Fiche du document numéro 35660

Num
35660
Date
Lundi 11 avril 1994
Amj
Fichier
Taille
5388142
Pages
2
Urlorg
Titre
Note quotidienne de situation du 11 avril 1994
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Cote
N°1179/DEF/DRM/SDE/SITU/CD ; SHD_GR 2000 Z 306:4 (211-210)
Source
DRM
Fonds d'archives
Type
Document militaire
Langue
FR
Classification
CD
Declassification
Min. Def. N° 001287 du 19 MARS 2021
Citation
NOTE QUOTIDIENNE DE SITUATION DU 11 avril 1994

1. RWANDA

La situation demeure confuse à Kigali, qui apparaît menacée par les troupes rebelles, et qui est ravagée comme la province par les pillages et les tirs isolés. Une réunion entre les autorités rwandaises, le chef de la Mission des Nations unies au Rwanda (MINUAR) et un représentant du Front patriotique rwandais (FPR) pour l'établissement d'un cessez-le-feu a échoué dans la soirée du 10.

Situation en province

Aux abords de Kigali, d'après le chef d'état-major des Forces armées rwandaises (FAR), des éléments FPR estimés à deux bataillons progressent sur deux axes vers la capitale: deux accrochages les ont mis aux prises avec les forces gouvernementales à 10 et 15 kilomètres au nord-est de Kigali, une compagnie rebelle occupant effectivement l'école des soeurs de Rutongo. Les FAR ont actuellement un dispositif linéaire d'une valeur de deux bataillons à 10 kilomètres de Kigali entre Shyirongi et le camp de Kami.

Dans le secteur de Rulindo, les FAR affirment que l'axe Byumba-Kigali est libre.

Dans le secteur de Byumba, la situation semble stable sur la ligne de front, tandis que circulent des rumeurs faisant état d'infiltrations rebelles à Rutare.

Dans le secteur de Mutura, au nord-est, règne une confusion totale. L'état-major des FAR n'ayant pas de liaison avec le chef du secteur depuis le 10 au matin, il n'est pas possible de confirmer l'occupation des crêtes de Mukarango et Gituza par le FPR.

Aucun incident n'a été signalé dans les secteurs de Gisenyi et Ruhengeri au nord-ouest du pays.

Situation à Kigali

Alors que les ressortissants français ont été soit évacués pour la plus grande part soit regroupés à l'école française, l'insécurité demeure dans la partie de la ville tenue par les FAR.

Les tirs qui avaient baissé d'intensité au cours de la journée d'hier ont sensiblement augmenté à partir de 16 heures, alors que la population et de nombreux militaires se livrent à des pillages. Des affrontements qui opposent trois bataillons des FAR au bataillon FPR se poursuivent entre le Conseil national de développement (centre de cantonnement du bataillon FPR) et l'hôtel Méridien, évacué par l'ensemble des ressortissants français et étrangers.

Si les FAR occupent le carrefour de Remera conduisant à l'aéroport de Kanombe, le FPR est en mesure de tirer au sud de ce carrefour et peut interdire ainsi 500 mêtres de route menant à l'aéroport.

Commentaire : Pris en permanence pour assister à diverses réunion politiques, le nouveau chef d'état-major FAR est très rarement présent auprès de son état-major et les les chefs militaires sont totalement désemparès.

Plus de la moitié des effectifs FAR du secteur Kigali est engagée pour la défense de la ville (le quartier Kyiovu, l'état-major, le palais présidentiel -les résidences des responsables politiques et militaires), mais beaucoup de militaires sont plus occupés à piller les biens des expatriés évacués qu'a se battre contre le FPR.

Même si le volume du FPR an nord de Kigali semble avoir été exagéré, ce sont au moins deux compagnies qui ont réussi à parvenir à 10 et 15 kilomètres de Kigali sans que les unités FAR ne réagissent.

La prise du camp Kami à moins de deux kilomètres de l'ambassade de France reviendrait en fait pour le FPR à faire la jonction avec le bataillon du CND qui résiste sans problème aux trois bataillons FAR censés le réduire.

Si les FAR ne se reprennent pas rapidement, toute la ligne de crête entre Kacyiru - Remera - Rubungo, autour de l'aéroport, peut être aux mains du FPR dans les prochaines heures.

Le chef de secteur de Kigali dispose encore d'une réserve d'un bataillon à quatre
compagnies.

Forces françaises

Les premiers éléments de l'opération Amaryllis qui sont arrivés sur l'aéroport de Kigali dans la nuit du 8 au 9 avril ont été renforcés jusqu'à atteindre un effectif de 450 hommes répartis sur l'aéroport, dont ils assurent la sécurité, et 3 centre de regroupement en ville. Six cent cinquante personnes (dont 420 français) ont été évacués par les appareils de transport français, tandis que plusieurs centaines d'autre ressortissants étrangers ont quitté le Rwanda vers le Zaire (Goma) ou le Burundi. L'assassinat d'un sous-officier français et de son épouse est pratiquement sûr, celui d'un second sous-oficier est très probable. Ce matin il reste une cinquantaine de ressortissants français à extraire de Kigali, dont une trentaine dans des quartiers à hauts risques.

Forces belges

Les forces armées belges ont posé hier huit C130 sur la plate forme de Kigali et débarqué plus de 250 militaires. Ceux-ci sont stationnés à l'aéroport et assurent en outre la sécurité de plusieurs points de regroupement de leurs ressortissants en ville. Il n'ont pas commencé leur opération d'évacuation.

Situation aux frontières

Au Burundi, le calme perdure. Les autorités se sont rendues hier en province afin
d'apporter aux populations un message d'explication et d'apaisement.

2. ESPACE YOUGOSLAVE
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