Fiche du document numéro 30460

Num
30460
Date
Jeudi 21 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
21154
Pages
2
Sur titre
Journal de 13 heures
Titre
Ce qui se passe aujourd'hui à Goma, c'est la suite du génocide du peuple rwandais
Sous titre
Les massacres de ces derniers mois ont fait plus de 500 000 victimes. Le choléra, lui, est en passe en quelques semaines d'atteindre cet abominable record.
Lieu cité
Mot-clé
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Résumé
- In Goma, in 24 hours, cholera has already killed at least 800 people. Humanitarian organizations are overwhelmed: the aid that arrives barely covers 20% of the food needs and only 5% of the water needs.

- What is happening today in Goma is the result of the genocide of the Rwandan people. The massacres of recent months have claimed more than 500,000 lives. Cholera is on the way, in a few weeks, to reach this abominable record.

- Humanitarian organizations are reduced to forming groups of refugees to clear the bodies. This morning, the French soldiers in Goma turned into large-scale gravediggers. And the standing refugees continue to walk to fetch water. Water that kills them almost as surely as the massacres they escaped.

- The Fondation de France has opened an emergency account.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Thomas Hugues :] Pour débuter ce journal, le Rwanda, avec une situation qui s'aggrave de jour en jour. Nous vous parlions hier [20 juillet] des risques de choléra dans la ville frontière de Goma, au Zaïre. Eh bien en 24 heures, le choléra a déjà fait au moins 800 morts. Les organisations humanitaires sont dépassées : l'aide qui arrive couvre à peine 20 % des besoins en nourriture et seulement 5 % des besoins en eau. À Goma, voyez le reportage de nos envoyés spéciaux Gauthier Rybinski et Manuel Joachim.

[Gauthier Rybinski :] Ce qui se passe aujourd'hui à Goma, c'est la suite du génocide du peuple rwandais [on voit tout au long d'une route des corps alignés dans le fossé et emmitouflés dans des sacs]. Les massacres de ces derniers mois ont fait plus de 500 000 victimes [on voit un enfant regarder les corps tout en ajustant son foulard sur le nez]. Le choléra, lui, est en passe, en quelques semaines, d'atteindre cet abominable record [un bébé erre dans la boue en pleurant ; il semble abandonné]. Nous avons choisi, volontairement, de vous montrer les images les plus dures. Elles se passent donc de commentaires [on voit deux hommes en train de relever une femme aux seins dénudés et qui est très affaiblie ; un autre plan montre un enfant couché, immobile avec les yeux grands ouverts ; le plan suivant montre un enfant très amaigri dans les bras de son père ; enfin, le dernier plan montre plusieurs cadavres étendus au milieu de réfugiés].

Les organisations humanitaires en sont réduites à former des groupes de réfugiés pour déblayer les corps [on voit un vieillard tout tremblant au milieu d'humanitaires].

[Une humanitaire [il s'agit de Catherine Lefebvre de MSH Hollande], devant une foule de réfugiés, s'adresse à son collègue : - "Du coup là, il en faut encore 10, hein. Ben tu sais on peut…, on les prendra pour ramasser les…, les corps, hein, tans pis, hein. On les prend pour rama…". Son collègue [voix masculine] : - "Mais cette équipe aussi, hein, peut ramasser les corps". Catherine Lefebvre : - "Oui mais d'abord il faut absolument se dégager tous les gens. D'abord on dégage les gens et après on ramasse les corps".]

On souhaiterait désespérément que ces hommes et ces femmes se ruent sur les derniers stocks de vivres et les pillent [on voit une jeune fille très affaiblie portée à bout de bras par ses parents ; le plan suivant montre à nouveau l'enfant très amaigri dans les bras de son père]. Mais cette énergie, minimale, a elle aussi disparu [on voit des gens ramasser un corps pour le mettre dans un sac plastique].

Ce matin, les militaires français de Goma se sont transformés en fossoyeurs à grande échelle [on voit un bulldozer en train de creuser des fosses communes]. Et les réfugiés, qui tiennent debout, continuent de marcher et de marcher encore. Pour aller chercher de l'eau, une eau qui les tue presque aussi sûrement que les massacres auxquels ils ont échappé.

[Thomas Hugues :] Si vous voulez aider les réfugiés rwandais, la Fondation de France a ouvert un compte d'urgence. Vous pouvez envoyer vos dons par chèque bancaire à : Fondation de France, "Rwanda", 40 avenue Hoche dans le huitième à Paris [l'adresse s'affiche également à l'écran].
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024