Commentaire
From the first days of October 1990, the French soldiers assimilated the rebels to the Tutsis. The Tutsi massacres of the years 1959-1973 are concealed behind the phrase "ethnic rivalries". Note the intervention of Gazelle combat helicopters from the start of the counter-offensive.
Citation
PARIS, le 3 octobre 1990
OBJET : Rwanda : situation militaire.
PIECE JOINTE : une carte et une annexe.
MINISTERE DE LA DEFENSE
ETAT-MAJOR DES ARMEES
CENTRE D'EXPLOITATION
DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE
14, rue Saint-Dominique
00450 ARMEES
Tél:
N° 5957/DEF/EMA/CERM/2/CD
FICHE
Declassifié par dé
du ministre de la Défense
N° 000574 du 09 FEV 2021
I- FAITS:
- Le 1er octobre 1990, en fin de matinée, une centaine d'hommes en
tenue de combat (ougandaise ? ), dotés d'armes individuelles, disposant de camions
civils et venus d'Ouganda attaquent le poste frontalier rwandais de Kagitumba, à 130
km au nord de Kigali. Les pertes sont inconnues.
Le commandement rwandais donne ordre à la compagnie d'infanterie
de Gabiro de se porter sur Kagitumba. En début d'après-midi, une reconnaissance
aérienne est effectuée par deux GAZELLE armées alors qu'un escadron mixte
AML/Jeeps mitrailleuses part vers le nord. Ces mouvements de force sont lents. Par
ailleurs, le commandement rwandais hésite longtemps à donner l’ordre d’ouvrir le feu,
le chef de l'Etat étant absent du pays.
- Le 2 octobre après-midi, les assaillants, dont la rumeur chiffre le
nombre à plusieurs milliers, semblent avoir atteint une ligne Byumba-Gabiro (90 km
nord de Kigali). Une bonne partie de la petite armée rwandaise (1) est au contact.
Le couvre-feu est instauré à Kigali. Le gouvernement rwandais aurait
demandé à la Belgique et aux Etats-Unis une intervention militaire immédiate.
Le général-président Habyarimana, écourtant son séjour à Washington,
décide de rentrer d'urgence dans son pays, via Paris.
* Le 3 matin, notre AD Kigali fait le point suivant de la situation :
- Les rebelles - 2 à 3.000 tutsis déserteurs de l’armée ougandaise -
seraient toujours sur la ligne Byumba - Gabiro.
(1) 12.500 hommes, gendarmerie comprise : 5 bataillons dont un de blindés légers et un d'artillerie sol-air-
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Un groupe suspect aurait été repéré près de Shangugu (sud ouest du pays) à proximité du point de trijonction des frontières rwandaise, zairoise et burundaise.
L'armée rwandaise ne paraît pas en mesure de les arrêter quand ils reprendront leur avance vers Kigali où une certaine panique se développe.
Le colonel Rusatira, secrétaire général (homme fort) du ministère de la Défense a saisi très tôt notre attaché de défense à Kigali d'une "demande d'intervention militaire urgente (essentiellement aérienne)" au profit de son pays "directement menacé par une attaque extérieure".
Notre AD et notre chargé d'affaires à Kigali s'efforcent de prendre contact avec les quelque 720 Français du Rwanda, de les calmer, d'organiser d'éventuels regroupements. Nos 18 coopérants militaires ont reçu des consignes de prudence, notamment pour se tenir à l'écart des événements.
COMMENTAINES :
Petit état enclavé au coeur de l'Afrique et surpeuplé (densité 320
hab/km2 a été colonie allemande puis protectorat belge avant d'accéder
à l'indépendance en 1962.
À l'inverse de ce qui existe au Burundi, l'ethnie des hutus
est largement majoritaire (83%) au Rwanda, les tutsis ne représentant que 15 %
de la population.
Le général président Habyarimana (hutu) a pris le pouvoir par un coup
d'Etat en 1973 et gouverne depuis sans partage en s'appuyant sur un parti unique,
La surpopulation, les rivalités ethniques et le régime politique ont poussé de nombreux rwandais à se réfugier ou à émigrer à l'étranger. Ainsi, l'Ouganda héberge au moins 250000 Rwandais d'origine dont certains servent dans l'armée locale, en particulier des tutsis.
Il existe au Rwanda même, des hommes d'affaires tutsis qui ne supportent pas le régime hutu. Ils auraient recruté des hommes de main de leur ethnie en Ouganda, au besoin en les faisant déserter avec leurs armes. Puis ils auraient lancé alors une attaque frontale pour s'emparer du pouvoir, en profitant de l'absence du président.
* Nos informations actuelles, fragmentaires et peu sûres, ne permettent
ni de corroborer l'hypothèse ci-dessus ni de faire un
point solide de la situation.
L'importance et la raipdité de l'offensive rebelle sont à confirmer soigneusement. Le
rôle exact de l'Ouganda dans cette affaire est aussi à éclaircir.