Citation
[Extrait :]
Nous voilà encore une fois bloqués à Kigali. Vendredi matin, l'Ambassade de France nous a donné l'ordre impératif de rentrer à Kigali avant la nuit. Aucune explication à la clé. Pourtant la situation s'était bien calmée, on entendait plus le mortier et les déplacés commencent à rentrer chez eux Que se passe-t-il à l'Elysée ? Ont-ils décidé une attaque dans le Nord ou au contraire ont-ils eu vent d'une attaque rebelle ? Toujours est-il que Dominique et moi avons dû faire le tour des implantations de Byumba pour informer les volontaires et les communes. Une fois de plus on a eu l'air de charlatans qui fuyaient. « La Grande Peur des Animaux » nous a dit l'homologue de Dominique. L'Ambassade nous avait dit et répété que notre position à Byumba était très importante pour rassurer la population. Nos trois rapatriements successifs joueraient plutôt le rôle inverse. Les bourgmestres craignent qu'il n'arrive quelque chose rapidement : quand le musungu s'en va, rien de bon n'est en vue. On a l'air de quoi, nous ? Si, en plus, l'armée française lance une offensive massive dans le Nord (= soutien armé à Habyarimana), je ne donne pas chère de notre crédibilité sur les collines. Dans le genre ingérence politique dans un pays, on ferait fort. Jean-Christophe Mitterrand est un très bon ami du fils d'Habyarimana. Alors…
Nous n'avons aucune idée des raisons pour lesquelles nous sommes à Kigali. Nous ne pouvons donc pas savoir combien de temps nous allons rester ici : quelques jours, quelques semaines… Point ne sais-je !
