Date
Dimanche 22 mai 1994
Sur titre
Journal de 12 heures
Titre
De passage à Paris, le ministre des Affaires étrangères du Rwanda se prononce contre l'embargo sur les armes
Sous titre
L'aéroport de Kigali est tombé ce matin aux mains des rebelles.
Résumé
- In Rwanda, Kigali airport fell into rebel hands this morning. Yesterday [May 21] the French Minister of Health, Philippe Douste-Blazy, had asked for the application of a UN resolution providing for the dispatch of 5,500 blue helmets and the creation of security zones. He was returning from Central Africa where he had just visited the refugee camps.
- In the largest refugee camp in the world, people die every day. A banal scene: one more child died today. He had however escaped the massacres, walked for hundreds of kilometers alongside his parents, death caught up with him. Dysentery, cholera, typhoid, no one knows.
- In Ngara, drinking water is 15 kilometers away. But the ponds near the camp represent a real temptation despite pollution by infiltration. With 250,000 refugees, that's 15 tons of excrement a day.
- In Rwanda, we are still awaiting the arrival of 5,500 Blue Helmets with a humanitarian mandate. But what is the use of the AICF organization, which would prefer an intervention to effectively stop the fighting? Carole Dubrulle of the AICF: "2,500 men in Rwanda cost up to 750,000 dollars a day. By doubling the workforce, we will be spending a million and a half dollars a day. We start dreaming of what we could do in humanitarian terms with such a sum available to NGOs".
- In Kigali fighting resumed early this morning. The RPF guerrillas who surround the capital have targeted the airport. The airport was until this morning in the hands of government forces. But according to a UNAMIR official, the Hutu soldiers abandoned this strategic point in the face of the Tutsi rebel offensive.
- Passing through Paris, the Minister of Foreign Affairs of Rwanda, appointed the day after the assassination of President Habyarimana on April 6, spoke out against the arms embargo on Rwanda. Jérôme Bicamumpaka: "The embargo is unfair. Why is it unfair? It is unfair because it penalizes the attacked, instead of penalizing the aggressor".
- Embargo or not, the two camps are particularly well armed and each day that passes in Rwanda always adds more dead to the number of victims.
Type
Transcription d'une émission de télévision
Citation
[Richard Tripault :] Au Rwanda l'aéroport de Kigali est tombé ce matin aux mains des rebelles. Hier [21 mai] le ministre français de la Santé, Philippe Douste-Blazy, avait demandé l'application d'une résolution de l'ONU prévoyant l'envoi de 5 500 Casques bleus et la création de zones de sécurité. Il revenait d'Afrique centrale où il venait de visiter les camps de réfugiés. Robert Minangoy.
[Robert Minangoy :] Dans le plus grand camp de réfugiés du monde, on meurt tous les jours [on voit des réfugiés marcher dans la boue ; une incrustation "Ngara, Tanzanie" s'affiche à l'écran]. Une scène banale : un enfant de plus est mort aujourd'hui. Il avait pourtant échappé aux massacres, marché sur des centaines de kilomètres aux côtés de ses parents, la mort l'a rattrapé [gros plan sur un sac noir contenant sans doute le corps de l'enfant]. Dysenterie, choléra, typhoïde, nul ne le sait [on voit des réfugiés creuser un trou].
À Ngara, l'eau potable est à 15 kilomètres. Mais les mares à proximité du camp représentent une véritable tentation malgré une pollution par infiltration. Avec 250 000 réfugiés, ce sont 15 tonnes de déjections par jour.
Au Rwanda on attend toujours l'arrivée des 5 500 Casques bleus munis d'un mandat humanitaire. Mais à quoi bon s'interroge l'organisation AICF, qui préfèrerait une intervention pour l'arrêt effectif des combats [diffusion d'images du camp de réfugiés].
[Carole Dubrulle, "AICF" : "2 500 hommes au Rwanda ont coût jusqu'à 750 000 dollars par jour. En doublant les effectifs on va de…, on va dépenser un million et demi de dollars par jour. On se prend à rêver de ce qu'on pourrait faire en terme humanitaire avec une telle somme à disposition des ONG".]
À Kigali les combats ont repris tôt ce matin [on voit des images de la ville et on entend des tirs d'armes lourdes]. Les maquisards du FPR qui encerclent la capitale ont pris pour cible l'aéroport. L'aéroport était jusqu'à ce matin entre les mains des forces gouvernementales. Mais selon un responsable de la MINUAR, les soldats hutu auraient abandonné ce point stratégique face à l'offensive des rebelles tutsi [on voit notamment le général Roméo Dallaire en train de s'entretenir avec des officiers des FAR].
De passage à Paris, le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, nommé au lendemain de l'assassinat du Président Habyarimana le 6 avril dernier, se prononce contre l'embargo sur les armes à destination du Rwanda [on voit Jérôme Bicamumpaka donner des explications à la personne qui l'interviewe en montrant des positions sur une carte du Rwanda ; il s'exprime en français mais ses propos sont inaudibles (on l'entend seulement dire à la fin : "Tous les autres étaient habillés en civil")].
[Jérôme Bicamumpaka, "ministre des Affaires étrangères du Rwanda" : "L'embargo est injuste. Pourquoi il est injuste ? Il est injuste parce que il pénalise l'agressé, au lieu de pénaliser l'agresseur".]
Embargo ou pas, les deux camps sont particulièrement bien armés et chaque jour qui passe au Rwanda ajoute toujours plus de morts au nombre des victimes [on voit des soldats des FAR arrêter un véhicule à une barrière ; le plan suivant montre en gros plan un cadavre gisant dans un enclos pour bétail].