Fiche du document numéro 34425

Num
34425
Date
Dimanche 30 juin 2024
Amj
Auteur
Fichier
Taille
480134
Pages
3
Urlorg
Titre
Paris-Kigali : décès de l’ancien député français Jean-Claude Lefort
Sous titre
Député communiste du Val-de-Marne de 1988 à 2007, il s’est fait connaître dès l’année de son élection à l’Assemblée nationale pour avoir initié la création de la Mission d’information parlementaire française sur le Rwanda, dite « Mission Quilès ». Toute sa vie il a réclamé une clarification sur la responsabilité de Paris dans le génocide des Tutsi du Rwanda.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
MIP
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation


Jean-Claude Lefort, né le 15 décembre 1944 à Paris est mort le 19 juin dernier d’un cancer. Ce militant communiste de toujours a passé son enfance et sa jeunesse à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, dans un milieu modeste. Son père, ouvrier, s’était engagé aux côtés des républicains espagnols dans les Brigades internationales et sa mère était gardienne dans une école.

Membre du bureau national du Mouvement jeunes communistes de France et, depuis 1964, du Parti communiste français, il fut de 1971 à 1979 le secrétaire particulier de Georges Marchais, secrétaire général du parti communiste français (PCF). Il devient en 1983 le secrétaire de la fédération du Val-de-Marne du Parti, une de de ses fédérations les plus puissantes – elle compte à l’époque 30 000 adhérents.

Membre de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale pendant trois législatures, il participa à de nombreuses négociations internationales et s’engage sur de nombreux sujets. Il propose en 1998 la création d’une « Commission d’enquête sur la part des responsabilités françaises dans le génocide perpétré au Rwanda ». Vice-président de ce qui fut, finalement, la Mission d’information parlementaire sur le Rwanda, il se trouva en désaccord avec les conclusions finales du rapport de la Mission et refusa d’en être coauteur.

En mémoire de la lutte contre le fascisme en Espagne, il a été coprésident fondateur de l’Association des amis des combattants en Espagne républicaine (Acer), avec José Fort et François Asensi. Grâce à ses prérogatives au sein de la commission des Affaires étrangères, il récupéra une partie des archives des Brigades internationales déposées à Moscou.

Jean-Claude Lefort fut à partir de 2007 président d’honneur d’Appui Rwanda, association de soutien aux rescapés du génocide des Tutsi au Rwanda en 19944. En mai 2009, il est élu président de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS), à l’issue du 2e congrès de ce mouvement. Il est le coordinateur du Comité national de soutien à Salah Hamouri, qui devient son gendre en 2014.

Jean-Claude Lefort quitte le Parti communiste français le 19 janvier 2024, « avec une douleur extrême », à la suite d’un différend avec son secrétaire général Fabien Roussel.

C’est en 1998 que Georges Kapler et sa compagne la réalisatrice Anne Lainé ont connu Jean-Claude à Ivry, chez une amie commune. Il venait d’être élu député dans la dixième circonscription du Val de Marne, fonction qu’il conserva jusqu’en 2007.

A ce titre qu’il avait proposé la création d’une « Commission d’enquête sur la part des responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi au Rwanda ». Cette commission d’enquête ne put malheureusement voir le jour, laissant la place à une Mission d’information parlementaire sur le Rwanda. Les pouvoirs de cette mission étaient nettement plus limités que celle d’une commission d’enquête – pas d’obligation de se présenter pour les témoins cités, pas de poursuite pénale…

Il devint néanmoins le vice-président de cette Mission d’information parlementaire sur le Rwanda présidée par Paul Quilès. Travailleur acharné, Jean-Claude Lefort se trouva en désaccord avec les conclusions de la Mission, refusa d’en être co-auteur, et fut le seul député à refuser de les approuver.

« Cette plongée dans l’abominable, avec sa collecte considérable d’informations et de témoignages recueillis auprès des survivants du génocide, de personnalités militaires ou politiques françaises, ainsi qu’un voyage de travail au Rwanda mirent à rude épreuve cet humaniste convaincu », raconte Anne Lainé.

Elle précise : « En 2003, ce fut pour nous une évidence de lui proposer d’être le Président d’honneur de l’association Appui Rwanda, qui, jusqu’à il y a quelques mois constituait un pôle d’aides aux victimes du génocide des Tutsi et à leurs enfants et qui maintenait active la mémoire du génocide en organisant régulièrement des événements culturels. Les membres d’Appui Rwanda garderont le souvenir d’un homme au courage et à l’intégrité exemplaires. »

Jean-Claude Lefort était notamment soutenu par le journaliste communiste Jean Chatain (1942-2019), « un témoin essentiel » rappellera son ancien journal, L’Humanité.

Malgré la timidité et les contradictions du Parti communiste sur l’intervention militaire française au Rwanda, Jean-Claude Lefort a pu constater que son initiative pour clarifier la responsabilité de l’Elysée dans le génocide des Tutsi n’a cessé de progresser jusqu’au « Rapport Duclert » documentant en 2021 « la responsabilité lourde et accablante » de Paris.

Un hommage sera organisé par la municipalité d’Ivry-sur-Seine ce samedi 29 juin, à 10h30, Parvis de l’Hôtel de Ville, Esplanade Georges Marrane.

Nous adressons nos condoléances à sa fille Elsa Lefort-Hammouri, son gendre Salah Hammouri et à ses petits-enfants ainsi qu’aux animateurs d’Appui-Rwanda.
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024