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Vansina (Jan). L'évolution du royaume Rwanda des origines à 1900
L. De Heusch
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Philip Sidney, Governor of Flushing, with seven beds’. Thus, almost next
door to the Town Hall and in the same street as Professor Lipsius, Sidney
spent his first days in Leiden in the house of the town’s most active poet»
(p. 115).
The last three chapters bear the titles « Friendship and Friction », «Anglo-
Leiden Integration» and « Leiden and the Sidney Myth». In the first of
these Van Dorsten argues that Lipsius met Sidney for the first time at Louvain
in March 1577 and further points out the rôle Janus Dousa’s Odarum Bri-
tannicarum liber (1586) played in « consciously summarizing fourteen years of
Anglo-Dutch relations». As to friction, this chapter relates Leicester’s inter-
ference with University appointments. « Anglo-Leiden Integration» stresses
the significance of Geoffrey Whitney’s À Choice of Emblems (1586), the major
work in English of the Leiden office of the great Plantin. Whetstone’s The
Honourable Reputation of a Souldier (1585), translated by J. Walraven as De
cerweerdighe achtbaerheit van een soldener, besides offering further evidence of
this integration, also shows that many Leiden scholars were actively interested
in learning English. « Leiden and the Sidney Myth», finally, discusses all
the Dutch poems written on Sidney’s death and emphasizes that, with the
exception of verses by the Frenchman de Lisle Groslot, the Leiden poets
Baudius, Benedicti and Janus Dousa the Younger were the only poets in
Western Europe to commemorate the event.
À very important feature of Van Dorsten’s work is that of the two long
appendixes : the first brings together forty Latin poems devoted to Sidney.
Though some of these have been printed before, it is the great merit of the
collection that it emphasizes the extent of Sidney’s reputation in the Low
Countries. The second appendix contains the original passages used and
quoted in translation in the course of the author’s argument. J. A. Van Dors-
ten’s book is an important contribution to the study of Anglo-Dutch cul-
tural relations in the sixteenth century and it is to be hoped that one day
further works of this kind may add to our knowledge of this period. — W.
SCHRICKX.
Vansina (Jan). L'évolution du royaume Rwanda des origines à 1900. Bruxelles,
Académie royale des Sciences d'Outre-Mer, 1962 ; un vol. in-8° de 101 pp.
MÉMOIRES DE LA (CLASSE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Nouvelle
Série. Tome XXVI (Histoire), fasc. 2.
Jan Vansina a le rare mérite de cumuler les qualités d’ethnographe et
d’historien. Après avoir mis au point une méthode ethno-historique parfaite-
ment originale au cours d’une longue mission chez les Kuba du Kasai (1),
(1) Geschiedenis van de Kuba van ongeveer 1560 tot 1904, Musée royal de l’Afrique
centrale, Tervuren, 1963. Nous regrettons que cet ouvrage capital soit malheureusement
rédigé dans une langue qui, en dépit de ses mérites littéraires, demeure inaccessible au
monde scientifique international.
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il se livra au Rwanda à une longue et patiente enquête dont il nous donne
seulement — et trop sommairement sans doute — les conclusions générales.
Celles-ci révolutionnent les conceptions communément admises relatives à
l’évolution d’un des plus anciens royaumes pastoraux de l’Afrique centrale.
On sait qu’une minorité d’éleveurs, possesseurs de grands troupeaux de
bétail, les Tutsi, imposa progressivement sa domination politique et socio-
économique aux agriculteurs hutu. Le petit livre passionnant de Vansina
introduit pour la première fois les principes rigoureux de la critique histo-
rique dans une énorme masse de traditions orales établies à la gloire de la
dynastie nyiginya qui disparut de la scène politique en 1961 à la suite d’une
sanglante révolte paysanne, préludant à l’indépendance.
L’A. soumet la version officielle du passé dynastique, telle qu’elle s’est
élaborée à la cour, à un réexamen sévère. Il confronte la généalogie royale
conservée par des spécialistes « qui forgent le savoir» (le Gotha du Rwanda)
aux généalogies familiales et aux autres traditions orales disponibles : récits
historiques généraux, familiaux ou populaires, code ésotérique de la royauté,
poèmes dynastiques ou pastoraux, chansons de louanges, notes éparses.
11 démystifie notamment la chronique légendaire qui exalte, au mépris de
la réalité historique, la continuité dynastique. Vansina découvre que les
chroniqueurs ont maquillé deux points de rupture. Au début du xvi® siècle,
le clan dominant du Bugesera supplante la dynastie nyiginya du Rwanda
initial, dont le domaine se limitait alors à la région du lac Mohasi (Buganza).
Un siècle plus tard, Ruganzu Ndoori, un conquérant étranger, originaire du
Karagwe, fonde une troisième dynastie. La tradition officielle concernant
ce célèbre souverain n’est en fait qu’un cliché historique, typique de la civi-
lisation interlacustre : « Invariablement, écrit l’A., on décrit comment le
successeur fut envoyé à l’étranger chez une tante paternelle qui avait épousé
un roi et comment tous [ces successeurs présumés] revinrent et conquirent
les terres de leurs pères» (p. 51). Dans chaque cas il est évident que le cliché
camoufle la conquête militaire du pays.
Cette vision nouvelle diffère souvent du tableau historique proposé par
l'abbé Kagame, gardien du « credo officiel». Vansina salue l’importance des
travaux de Kagame, maïs reproche à cet auteur d’avoir « souvent oublié que
le premier devoir de l’historien est de savoir résister à ses enthousiasmes »,
tout en lui attribuant le mérite « d’avoir ouvert la voie à l’utilisation de nou-
velles sources» (p. 8). Vansina situe les débuts de l’histoire rwandaise au
temps de Ndahiro Ruyange (seconde moitié du xtr1® siècle) et récuse l’exis-
tence du héros civilisateur Gihanga (« celui qui à inventé»), dont Kagame
fixait le règne au x£® siècle. Dépouillant la personnalité de Gihanga de son
halo mythique, il dévoile la situation historique que cache ce nom symbolique.
Les récits qui concernent Gihanga « reflètent simplement l’immigration d’un
groupe tutsi parmi d’autres et leur installation au Rwanda» (p. 47). L’A.
rejette la version traditionnelle selon laquelle Gihanga instaura la royauté
sacrée et créa un vaste empire qui se serait ensuite démembré. Il démontre
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de manière convaincante que le code magico-religieux de la royauté (ub-
wiiru) n’appartenait pas en propre à la dynastie nyiginya, maïs à un clan dis-
tinct dont le territoire ne fut annexé au Rwanda qu’au début du xvre siècle.
Le thème du « roi divin », responsable de la fertilité du pays, serait donc rela-
tivement tardif dans l’évolution du Rwanda qui n’est d’abord qu’un petit
royaume tutsi parmi d’autres.
La nouvelle chronologie proposée par Vansina nous paraît plus solide-
ment établie que celle de l’abbé Kagame (1), qui semble ignorer les sources
externes. En particulier, Vansina fait état de l’éclipse solaire observée au
début du xvi® siècle, probablement en 1506, par le roi Olimi I du Bunyoro.
Cette date est un point de repère important pour l’histoire rwandaise car le
fils d’Olimi I, Cwa, envahit le Rwanda au temps de Mukobanya, fondateur
de la deuxième dynastie. Or Kagame fixait le règne de Mukobanya à la fin
du xiv® et au début du xv£® siècles. Les seuls points faibles de cette étude
remarquable (dont le matériel n’est malheureusement pas toujours présenté
avec une clarté égale) concernent les débuts de l’histoire. Vansina se con-
tente d’énumérer les petits États tutsi qui se sont constitués dans le Rwanda
oriental et central à partir du xiv® siècle. Or, dans cette liste figurent par
inadvertance le Ndorwa, le Burwi et le Nduga. On pourrait aisément dé-
montrer que le clan dominant du Ndorwa, qui fut indépendant jusqu’à la fin
du xvirI® siècle, est d’origine hima et non tutsi. Le clan renge qui occupait
le Burwi n’est probablement ni tutsi, ni hutu, mais se composait des plus
anciens habitants du Rwanda ; ce peuple énigmatique fut décimé par le roi
du Nduga, Mashira. Les traditions rapportées par Pagès et de Lacger mon-
trent clairement, enfin, que Mashira lui-même était un souverain hutu :
dès lors le Nduga du xv® siècle ne peut être considéré commeun État tutsi.
L'histoire du Gisaka est beaucoup plus embrouillée que Vansina ne le
laisse entendre. Rien ne prouve que le clan dynastique gesera se soit détaché
du clan zigaaba, qui apparaît manifestement comme le plus ancien groupe
tutsi, émergeant dans le Rwanda oriental. Aucune tradition ne vient corro-
borer le schéma rigide, que l’A. adopte ici : du clan initial zigaaba se serait
détaché le clan dynastique du Gisaka, qui aurait lui-même donné naissance
au clan dynastique du Bugesera, dont serait issue la dynastie nyiginya du
Rwanda. Vansina parvient seulement à démontrer la parenté étroite qui
existait au xv® siècle entre les rois du Bugesera et du Rwanda, mais cette
conclusion ne peut être extrapolée à l’ensemble des clans dominants tutsi dont
l’origine est insuffisamment élucidée. Il semble plutôt que trois clans distincts,
les Zigaaba, les Gesera et les Nyiginya s’affrontèrent au cours de cette première
phase de l’histoire rwandaise. En outre les traditions du Gisaka, rapportées
par d’Arianoîff (2) devraient être réinterprétées dans le cadre général de l’his-
(1) KAGAME (Alexis). La notion de génération appliquée à la généalogie dynastique et à l’his-
toire du Rwanda des X° - XT® siècles à nos jours. Bruxelles, 1959.
(2) D’ARIANOFF (A.). Histoire des Bagesera, souverains du Gisaka. Bruxelles, 1954.
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toire de la civilisation interlacustre. Il apparaîtrait dans cette perspective
nouvelle que le clan dynastique gesera enleva le Gisaka au clan zigaaba, loin
de se détacher de lui ; Il fut supplanté plus tard, au Gisaka même, par des
conquérants hima venus du Karagwe, qui fondèrent la dynastie des Kimenyi.
Celle-ci se rattacha indûment à l’ancien clan dynastique gesera pour pré-
server le mythe de la continuité historique. Un réexamen attentif des tra-
ditions gisakiennes et haya nous oblige à admettre la validité de l’information
recueillie par Pagès : Kimenyi I serait contemporain du roi rwandais Ndahiro
Cyaamatare dont Vansina lui-même fixe le règne à la fin du xvi® siècle (1).
Dès lors il est tout à fait improbable que Kimenyi I ait pu combattre le roi
nyiginiya Bwimba Ruganzu (fin du xv® siècle) comme l’affirme un récit
historique célèbre, que Vansina n’examine pas avec assez d’attention. Il
faut en conclure que les Nyiginya affrontèrent les premiers rois authentique-
ment gesera du Gisaka, et non la dynastic tardive, d’origine étrangère qui se
prévaut à tort du titre de Gesera. Dès lors l’histoire du clan gesera proprement
dit est particulièrement complexe et il semble fort téméraire d’y voir une sim-
ple lignée dérivée d’un clan tutsi initial, les Zigaaba du Mubari.
Les chapitres consacrés à l’évolution des institutions rwandaises et à l’expan-
sion territoriale, sont en tous points remarquables. Nous noterons en parti-
culier que «la grande expansion territoriale» ne débute qu’au milieu du
xvTi1e siècle et s’achève peu avant la colonisation européenne, à la fin du x1x®
s. Elle accompagne le développement de la monarchie absolue, selon un mo-
dèle exceptionnel en Afrique noire. Vansina affirme pour la première fois
sans équivoque que les Tutsi ne réussirent pas à imposer partout et uniformé-
ment le type de domination socio-politique qui caractérise le Rwanda central.
Il faudrait donc limiter à cette région la brillante description ethnographique
entreprise jadis par J. J. Maquet du Système des relations sociales dans le Ruanda
ancien (Tervuren 1954) car « chaque chefferie présentait des situations admmi-
nistratives différentes». L’A. distingue deux phases dans l’histoire de la
domination tutsi. Au cours de la première, les groupes tutsi semi-nomades se
contentèrent de nouer des rapports d’échange pur et simples avec les paysans
hutu. Le contrat de vasselage serait apparu assez rapidement dans les régions
de forte implantation tutsi (Rwanda oriental et central). La phase suivante
est une véritable « colonisation» des communautés politiques hutu. Les Tutsi
se heurtèrent ici à de vives résistances. Aussi bien l’intégration des deux
castes principales était-elle loin d’être pleinement réalisée dans l’ensemble
du pays au début de la colonisation européenne.
Ce petit livre extrêmement condensé est un évènement important dans le
récent développement des études ethno-historiques africaines. L’ethnologue
y trouvera reconstituée avec sûreté la formation d’une société stratifiée, qui
fut trop souvent qualifiée sans raisons de « féodale». Il pourra notamment
méditer à la lueur de cette diachronie réelle, le quatrième chapitre de La
(1) PAGÈs (A.). Un royaume hamite au centre de l'Afrique. Bruxelles, 1933, p. 613.
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Pensée Sauvage, dans lequel Claude Lévi-Strauss décrit d’un point de vue struc-
turaliste, en mettant l’histoire entre parenthèses, le système de transformations
qui marque le passage d’une société fondée sur le clan totémique exogame
au régime des castes caractérisé par l’endogamie des groupes socio-écono-
miques distincts et hiérarchisés. — L. DE HEUscH.
Metz (Wolfgang). Das karolingische Reichsgut; eine Verfassungs- und Ver-
waltungsgeschichtliche Untersuchung. Berlin, Walter de Gruyter& Co,1960 :
één deel in-8°, 266 biz.
Achter deze titel verbergt zich een reeks onderzoekingen, van wezenlijk
belang voor de geschiedenis van het karolingische rijk. Het zet het reeds
respectabele eigen werk van de Schr. op dit terrein, alsook dat van anderen
— waaronder wij voor België dat van Dhondt, Ganshof, Rousseau en Ver-
hulst signaleren — voort, maar laat daarnaast, noodgedwongen, ruimte over
voor verder gespecialiseerd onderzoek, ook en zeker niet in de laatste plaats
op het terrein van de zuidelijke Nederlanden in en omtrent de 9° eeuw,
een terrein dat trouwens in het hier te bespreken boek reeds behoorlijke
aandacht heeîft gekregen.
Schr. behandelt eerst de bij het karolingische hof centraal 2anwezige
elementen van domaniaal bestuur, vervolgens de mobiele missi die, van het
hof uit, het contact hadden te onderhouden met de actores der afzonderlijke
domeincomplexen, en tenslotte deze actores zelf. Deze organisatiepyramide
had de materiële verzorging van de hofhouding ten doel, inclusief de regeling
van het transport van de domaniale produkten naar waar ze gewenst waren.
Voor dit doel behoorde men te beschikken over kennis van de omvang en
opbrengstwaarde der domeinen. Deze verkreeg men door een beschrijving
van de kroondomeiïinen of van bepaalde onderdelen hiervan. In het bijzonder
met het oog op militaire doeleinden werd hierbij de beschrijving van de
leencomplexen betrokken. Op pp. 19-21 volgt een handige opsomming van
deze soorten bezitsinventarissen. Van slechts een enkele is nog de tekst
bewaard gebleven.
In de totaliteit der karolingische kroondomeinen hadden onze gewesten
een voorname plaats, en ze hebben dat niet minder in de nog bewaarde
domeinbeschrijvingen : men denke aan de Brevium exempla ad res ecclesiasticas
et fiscales describendas. Dat Schr. juist aan het ontstaan van deze uit de buurt
van Rijsel afkomstige tekst veel aandacht besteedt, verdient vermelding.
Hij weet aannemelijk te maken, dat dit stuk circa 820-825 reeds bestond,
omdat het toen in de abdij Fulda als voorbeeld werd gesteld bij de materiële
gezondmaking van dat klooster. Schr. behandelt nog andere documenten
over de domeinadministratie en hun datering, o. m. op bijzonder scherpzin-
nige wijze het zg. Lorscher Reichsurbar, en niet te vergeten het Capitulare
de villis. Ook van dit dokument, samen met de Brevium exempla bewaard in één
handschrift uit waarschijnlijk Fulda, neemt Schr. aan dat het reeds circa