Fiche du document numéro 34222

Num
34222
Date
Lundi 4 avril 2011
Amj
Auteur
Fichier
Taille
176628
Pages
3
Urlorg
Titre
Rwanda : RFI déprogramme le face à face Didier Tauzin - Jacques Morel
Sous titre
Aujourd’hui, 4 avril 2011, était prévue, à 19h10, une émission-débat sur RFI, entre Jacques Morel, auteur de La France au cœur du génocide des Tutsi, paru il y a un an aux éditions l’Esprit frappeur, et le général Didier Tauzin, qui a récemment publié Rwanda, je demande justice pour la France et ses soldats, aux éditions Jacob Duvernet.
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Source
Type
Page web
Langue
FR
Citation
Enregistrée à 16 heures, cette émission a été déprogrammée en dernière minute, les participants ayant été informés, un quart d’heure avant d’entrer en studio, que l’actualité ivoirienne passerait en priorité.

On ne peut de ce fait que s’étonner que l’émission du jour est en fait consacrée… au programme du Parti socialiste pour les prochaines élections !

Comptons sur les analystes de la cellule africaine de l’Élysée pour prendre soin de vérifier s’ils considèrent opportun de diffuser cette confrontation sans précédent entre un critique et un défenseur des crimes de la France au Rwanda.

Selon nos informations, en dépit du fait que Jacques Morel n’aura pas eu le temps de dire grand chose, il semblerait que cela ait suffit pour faire perdre son sang froid au général Tauzin qui aura lui-même réussi à ridiculiser son point de vue en traitant Jacques Morel de « traître » et d’« assassin ».

Chercheur au CNRS, à Strasbourg en 1994, Morel ne se sera intéressé au Rwanda qu’après le génocide des Tutsi, dont il est devenu le spécialiste le plus éminent par soucis citoyen de dénoncer une politique qui déshonore son pays.

Tauzin, responsable en particulier de l’intervention française de 1993 connue sous le nom d’opération « Chimères », avait alors piloté l’ensemble des forces spéciales – DAMI, disposés au cœur de l’armée rwandaise, et RPIMA venus avec lui en renfort de celle-ci.

Il a certainement sur la conscience nombre de morts qui sont intervenues dans le contexte de cette confrontation – victorieuse – avec le FPR. Les historiens ont pu souvent souligner le fait que, sans le succès de cette intervention militaire française de 1993, le régime génocidaire aurait été alors facilement renversé, et le génocide de 1994 n’aurait pu se produire. En ceci au moins, Didier Tauzin est indirectement responsable de la mort d’un million de rwandais.

Relativement à cette responsabilité historique, le fait qu’en intervenant de nouveau au Rwanda, en 1994 – dans le contexte de l’opération Turquoise –, Didier Tauzin ait pu installer le cantonnement de ses hommes à Murambi, sur les fosses communes d’un des principaux charniers du génocide, pourra sembler anecdotique, mais non moins révélateur de la conscience indigne de ces hommes qui ont accepté de participer à un des principaux crimes de notre temps.

Rappelons au passage que le salaire de ce grand serviteur de l’État, en mission au Rwanda, pouvait être comme celui d’autres officiers du même rang de 80 000 francs, aux trois quarts exonérés d’impôts, plus un certain nombre d’avantages, comme ces indemnités de résidence farouchement négociées par son collègue le colonel Cussac – jusqu’à ce que le Conseil d’État donne raison à celui-ci pour le payement de ces indemnités jusqu’en… octobre 1994.

Ce salaire faramineux, au plus haut de l’échelle des rémunérations de la fonction publique, permet de penser que les consciences de ces messieurs, qui font mine de s’indigner aujourd’hui, étaient en fait simplement corrompues, à tous les sens du terme.

On comprend qu’en demandant « justice pour la France et ses soldats », Tauzin participe à l’effort entrepris par un certain nombre de ses camarades qui tend simplement à tenter d’échapper à la justice qui s’applique au crime imprescriptible dans lequel ils se sont compromis pour se payer de confortables retraites…

Traitant Morel d’assassin, il semblerait que l’officier français ait voulu donner raison au dicton enfantin qui voudrait que « le premier qui le dit, c’est celui qui l’est ».
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024