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LE Conseil de sécurité des Nations unies a accepté la proposition de M. Boutros Boutros-Ghali d'envoyer une force de 5 500 « casques bleus » au Rwanda pour une nouvelle mission d'interposition et d'assistance humanitaire. Une fois de plus, cette résolution arrive trop tardivement, trop naïvement ou trop cyniquement. Une fois de plus se pose la question de la raison d'être de ces « casques bleus », qui sont des militaires de vocation, et qu'on envoie sur tous les fronts en leur ordonnant de ne surtout pas intervenir. Ce genre de force n'a de force que le nom.
Les 2 500 hommes de la MINUAR n'ont jamais pu s'interposer, ni éviter un seul massacre se déroulant sous leurs yeux, alors qu'une intervention coup de poing, ciblée, de leur part, dès les premières heures de l'horreur à Kigali, aurait étouffé cette flambée de violence inouïe avant qu'elle ne se propage à tout le pays. Que dire du rapport coût-efficacité de la MINUAR lorsqu'on sait que ces 2 500 hommes ont coûté quelque 750 000 dollars par jour.
Un militaire de l'ONU privé de l'usage de ses armes, d'autant moins inopérationnel qu'il ne sert aucune initiative politique réfléchie, revient trois fois plus cher qu'un volontaire expatrié des ONG, pour une efficacité nulle. Impuissante, la MINUAR a fini par fuir presque entièrement le Rwanda, et pendant qu'on s'interrogeait, qu'on supputait, qu'on tergiversait à New-York, le génocide des Tutsis et l'élimination des Hutus modérés s'organisaient de façon méthodique.