Ernestine G., rescapée de la violente attaque perpétrée le 11 avril 1994 à l’École Technique Officielle (ETO) Don Bosco de Kigali, a affirmé, vendredi devant la cour d’assises de Bruxelles, que les auteurs étaient « les Interahamwe (une milice armée, NDLR.) de Twahirwa », accusé devant la cour de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour de nombreux meurtres, tentatives de meurtre et viols commis lors du génocide au Rwanda en 1994. Elle a également raconté avoir été témoin de plusieurs meurtres, perpétrés bien avant cette attaque, par cette même milice extrémiste hutue.
« Ils ont tué un certain Vianney et son épouse », a raconté la victime, auditionnée pendant plusieurs heures vendredi par la cour d’assises, avec le soutien de travailleurs du service d’accueil des victimes. Ernestine G. était une voisine de Séraphin Twahirwa, au sein du quartier Karambo à Kigali. L’un des meurtres qu’elle a évoqués est celui de Jean-Marie Vianney R. Cet homme avait été tué, tout comme sa femme et leurs enfants, le 22 février 1994, soit environ un mois et demi avant le début du génocide.
Selon Ernestine G., confortée par d’autres témoignages, Séraphin Twahirwa a donné l’ordre à « ses » Interahamwe d’aller attaquer Jean-Marie Vianney R. et sa famille chez eux, à Karambo. Ceux-ci ont été tués à la machette. Un cousin de Jean-Marie Vianney R., qui était présent lors de l’attaque et qui a pu fuir, a relaté que les Interahamwe avaient lancé une grenade dans la maison avant d’entrer et de massacrer ses habitants.
D’après d’autres témoins, Séraphin Twahirwa avait participé à une réunion avec un responsable du parti extrémiste Coalition pour la défense de la République (CDR) dans le secteur de Gikondo, au cours de laquelle l’attaque sur la famille de Jean-Marie Vianney R. et sur deux autres aurait été décidée.
Pierre Basabosé, âgé de 76 ans, et Séraphin Twahirwa, âgé de 65 ans, sont tous deux accusés devant la cour d’assises de Bruxelles de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Rwanda en 1994. Les deux hommes sont soupçonnés d’être les auteurs d’au moins 56 meurtres durant le génocide des Tutsis, ainsi que d’au moins 13 tentatives de meurtre. Le second doit également répondre de viols sur 12 femmes.
Twahirwa est suspecté en particulier d’avoir dirigé des Interahamwe à Kigali, essentiellement dans le secteur de Gikondo, où se situait son quartier, Karambo. Plusieurs témoins l’ont décrit comme un individu terrifiant et cruel.
Les auditions de témoins reprendront le 6 novembre, après une semaine d’interruption.