Fiche du document numéro 35032

Num
35032
Date
Vendredi 4 juin 2010
Amj
Auteur
Fichier
Taille
195720
Pages
2
Titre
Témoignage de Godelieve Mukanganije
Nom cité
Lieu cité
Type
Interview
Langue
FR
Citation
Témoignage de Godelieve Mukanganije
Jacques Morel
17 août 2010
Godelieve Mukanganije, rescapée du génocide, aurait vu selon Serge Farnel, des Français à Bisesero
le 12 mai. Elle déclare selon Anne Jolis :
« They [the whites] didn’t give us tarps [as promised]. They killed us. And they betrayed us to the
Interahamwe. » 1
Nous [JM] l’avons interrogée à Bisesero où elle réside le 4 juin 2010. Eric Nzabihimana, le rescapé qui
s’adresse le 27 juin 1994 au lieutenant-colonel Duval et à Patrick de Saint-Exupéry, faisait l’interprète.

[ Conversation entre Eric et Godelieve Mukanganije (GM) non enregistrée. ]
JM : Nous sommes à Bisesero avec Godelieve Mukanganije.
Eric (en français) : Elle dit qu’elle s’est trompée de date. Elle dit qu’elle a vu les militaires français le
27 juin. Elle explique bien que c’était au même moment que je les ai rencontrés, quand ils étaient venus
pour la première fois. 2 Elle dit qu’en mai non, elle ne les a pas vus.
JM : Elle était où en mai ?
Eric (en kinyarwanda) :...
GM :...
Eric (en français) : Elle courait dans les collines de Bisesero. C’est ce qu’elle dit.
JM : Est-ce qu’elle a vu le 12 mai le bourgmestre de Gishyita, Sikubwabo avec des militaires français
ou avec des Blancs ?
GM : J’ai vu des Blancs (Abazungu) au mois de mai.
Eric : Tu as vu des Blancs français avec Sidikubwabo [sic] ?
GM : Non, au mois de mai les Blancs n’étaient pas encore arrivés.
Eric : Mais tu as vu Sidikubwabo avec des Interahamwe ?
GM : Oui je les ai vus.
Eric (en français) : Elle dit qu’elle a vu au mois de mai Sidikubwabo [sic] le bourgmestre de Gishyita
avec des Interahamwe mais pas avec des Blancs. Elle a vu aussi Musema, le directeur de l’usine à thé de
Gisovu.
JM : Elle est allée se cacher sur la colline de Mubuga ?
Eric (en français) : Elle s’est cachée à Mubuga... à Mubuga... à Bisesero elle était partout dans des
brousses.
JM : Est-ce qu’elle a témoigné devant le journaliste Serge Farnel ? Est-ce qu’elle a été filmée ?
Eric (en français) : Ah oui, elle a parlé avec lui, ils ont pris des photos. à l’école primaire à Mubuga.
JM : Quand elle a parlé avec Serge Farnel, est-ce qu’il y avait beaucoup d’autres témoins ?
Eric (en français) : Il y en avait.
JM : Il y en avait combien ?
GM : J’ai parlé beaucoup
Eric (en français) : Entre 10 et 15, rescapés et hutu confondus.
JM : Il y avait une caméra ?
Eric (en français) : Il y en avait un.
JM : A-t-elle été interrogée une fois ou deux ?
1. Anne Jolis, Le génocide du Rwanda : l’histoire qui n’a pas été dite, Wall Street Journal, 26 février 2010. « Ils [les Blancs]
ne nous donnèrent pas de bâches [comme ils l’avaient promis]. Ils nous tuèrent. Et ils nous donnèrent aux Interahamwe. »
2. Pour Eric la première venue des Français c’est le 27 juin, la deuxième est le 30 juin.

2

Eric (en français) : Une fois. Elle a été interrogée une fois. Elle dit qu’il y a aussi des enquêteurs du
tribunal d’Arusha qui venait la voir. Mais elle n’est pas allé témoigner à Arusha.
JM : Quand a-t-elle vu des militaires français ou des Blancs la première fois à Bisesero ?
GM : Ils sont venus le 14
Eric : De quel mois ?
GM : Mois de juin
Eric : Au moment de la guerre ?
GM : Oui
Eric : Tu parles de la 1re fois
GM : Oui
GM : le 13 ou 14 mai ou juin
Eric : pendant la guerre la 1re fois ?
GM : oui la 1re fois.
Eric (en français) : Elle ne connaît pas les dates, mais c’est exactement le 27 juin.
JM : Qu’est ce qu’il s’est passé le 27 juin pour vous ?
GM : Nous avons vu des véhicules qui arrivaient là-haut. Ils sont retournés. On a tué beaucoup
beaucoup de personnes, plus qu’avant.
Eric (en français) : Elle dit qu’ils sont venus. Par après ils ont pris le chemin du retour et les jours
qui suivent il y a eu des tueries.
[ elle n’a pas dit dans les jours qui suivent ].
JM : Connait-elle des gens qui ont été tués après le 27 ?
Eric (en français) : Son mari Gasana et ses 2 enfants, Mushimyimana et Niyomogabo. Donc son mari
et ses deux fils sont morts après le 27. Ntagwabira, Samuel, Caritas, Cyriaque, et beaucoup d’autres.
JM : Dans quelles circonstances son mari et ses deux enfants ont été tués ?
GM : J’ai vu les Interahamwe descendre avec mon mari. Mes enfants étaient avec moi. Ils ont pris un
enfant, ils ont dit que cet enfant est bon nous allons le traiter comme nous voulons. Ce sont les gens qui
me l’ont raconté « nous avons vu les cadavres de tes enfants ». Ils ont coupé les têtes et les ont lancées
sur la route. Ils les ont ramassés avec une pioche.
Eric (en français) : Elle dit qu’elle était blessée, son mari est allé la cacher dans une brousse et il
veillait sur elle. Et ce jour-là. Les tueurs sont venus avec des lances ils ont tué son mari. Et à côté d’elle
ils ont pris ses deux fils, ils les ont amenés sur la route... et les camions passaient dessus.
JM : Quels camions ?
Eric (en français) : Les véhicules avec lesquels les miliciens étaient venus.
JM : Ils ont été tués quand ? Est-ce entre le 27 et le 30 juin ?
Eric (en français) : Ils sont tous morts le 28 juin.

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