Fiche du document numéro 30857

Num
30857
Date
Mardi 31 décembre 2013
Amj
Fichier
Taille
58182
Pages
2
Titre
Sketch sur le Rwanda : des « regrets », mais pas d'excuses
Sous titre
Un sketch de Canal+ qui se moquait du génocide rwandais a choqué, notamment survivants et proches des victimes. La chaîne estime qu'il a été « mal interprété ».
Nom cité
Mot-clé
Source
AFP
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
Le site de l'émission de Canal+

Canal+ a indiqué lundi soir "regretter" l'interprétation d'un sketch sur le génocide au Rwanda qui visait, selon la chaîne, à "parodier" une émission mais a provoqué une vive polémique. Ce sketch a été diffusé sur la chaîne cryptée le 20 décembre, dans le cadre de l'émission "Le Débarquement". Il entendait parodier "Rendez-vous en terre inconnue", émission de Frédéric Lopez diffusée sur France 2, a affirmé Canal+. Une adaptation de la comptine "Fais dodo, Colas mon petit frère" a particulièrement choqué et une pétition a été lancée sur Internet.

"Maman est en haut, coupée en morceaux"



"Ce sketch ne visait en aucun cas à porter atteinte à la mémoire de victimes du génocide rwandais", s'est défendu Canal+. Il "visait à caricaturer et dénoncer l'attitude de certains Occidentaux ne s'intéressant qu'à eux-mêmes, en arrivant dans un pays qui leur est totalement étranger", poursuit la chaîne. "Le choix d'un pays ayant connu une période de massacres visait à créer un contraste extrême entre la gravité des faits et l'attitude désinvolte des supposés invités d'une émission parodiée. Nous regrettons que ce sketch ait pu être interprété autrement", a déclaré la chaîne.

Selon le blog Nano et Mitz (la vidéo n'est pas disponible sur le site de Canal +), qui a noté le verbatim du sketch, la comptine qui fait polémique termine le "spectacle" sur les notes suivantes : "Fais dodo, Colas mon p'tit frère / Maman est en haut, coupée en morceaux / Papa est en bas, il lui manque un bras. Fais dodo, car les autres sont morts...". Autre moment qui coince : le personnages joué par l'actrice Audrey Fleurot raconte ainsi l'histoire de l'adoption d'un enfant sur place : "Bon ben voilà, y'a 6 ans je voulais adopter un p'tit orphelin, je sais qu'ici y'en avait plein, enfin je veux dire que le pays avait subi un drame terrible hein, eh ben j'ai fait une belle connerie. [...] J'arrive, je choisis mon orphelin, j'en trouve un sublime, le lendemain ils m'avaient retrouvé toute la famille. Obligée d'en choisir un autre, moins joli évidemment. Alors cette fois je demande à voir la carte du village rasé pour être sûre que tout le monde y était resté. [...] Tu vois pas qu'une semaine après, ils me retrouvent une tante dans le village d'à côté. [...] Je suis désolée, mais c'est mal organisé. On te dit génocide, génocide, mais moi je trouve qu'y en a encore un paquet en pleine forme."

Dans une tribune publiée lundi dans Libération et intitulée "Canal+ à mourir de rire", l'écrivaine rwandaise Scholastique Mukasonga, prix Renaudot 2012, dénonce "l'innocence tranquille du racisme ordinaire". "On s'est tordu de rire sur les canapés des téléspectateurs", dénonce-t-elle. "Cela ne semble gêner personne, comme ce qui se passait au Rwanda au printemps 1994. Moi, ce sketch m'a indignée", écrit Scholastique Mukasonga, qui a perdu de nombreux membres de sa famille lors du génocide rwandais.
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