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Comme l'a révélé Africa Intelligence en début d'année (AI du 06/01/23), une poignée d'anciens officiers français opère aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) depuis l'automne 2022, à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Une présence qui suscite le malaise à Paris. S'ils ne participent pas directement aux combats contre le groupe armé M23, ils sont néanmoins chargés d'assurer une partie de la logistique de l'armée congolaise, notamment sur le plan aérien.
Vétérans des théâtres d'opérations africains
Parmi eux, figure notamment Romuald L. Colonel de l'armée de terre issu des commandos parachutistes, le gradé a quitté le ministère des armées en mai 2022 après plus de trente ans de service. Durant sa carrière, il a été en poste au Togo ou encore au Mali. Son cas a été remonté au ministère des armées ainsi qu'au Quai d'Orsay. Sur le terrain, il travaille pour le compte de l'entreprise Agemira RDC, filiale congolaise de la société du même nom enregistrée en Bulgarie. Cette dernière est en contrat avec Kinshasa jusqu'en juillet 2023. Elle est chargée de la remise en état et de la maintenance des aéronefs de la Force aérienne congolaise (FAC). De Goma, où elle opère jusqu'à présent, l'entreprise se prépare à déplacer ses équipes sur l'aéroport de Kavumu où les FARDC prévoient de relocaliser la majeure partie de leur dispositif aérien (AI du 21/02/23).
Le colonel n'est pas le seul ex-militaire français présent dans la région. L'Etat congolais est par ailleurs en contrat avec Congo Protection dirigé par l'ancien légionnaire d'origine roumaine, Horatiu Potra. Ce dernier est entouré d'au moins une dizaine d'autres anciens membres de la Légion étrangère. Le groupe mène des missions de formation militaire, notamment au camp de Sake, dans le territoire de Masisi, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Goma dont il sécurise l'aéroport. Certains de ces ex-légionnaires ont récemment pris part aux combats contre le M23.
Prises de distance officielles
Aucun de ces anciens militaires ayant opéré sous drapeau français n'a sollicité l'autorisation préalable, ni n'a informé le ministère des armées, concernant leur projet de se rendre dans l'est de la RDC comme prestataire de l'armée congolaise. Un état de fait qui suscite une certaine gêne à Paris, où l'on prend le plus grand soin à se tenir à bonne distance des militaires en question et à se désolidariser de leurs actions dans la zone.
Leur présence a également des conséquences côté rwandais. Plusieurs interlocuteurs de Paris à Kigali ont directement évoqué le sujet. Le M23, qui a un temps dénoncé par erreur la présence de Wagner, assimile désormais ces "mercenaires" aux autres groupes armés combattants aux côtés des FARDC tels que des éléments des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).