=99 1 862
Dans un dialogue entre comédiens autour d'un thé à la menthe et d'un repas, on entend dire
ç Franchement, même après legénæide, i/ssonf encore lâces Rwandais... onteditGénocide,
Génocide, moije trouve qu'il y en a encore un paquet en pleine forme... Fais dodo Colas mon p'tit
frère... Maman esf en haut coupée en morceau... Papa esf en bas, il lui manque un bras... y.
Pire que les mots, nous dénonçons I'ambiance de gouaillerie dans laquelle a baigné l'échange. Peuton rire autant de la souffrance des autres ? Les tirades des comédiens et le rire du public rappellent
étrangement les émissions de la fameuse Radio des Mille Collines (RTLM) à Kigalien 1994 dans
lesquelles les appels aux meurtres étaient accompagnés de plaisanteries cyniques. un paquet > évoque la formule largement attribuée à la RTLM : < la fosse n'est pas encore pleine >.
Quant à la berceuse macabre, elle rappelle par trop la morbidité des caricatures du bimensuel raciste
Kangura.
Au nom des victimes, nous demandons :
au CSA de publier des excuses publiques pour son manque de vigilance
à la Chaîne de condamner les auteurs du scénario
aux pouvoirs publics de sortir d'un silence et des ambiguiTés qui sont devenus le lit d'un
négationnisme public et vulgaire.
Que I'on nous comprenne bien. Nous ne sommes pas contre la liberté de création. Mais lorsque celleci devient le lieu d'outrage à la douleur des femmes et des hommes, ilfaut le dénoncer. Non, on ne
peut pas tout dire. En tout cas, nous estimons qu'on ne peut pas rire de tout.
Et s'il est vrai que I'on peut apprendre en s'amusant et que l'on peut donc enseigner tout en faisant
rire, ily a, dans ce cas, besoin d'un avertissement. Dans un pays où même les manuels scolaires font
encore la confusion entre victimes et bourreaux du génocide des Tutsi, ce montage de scènes
invraisemblables et aussi blessantes les unes que les autres, ne peut que contribuer à brouiller les
pistes en faisant souffrir les rescapés encore davantage. Pourquoi cela à la veille de la vingtième commémoration ?
Veuillez agréer, Monsieur le Président, I'assurance de ma considération distinguée.

CC:

Marcel Kabanda
Président d'lbuka France
P.O Le Sùrétàire Général

t Mme Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication
fl M. Bertrand Meheut, Président du Directoire de Canal Plus

Association IBUKA France, Mémoire, Justice, et Soutien aux rescapés, Association de loi 1901

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