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Place aujourd'hui à deux livres qui nous parlent d'un événement crucial et des traces indélébiles qu'ils laissent dans les existences : "Le convoi" de Beata Umubyeyi Mairesse, qui se penche sur le génocide des Tutsi, et "Prochain arrêt" d'Alex Schulman.
Citation
Avec :
Élise Lépine, journaliste littéraire au Point.
Joseph Ghosn, directeur adjoint de la rédaction de Madame Figaro.
"Le convoi" de Beata Umubyeyi Mairesse, éditions Flammarion
Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.
Treize ans après les faits, elle entre en contact avec l’équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l’Italie et l’Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes.
L'avis des critiques :
Élise Lépine a beaucoup aimé la construction du livre qui finit par "éclore en rhizome", et a notamment été intéressée par la question de la légitimité que pose ce récit : "dès le début, on comprend qu'elle se sent pas forcément légitime pour écrire ce témoignage en temps réel".
C'est selon elle une écrivaine qui "nous transmet de manière très forte des choses qu'on ne peut pas imaginer et qui sont de l'ordre de l'indicible".
Joseph Ghosn a été extrêmement frappé et touché par ce texte, et notamment par les répétitions dans l'écriture : "cette forme fait partie du sujet qui est ce trauma qui se répète inlassablement et qui ne quitte pas la narratrice".
Il a eu l'impression de lire un récit en fin de compte très universel, qui pose la question : "comment échapper à la violence, et quand on y échappe, comment on fait ?"