Citation
Introduction
Le présent article est une partie de notre thèse sur les représentations de
la femme tutsi dans l’imaginaire génocidaire de 1959à 1994. Il analyse et met en
exergue des représentations de la femme tutsi durant la période de l’intense
propagande raciste qui a précédé le génocide contre les Tutsi du Rwanda de 1994.
Il faut noter qu’au Rwanda traditionnel, est reconnue « femme », tout être
biologiquement identifié comme femelle. Par rapport à son genre féminin, la
société rwandaise traditionnelle lui confère une place particulière par rapport à
l’homme. D’après Alexis Kagame, au Rwanda ancien, les femmes sont des
protégées de la société. Même en cas de conflit, qu’elle soit du groupe des Twa,
Hutu et Tutsi, la femme n’était jamais objet de vendetta (Kagame 1954,
80-81). Par après, la colonisation présente ces groupes rwandais avec des
stéréotypes raciales, les Tutsi comme envahisseurs, immigrés et les Hutu comme
bons et gentils(Kagame 1954). Historiquement, précisons que les concepts
d’ethnie et de race, souvent utilisés de manière interchangeable, sont des
inventions héritées de la colonisation (Byanafashe et Rutayisire 2016).
Déborah Mayersen, dans son étude sur le racisme et l’ethnicité au
Rwanda, fait remarquer que le pouvoir sous la 1ère et la 2eme République a
maintenu la conscience de l'ethnicité ainsi que la disharmonie entre ces ethnies
(Mayersen 2015). Dans leur étude sur l'interrelation entre la race et l'ethnicité en
Grande-Bretagne (1994), Haleh Afshar et Mary Maynard montrent une série de
données empiriques sur les interrelations entre la "race" et les conséquences du
racisme et précisent que les références ou ressources ethniques sont elles-mêmes
sexuées tout comme les idéologies racistes (Afshar et Maynard 1994). De ces
études citées à titre d’illustration, n’ont rien signalé qui concerne les spécificités
liées aux femmes tutsi d’où la motivation d’étudier et de mettre en relief les
représentations négatives qu’on se faisait d’elles à travers la propagande antitutsi de1990 à 1994. Tout d’abord, il faut noter que la convention pour la
prévention et la répression du crime de génocide adopté par les Nations Unies
du 9 décembre 1948, « le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après,
commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national,
ethnique, racial ou religieux, comme tel : Meurtre de membres du groupe ;
atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant
entraîner sa destruction physique totale ou partielle; mesures visant à entraver
les naissances au sein du groupe; transfert forcé d’enfants du groupe à un autre
groupe » (Charny 2001, 198).
Durant cette période de propagande raciste, nous avons d’abord analysé
les faits, textes et iconographies qui ciblent la femme tutsi, ensuite analysé les
représentations négatives qu’ils produisent pour elles et leurs évolutions durant
ces quatre années de propagande anti tutsi de 1990 jusqu’au génocide de 1994 et
en avons fait une critique historique. Nous pouvons avancer l’idée que la
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propagande anti-tutsi de 1990-1994 avait créé et propagé une représentation
négative de la femme tutsi. À cet égard, il convient de se demander quel est le
prélude de la violence qui a été infligée à la femme tutsi pendant la propagande
de 1990 à 1994 ? Autrement dit, quels sont les termes et descriptifs utilisés par la
propagande anti-tutsi qui sont spécifiques aux femmes tutsi ? En quoi ces
descriptions ou représentations sont-elles déshumanisantes et prédisposent ces
dernières aux formes particulières de persécution ?
Pour répondre à cette question, la littérature existante fournit quelques
orientations. Selon Nick Haslam, la déshumanisation affecte la nature humaine
soit en lui refusant ses propres caractéristiques d’humain, soit en l’assimilant aux
animaux(Haslam 2006, 252-64) Dance cette même logique, David Livingstone
Smith, dans Less than human, démontre que les Juifs européens et les Tutsi du
Rwanda sont respectivement traités de rats et de cafards (D. L. Smith 2011).
Quant à Gregory Stanton dans Ten stages of genocide, la déshumanisation passe
par les idéologies de haine qui sont diffusées par radio, des journaux et des
discours officiels (Stanton 2013). Rappelons que vers les années 1990, le Rwanda
est confronté à une crise politique qui est empirée par une propagande anti tutsi
à travers une foule de médias de cette période avant le génocide contre les Tutsi
de 1994. Dans cet article, la déshumanisation qui est objet de notre étude se
focalise sur la représentation négative faite de la femme-tutsi dans les écrits et
discours de 1990 à1994 relatifs à la propagande anti tutsi et prémonitoire à leur
extermination. Cette phase d’extermination est décrite par Grégory Stanton
comme exécution des victimes. Elle est marquée par le début des massacres,
perçus par les tueurs comme des actes « d’extermination », car ils croient que
leurs victimes ne sont pas pleinement humaines (Musée de l’Holocauste de
Montréal s. d.). Tel est le résultat rapporté comme génocide en termes des
victimes. C’est le cas dans l’ouvrage Destruction des Juifs d’Europe (Hilberg 2006)
et Génocide des Tutsi du Rwanda (Piton 2018) pour ne citer que ceux-là.
1. Méthodologie
En suivant une démarche d’analyse qualitative de contenu, nous avons
rassemblé les termes utilisés et les significations y associées pour
déshumaniser la femme tutsi. L'approche de l'analyse sémantique conceptuelle
de Marianne Canto-Klein et de ses collègues Françoise Lantier et Nicole
Ramongnino (Mucchielli 2006, 103-106) nous a aidé dans le traitement des
données, pour extraire la connotation et la dénotation qui n'apparaissent pas
dans les données explicites. Sur le terrain du Rwanda, nous nous sommes encore
référées aux rapports des experts linguistes pour effectuer une analyse
sémantique et montrer des représentations du sens des énoncés du corpus
(Nkusi, Ruzindana, et Rwigamba 2002). Munie d’une grille de lecture, nous
avons pu cibler les thèmes du corpus portant sur la représentation de la femme
tutsi. Les coutumes et la langue kinyarwanda nous ont permis de faire une
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critique interne et externe des extraits retenus. Signalons que, les thèmes de la
grille de lecture qui ont servi d’appui pour représenter la femme tutsi incluent :
l’apparence physique, la maternité, la sexualité, profession, l’accès au pouvoir ou
contact avec celui qui est détenteur du pouvoir, le mariage mixte (avec un mari
du groupe Hutu), la religion et la santé. Dans cette logique, sur nombre de
journaux vus pour analyse (de 1990 à décembre 1994) nous avons repéré 115
occurrences de descripteurs dans les extraits de la presse orale et écrite et des
discours politiques, tous porteurs de la déshumanisation de la femme tutsi du
Rwanda.
2. Présentation des résultats
Dans la présentation des résultats, il s’agit de présenter et discuter de la
situation globale de représentation de la femme -tutsi à travers les médias et les
discours politiques de la période 1990-1994. Les résultats font constater une usine
d’altération du statut et de la place de la femme tutsi dans la société rwandaise.
La définition de l’ennemi rendue officielle par le rapport remis au président de
la République en date du 21 septembre 1992, spécifie que l’ennemi est le tutsi de
l’intérieur et de l’extérieur du pays. Il précise également que les femmes tutsi
mariées aux étrangers élargissent la gamme d’ennemis en faisant de leurs
partenaires des complices(Rigaud 2019). Cette représentation de femme ennemie
a été diffusée et répandue par les termes englobant des descriptions négatives de
femmes tutsi que l’on a désignées comme archétype. Le terme archétype est
emprunté de CG. Jung par Gilbert Durand dans une étude menée sur la structure
des imaginaires(Durand 1992). Ceci cadre bien avec notre épistémologie, car les
archétypes de femme tutsi se trouvent au centre de la structuration et de
l’altération de l’image créée et diffusée par la propagande anti-tutsi.
Tableau1 : Archétypes et marqueurs de la déshumanisation de la femme tutsi.
Archétypes de femme tutsi
Ikizungerezi, Ibizungerezi, Akazungerezi
Fréquence
51
%
44
Kanjogera
Nyiramusambi
Autres marqueurs
Total
11
2
51
115
10
2
44
100,0
Référence : tableau fait par nous même à partir du corpus de notre thèse de
doctorat
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2.1. Archétypes de femme tutsi ennemie
Archétype ikizungerezi : (singulier), ibizungerezi (pluriel), akazungerezi
(diminutif) : femme de beauté maléfique, fatale. Pendant la propagande anti-tutsi
le terme s’est appliqué pour désigner une très belle femme et souvent une femme
de l’ethnie tutsi. Le terme est également remarqué par Jean-Pierre Chrétien dans
sa recherche sur les médias du génocide. Dans les recherches précédentes à la
nôtre, ikizungerezi est traduit comme femme fatale (Chrétien 1995b, 161). Dans
notre étude, le terme est entendu comme archétype et s’explique par un ensemble
d’informations variées et nous avons préféré garder le terme comme tel, en
kinyarwanda. À cet archétype, est associé le pouvoir de séduire les hommes hutu
et étrangers au point de leur donner des tournis (Ndahimana 1990) et même les
hommes étrangers. Tel est le cas de madame Bwiza Connie mentionnée comme
membre du Front patriotique rwandais (FPR) surnommé inkotanyi (traduit
comme « ceux qui se battent avec le plus de courage ») pour donner le tournis au
président de la France François Mitterrand représenté comme un membre
d’interahamwe (traduit comme « ceux qui travaillent ensemble ») dans le journal
Vérités d'Afrique Impamo N°1 d’août 1992. Ce terme désignera tous les miliciens
impliqués dans l’exécution du génocide contre les Tutsi en 1994 (Rédaction 1992,
3). Archétype Kanjogera : nom de reine-mère, Nyirayuhi Kanjogera sous le règne
de Yuhi V Musinga (1896-1931) représentée comme sanguinaire. Au sens élargi
(connotation), l’image de reine-mère sanguinaire est assimilée à la femme tutsi
de 1990-1994. Archétype Nyiramusambi : est un nom de personne de sexe
féminin dont le préfixe –Nyira- veut dire mère et -Musambi, nom de personne de
sexe masculin qui veut dire la grue couronnée. L’archétype de ce nom est utilisé
pour désigner la femme tutsi qui, dans la propagande contre les Tutsi, est taxée
d’alliée de son frère tutsi, par ses capacités d’espionner le Hutu pour le faire du
mal ou l’éliminer (Rédaction 1990, 12-13).
D’autres marqueurs symbolisant, dégradant et déshumanisant la femme
tutsi comme les archétypes ci-haut identifiés sont également relevés. Nous
pouvons donner l’exemple de Dalila et Samson de la bible évoquée pour
représenter les femmes tutsi dont les potentielles victimes sont les cadres hutu
par le journal Zirikana N°5 de janvier 1993 (Silikari janvier 1993, 5-6). À chacun
de ces archétypes et autres marqueurs, une série de descriptions déshumanisant
la femme tutsi associée ouvrent une série de représentations de la femme tutsi
« autre » que la femme ordinaire rwandaise. C’est cette représentation ou image
créée que l’on va essayer d’identifier et d’expliquer dans la section suivante.
2.2. Femme tutsi déshumanisée : le prélude à son extermination
L’analyse des archétypes que nous avons mis en exergue, donne une série
de représentations faites de la femme tutsi avec des attributs la déshumanisant
voire diabolisant
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2.2.1. Une séductrice et prostituée
Pour représenter les femmes tutsi dans la propagande d’extrémistes hutu,
le terme ikizungerezi fut largement employé et étendue pour désigner la femme
tutsi et assimilée. Les mots et les caricatures de femme tutsi s’entrelacent pour
représenter la femme tutsi comme une prostituée. Par un article au sujet des
conséquences de l’attaque des anciens exilés du FPR- Inkotanyi, le journal Isibo
déclare que les ibizungerezi ont l’objectif de corrompre les cadres Hutu qui les
fréquentent, et de s’accaparer de leur argent (Sebuhoro novembre 1990, 14). Leur
beauté est caricaturée par les journaux et elles y sont présentées comme
tentatrices. Certains éléments sont textuels, d’autres sont des caricatures qui la
dessinent à travers une tenue mettant en valeur les parties habituellement
cachées, telles que les cuisses, les seins. Pendant cette période, les extraits sexués
et caricatures sont diffusés par beaucoup de journaux pro-régime et même de
l’opposition. A titre d’exemple, Ijisho rya rubanda, l’œil du peuple (Dufitemungu
avril 1991, 12), Ikindi (Safari novembre 1991, 3), Isibo (Mutsinzi juin 1991, 7)et la
radio RTLM(Transcription Cassette RTML N° 0255 face A, p.8, §. 2) ont utilisé la
même image d’"ikizungerezi". En mai 1992, Kangura N°35 sensibilise l’opinion
par le titre de la caricature : « ingutiya z’ibizungerezi zisigaye zinukira abahutu
pee!! » ; ce qui se traduit par : à présent les jupes des ibizungerezi » (femmes
fatales) dégagent une mauvaise odeur pour les hommes Hutu (Karangira mai
1992, 15):
Ceci annonce la fin de la séduction des ibizungerezi. Le contenu de l’article
accompagnant cette caricature démontre cette fois-ci l’arrogance des ibizungerezi
se moquant d’un homme hutu qui à son tour bouche son nez pour ne pas sentir
l’odeur d’ikizungerezi remontant de sa minijupe devant lui. En juillet 1993, l’idée
que les militaires comme les cadres hutu sont sous l’emprise des femmes tutsi est
très répandue. Dans cette logique, quelques militaires du Groupe d'Observateurs
Militaires Neutres (GOMN), dont leur commandant, chargés de surveiller la
frontière avec l’Ouganda sont également accusés de courir les jupons des filles
tutsi (Rédaction juillet 1993, 17). Cet extrait également analysé par Jean-Pierre
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Chrétien dans Les médias du Génocide(Chrétien 1995b, 167) démontre
l’objectivation de la femme tutsi et vise le commandant du GOMN et les Hutu
qui les fréquentent. Cette beauté séduisante est utilisée par la propagande
présentant les femmes tutsi comme un danger avec des capacités de dévier des
bons hommes hutu de leur mission. En nous référant à Mireille Dottin-Orsini,
« la représentation déshumanisante de la femme pointant sa beauté n’est pas un
phénomène nouveau. C’est un fait remarqué dans la propagande antisémite où
la femme juive est décrite belle et avec des capacités d’assoir sa domination
sexuelle sur la société chrétienne » (Dottin-Orsini 1993, 314-324). Au-delà d’être
traitée de séductrice, la femme tutsi est qualifiée de meurtrière par le même
média.
2.2.2. Une cruelle et empoisonneuse
Sous le thème de la santé et du pouvoir, les femmes tutsi sont présentées
comme des cruelles et empoisonneuses et les hutu sont leurs prétendus victimes.
Pour ce fait, la propagande anti-femme tutsi a mis en route les termes Kanjogera
et ikizungerezi auxquels sont associés les descriptions et autres marqueurs de
cruauté pour la caractériser. Nous jugeons important de souligner que dans la
tradition rwandaise, la mort due à l’empoisonnement cause une vraie panique
dans la population, de telle sorte que tout le monde doit lutter pour éliminer le
porteur de ce danger mortel. À cet égard, les extraits de la presse pro régime et
celle dite démocratique de 1990-1994 ont présenté la femme tutsi d’une part
comme Kanjogera avec son épée en symbole de femme cruelle dans Kangura N°5
(Etudiants rwandais de l’université de Laval décembre 1990, 7), Isibo N°1
(Musangamfura setembre 1990, 10), Kamarampaka N°7 (Lecteur juin 1992, 1), et
l’émission de la radio RTLM du 22 juin 1994 dont les victimes sont des Hutu
(bébés). Dans cette logique, certaines femmes désignées comme ibizungerezi sont
également décrites comme cruelles par le truchement d’empoisonnement et de
transmission du VIH/Sida dont les victimes sont des hommes hutu (cadres et
militaires). En juillet 1972, dix ans après l’indépendance(Repubulika y‘u Rwanda,
Ibiro by‘Amakuru muri Presidence 1972, 9-10), pour relancer une mobilisation
hutu et neutraliser les oppositions internes, le régime a publié une sorte de
manuel d’histoire en Kinyarwanda dans lequel on lit des propos haineux contre
les Tutsi et présentant la reine-mère Kanjogera comme femme cruelle. Ce
document est également l’objet d’un article paru dans le journal Le courrier du
peuple N°11 (Rédaction novembre 1993, 6-9). Dans ce cheminement de
représentation de cruauté, le thème de l’envoutement est mis en avant. En effet,
la propagande de 1990-1994 présente la femme tutsi comme une personne
possédant du poison appelé ibifutero 1 supposé dangereux pour les hommes hutu.
Mais il y a deux sortes de poisons : celui qui envoute et séduit et celui qui tue.
1 Ibifutero : drogue fait de cidre mélangé avec un jus nocif avec des propriétés de faire tomber dans
l’hébétude que la reine mère adoptive aurait donné au roi Mibambwe IV Rutarindwa pour le tuer.
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En ce qui concerne le poison qui envoûte, la représentation déshumanisant
la femme tutsi faisant usage d’ibifutero (poisons) est utilisée 12 fois dans la presse.
Elle paraît pour la première fois dans Kangura N°28 en ces termes : « Rwandais,
assurons-nous que nous n’avons pas consommé des ibifutero ». De cette manière
le journal fait passer l’idée que ceux qui sont drogués sont ceux qui fréquentent
les ibirambi by’ibizungerezi, c’est-à-dire les salons2 des femmes tutsi, et ceux qui
reçoivent des cadeaux de vins ou champagnes des Tutsi. Le journaliste continue
en disant que Kanjogera doit avoir légué ces ibifutero à ses petites-filles tutsi3.
Tout au long de la propagande le journal Kangura N°41 (Rédaction mars 1993, 4),
Kangura N°28 (A. Muberantwari décembre 1991, 12-14) et N°63 tous ont employé
ce terme de poison pour taxer les filles tutsi de vouloir envoûter les officiers et
cadres supérieurs hutu. À l’en croire, seuls les soldats non gradés restent
courageux parce qu'ils ne se laissent pas dérouter par ces femmes tutsi. Les
ennemies désignées sont des « inyenzi, leurs amis, des ibizungerezi donneuses
d’envoûtement et ceux qui les ont prises pour épouses » (A. Muberantwari
décembre 1991, 14). Pour ce qui est du poison qui tue, les femmes tutsi sont
présentées comme celles qui transmettent le VIH aux hommes hutu. À ce propos,
le journal Le tribun du peuple répand que les ibizungerezi ont l’ambition de sale
besogne de contaminer du VIH/ sida les militaires hutu (Rédaction juin 1991, 10).
Dans cette foulée, Alexis Ndayabona par le journal Umurava magazine publie que
les hutu sont prévenus de l’existence de l’une d’elles appelée Solange de Remera
(quartier de la ville de Kigali pas loin de l’aéroport international de Kigali), de
beauté maléfique et porteuse de la guigne (malchance-atera umwaku) (Ndayabona
juillet 1991, 19). Dans cette logique, l’usage du terme ibifutero exerce une grande
influence sur les futurs génocidaires, car l’élimination d’une femme tutsi
empoisonneuse est considérée comme de la légitime défense.
2.2.3. Une mauvaise employée
Dans le développement de l’image négative de la femme tutsi, le thème de
l’accès à l’emploi a servi dans la production de beaucoup d’articles dont nous
présentons quelques-uns. À l’hôpital neuro psychiatrique de Ndera, les femmes
tutsi employées par cet hôpital sont visées et disqualifiées dans leur travail de
soins dispensés aux malades mentaux (Nsanzuwera novembre 1991, 11), en les
accusant de refuser des soins de toilette aux malades hutu. Ces femmes Tutsi,
sans toutefois spécifier leurs postes, sont identifiées comme ibizungerezi qui ne
participent qu’aux réunions organisées par le frère directeur et qui se montrent
moins engagées au travail de soin des malades (Nsanzuwera novembre 1991). De
ce fait, elles sont de mauvaises employées comme le frère directeur de l’hôpital
(Fr Mukama Mathieu qui est Tutsi et qui sera assassiné en 1994). Le même plan
Les salons des femmes tutsi : peuvent être entendus aussi comme des lits ou chambres à coucher.
La reine-mère Kanjogera aurait drogué le mwami Mibambwe avant de le faire tuer et de faire nommer son
fils Musinga à sa place (Kagame 1975, 108-9 par. 501).
2
3
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de contamination du VIH / sida aux militaires est reproché aux infirmières tutsi
de l’hôpital CHK de Kigali (Rédaction juillet 191, 3) L’accusation de malveillance
aux employés tutsi dans le domaine de la santé est presque identique pour les
femmes et pour les hommes. Dr Nizeyimana, Médecin directeur de la région
sanitaire de Ruhengeri est taxé d’avoir l'intention de torturer les déplacés de la
zone de guerre (Byumba et Ruhengeri) […], comme c’est le cas pour
Mukamusoni Concessa du service de la malnutrition (bwaki) et Murebwayire
Dorothée, responsable du stock pharmaceutique, toutes présentées comme de
vrais Inkotanyi qui vivent derrière les volcans (les ennemis) (Rwabutogo mars
1992, 5). Les femmes tutsi employées par les hôpitaux sont décrites comme
prostituées visant à contaminer les militaires par le VIH/SIDA et comme passant
leur temps à séduire les hommes hutu au lieu de s'occuper de leur travail. Toutes
ces allégations visent à détruire leur carrière professionnelle, voire à les exclure
de la société active. Le thème suivant porte sur la femme tutsi en tant qu’épouse
et mère.
2.2.4. Femme infidèle, traitresse et mère de cafard
Sous cette représentation, la femme tutsi est présentée comme une
trompeuse lors qu’elle est dans un mariage mixte (avec un mari hutu). Cette
image de trompeuse est également employée pour la forme raciale symbolisant
les femmes tutsi comme étant mères de cafards. Par la même occasion, la
rédaction de Kangura dans son N°28 affirme qu’il n’y a « pas de cafard donnant
naissance à un papillon : la femme tutsi ne peut pas donner naissance à un enfant
hutu » (Rédaction février 1993, 17). Les représentations de ce genre furent
développées autour du thème de la femme tutsi vis-à-vis de sa maternité. Le plus
souvent, cette représentation revêt de la déshumanisation la plus extrême et
correspond à l’animalisation. La femme tutsi dépourvue de l’humanité est
symbolisée mère de cafard. Et dans la même logique ses enfants sont
simultanément des cafards, peu importe son appartenance parentale du coté
père. Cette représentation s’attaque à sa maternité, son statut de mère et de son
milieu de vie qu’il soit professionnel, voisinage et politique. Toutes les portes se
trouvent fermées à elle et ses enfants. Cette déshumanisation fut la plus répandue
dans les médias des plus extrémistes du cercle au pouvoir qui tentent d’exclure
d’autres Hutu suspects d’avoir une certaine alliance avec des Tutsi. Les
illustrations sont nombreuses. Le journal Nyabarongo N°3 de septembre 1991, par
son éditeur, publie que l’épouse tutsi préfère avoir des enfants avec des hommes
de son ethnie tutsi à la place de son mari légal. L’auteur précise que le Hutu élève
des enfants qui ne lui appartiennent pas, leur fournit une éducation, des biens et
trouve de l’emploi pour ses beaux-frères tutsi (Muberantwari septembre 1991, 1).
À cette période les hutu du nord prétendaient être les seuls hutu purs du Rwanda
et réfutaient les autres, surtout ceux du Sud du pays (Nduga) (Chrétien 1995b,
89-91). À cet égard, les commerçants de la ville de Gisenyi (Nord-Ouest du
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Chants traditionnels tagba dédiés : Une école d’apprentissage et de pratiques des bonnes manières
Rwanda) qui sont d’origine des familles mixtes (mère tutsi et père hutu) sont
présentés comme de Hutsi. Ceci revient à expliquer qu’ils ne sont pas acceptés
comme de vrais Hutu (Sibo mai 1991, 15). En février, 1993, Kangura N°40,
enseigne qu'un cafard ne peut pas donner naissance à un papillon. Ainsi les
inyenzi cafards donnent naissance à d’autres cafards. Le journal Kangura,
champion de cette idéologie, explique que les femmes tutsi qui se sont mariées
aux Hutu évitent d’avoir des enfants avec eux, trompant ces derniers avec des
Tutsi (Rédaction juillet 1993, 15-17). Dans la même ligne d’ordre, Kangura N°41
avait précédemment fait cette symbolisation d’animalisation appelle tous les tutsi
les serpents par un terme dit « igihindugembe » serpent à deux têtes, pour
signifier tutsi de l’intérieur de l’extérieur (Nyabyenda mars 1993, 5-8) .
Rappelons que dans la tradition rwandaise (société patrilinéaire), les femmes ne
donnent pas d’ethnie, seul le sexe masculin donne l’identité et l’ethnie à sa
descendance. Logiquement les enfants d’un père hutu devraient être hutu. Mais
non, dit Kangura, les femmes tutsi trompent leurs maris. La persécution de ces
épouses mariées aux Hutu se trouve fondée et justifiée une fois qu’elles sont
suspectées d’avoir trompé leurs époux et que leurs enfants ne sont pas acceptés
dans la lignée Hutu. Ainsi, Jean-Pierre Chrétien explique pourquoi durant le
génocide les femmes tutsi mariées aux Hutu ne furent pas épargnées alors que,
selon la coutume, elles faisaient partie du lignage et du clan de leurs
époux(Chrétien 1995a, 22-56).
2.3 Déconstruction de la déshumanisation faite de la femme tutsi
Nous inspirant de Roger Muchielli (Mucchielli 2006, 18-19), nous avons
analysé la validité de l’information de la victime enfant hutu de Kanjogera et ses
fondements : l’analyse informationnelle porte sur les premières victimes du
règne de Kanjogera. Dans cette ligne, le rôle de la reine-mère historiquement
connu est noté dans le coup d’Etat de Rucunchu de 1895 pour introniser son
propre fils Musinga. Le deuxième raconté par père Léon Delmas est celui de
l’aveuglement du chef Kayijuka de 1906 suite à l’introduction de deux
missionnaires dont lui-même et père Wefurth sans en avoir la permission
(Delmas 1950, 14). Dans les deux cas, les victimes ne sont pas des Hutu. L’histoire
des victimes Hutu ne sont connus et enseignés qu’à travers les écrits de Roger
Heremans qui servaient de manuel d’histoire dans les écoles secondaires du
Rwanda (Heremans 1973), du Major Lizinde Théoneste (Lizinde 1979, 51) dans
La découverte de Kalinga ainsi que les passages historiques des rapports variés de
l’Etat tel que celui de recensement général de la population et de l’habitat fait en
1984(Bureau National de recensement (Rwanda) 1984, 176) pour ne citer que cela.
À l’égard des enfants hutu victimes de Kanjogera rapportés à titre posthume, une
analyse d’information a porté sur l’occasion et l’audience des enfants, leurs
origines et spécialement des familles qui seraient victimes de ces atrocités. Les
écrits sur l’organisation du pouvoir royal tant des nationaux que ceux des
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explorateurs aucun d’entre eux n’indique de trace concernant le fonctionnaire, le
protocole politique et les origines familiales ou régionales des supposées
victimes. En l’absence de réponse à ces questions nous avons constaté qu’il s’agit
d’une profanation de la personnalité de la reine-mère. En plus de cela, les récits
de Jean de Dieu Nsanzabera en kinyarwanda traduit comme L’histoire de la
fondation du Rwanda (Nsanzabera 2013, 70-71), d’Alexis Kagame dans Un abrégé
de l’ethnohistoire du Rwanda (Kagame 1975) montrent que la tradition ne prévoit
pas le port d’arme par les femmes. En cas de guerre, les femmes pouvaient porter
des talisman(Jacob 1985, 288)4. Le port d’épée attribué à la reine-mère Kanjogera
n’est pas prouvée. Dans cet ordre, l’analyse des photos de femmes rwandaises de
tous les groupes ethniques, aucune d’elles n’est associée à une arme quelconque.
Elles sont représentées souvent avec des outils de travail domestique tels que la
vannerie ou portant des enfants (Maquet 1954). Nous avons constaté que cette
représentation de cruauté utilisant l’enfant hutu n’est qu’un alibi de la
propagande anti-femme tutsi. Il en est de même dans l’usage de l’archétype
nyiramusambi mère grue couronnée détournée de son emploie au sens initial qui
selon Pierre Smith, les personnages animaux tels qu’épervier, caméléon et mère
grue-couronnée étaient employés par les conteurs de tous les groupes sociaux
pour émerveiller et capter l’attention de leur audience (P. Smith 1975, 10-11). Les
différentes représentations de traitresse, d’espionnage, de contamination du
VIH/ Sida aux hommes hutu, de mère cafarde et de serpent qui ont été
gratuitement créées au sujet de la femme tutsi correspondent à des phases du
génocide : classification, symbolisation (animalisation), déshumanisation. Elles
servent à légitimer les persécutions, tortures, viols à infliger aux femmes tutsi. De
même, l’étude de Joly sur les contextes sociaux de dénonciation des juifs pendant
l’occupation allemande, démontre le recours à la délation pour persécuter les
juifs du département de la Seine et sa banlieue et son agora dans les milieux
sociaux variés. Quelquefois les protecteurs des juifs sont également dénoncés
(Joly 2013, 12). Aussi, Alison Des Forges dans son livre Aucun témoin ne doit
survivre , démontre qu’au Rwanda, à la mi-mai 1994, les autorités ont ordonné la
phase finale de traquer les derniers survivants Tutsi susceptibles de témoigner
sur les massacres. La majorité était des femmes et des enfants. Pendant toute cette
période, les femmes tutsi étaient régulièrement violées (Des Forges 1999, 16).
Nous avons remarqué que la déshumanisation avant l’exécution et pendant le
génocide des Tutsi en 1994 est une phase qui continue et se renouvelle en fonction
du moment. Comme démontré par Norbert Elias dans Logiques de l’exclusion
(Norbert et John 1997, 14-15), nous constatons que tous les mots et les
descriptions identifiées qui représentent la femme tutsi de la propagande
déshumanisante sont continuellement adaptées pour renforcer la cohésion des
4 Jacob Irénée, Dictionnaire rwandais-français, Volume 3, Butare, Institut national de recherche scientifique,
1985, p. 288.
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Chants traditionnels tagba dédiés : Une école d’apprentissage et de pratiques des bonnes manières
lecteurs et des auditeurs qui l’adopteront et le rejet d’une minorité tutsi,
spécialement des femmes, de leur communauté de vie ou de travail.
Dans ce même ordre, les témoignages des survivants dans Vies brisées de
Binaifer Nowledjee révèlent les tortures et mutilations sexuelles telles que :
éventrer les femmes avant de les tuer, couper les seins, taillader la région
pelvienne, mutiler les vagins, verser de l’eau bouillante dans le vagin, etc.
(Nowrojee 1997, 41-42). Un témoin à charge au tribunal lors du procès Akayesu
atteste avoir entendu du bourgmestre de la commune Taba dire aux tueurs : « ne
me demandez plus comment est la femme Tutsi. C’est le moment. Après, elles ne
seront plus »(ICTR 1998). De ces illustrations des caractérisations biaisées de
femme tutsi et également d’instruction d’autorité de violer, nous pouvons
confirmer que les exactions pareilles, tels que le viol et les tortures infligées aux
femmes tutsi, résultent en partie des représentations déshumanisantes
médiatisées ou prononcées dans les discours des autorités lors de l’encadrement
de l’extermination.
Conclusion
En conclusion, les analyses révèlent un éventail de production de
déshumanisation de la femme tutsi à travers des extraits, des images mobilisées
par la propagande pour présenter la femme tutsi ennemie. Les termes utilisés
par la propagande pour nommer et décrire spécifiquement les femmes Tutsi
étaient (1) "ikizungerezi", (2) les petits-enfants de Kanjogera et (3) Nyiramusambi
et quelques stigmates pour surligner la représentation déshumanisante de la
femme tutsi que l’on désignerait de misogynie, si on emprunte le terme à Mireille
Dottin-Orsini, auteur de cette femme qu’ils disent fatale. Textes et images de la
misogynie fin de siècle(Dottin-Orsini 1993). Tous ces termes ont corroboré les
représentations de déshumanisations et diabolisation des femmes tutsi. Elles sont
caractérisées comme belles et maléfiques, mauvaises employées, trompeuses une
fois dans les mariages mixtes, prostituées, espionnes, mères de cafards et
finalement êtres humains cruels. La déshumanisation et l’exécution dont
l’analyse a montré une relation des faits sont toutes deux, des phases
constitutives du processus génocidaire. Notre travail a eu beau de chercher à
traduire avec exactitude les récits de la langue kinyarwanda en français, mais,
dans le même temps, il en a probablement réduit le sens des faits. De fait, certains
mots de la langue d’origine du texte (kinyarwanda) qui n’ont pas d’équivalent
en langue cible sont restés inchangés. Les analyses ont montré les victimes de la
déshumanisation visant les femmes tutsi collectivement et parfois ciblant des
individus. Pour combattre une telle déshumanisation, il est recommandé de
condamner, punir et rendre culturellement inacceptables les discours et les
crimes haineux pour rendre effective « le plus jamais ça ».
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