Fiche du document numéro 30142

Num
30142
Date
Samedi 9 avril 1994
Amj
Fichier
Taille
3082477
Pages
4
Titre
Situation au Rwanda le 09 avril 1994
Cote
N° 1160/DEF/DRM/SDE/SITU/CD
Source
DRM
Type
Document militaire
Langue
FR
Citation
MINISTERE DE LA DEFENSE



DIRECTION DU RENSEIGNEMENT Paris, le 9 avril 1994
MILITAIRE N° 1160/DEF/DRM/SDE/SITU/CD
Rédacteur : LCL P
LCL Q
Déclassifié Dar décision
du ministre de La Géfense
ELCHE N°. 65153 du 12H12 2021

OBJET : Situation au RWANDA le 09 avril 1994
P.J. : 1 annexe

[ SITUATION GENERALE |

Après le décès du président rwandais, M. Habyrimana, et du
président burundais, M. Ntaryamira (tous deux d'ethnie hutue), survenu dans
la chute de leur avion, le 6 aÿril au soir à Kigali, la situation reste confuse
et marquée par des tueries bien qu'un nouveau gouvernement ait été formé hier
soir.

Pour venger le président Habyarimana mais aussi le chef de la
sécurité présidentielle et son adjoint, morts dans le même avion, les membres
de la garde présidentielle ont mené dès le 7 avril au matin les actions suivantes à Kigali :

- attaques du bataillon du Front patriotique rwandais (FPR - ex-
rebelle tutsi) ;

- arrestation et élimination de Tutsis et d'opposants y compris les
personnalités sous protection des Casques bleus, et meurtres de 14 de ces
derniers dont 10 Belges ;

- encerclément des emprises de la Mission d'assistance des Nations
unies au Rwanda (MINUAR) et limitation des ses déplacements.

La riposte du FPR a provoqué de violents combats, les 7 et 8 avril,
et la prise d'une partie du secteur de Kimihurura à Kigali.

Alors que les forces rwandaises continuaient à tuer de nombreux
civils à Kigali, les exactions s'étendaient à certains secteurs de province, au
nord-ouest dans la région de Gisenyi mais aussi dans le sud du pays. Trois
ressortissants français étaient tués : un sous-officier et son épouse à Kigali, et un religieux dans le sud près de Ngenda. D'autre part, on signalaïit l'assassinat de trois civils belges.

On restait, en outre, sans nouvelles d'un autre militaire français
dans la capitale.

. En dépit des événements, un accord de cessez-le-feu (16 h 00 -
6h00) était conclu. dans l'après-midi du 8 avril entre les deux parties
rwandaises, sous l'égide du chef de la MINUAR, le général Dallaire, ce qui
entraînait une diminution des combats. D'autre part, les personnalités des
différents partis, en présence du Comité de salut public formé par les autorités
militaires, parvenaient à désigner un président de la République par intérim,
M. Théodore Sindikubwabo, président du Parlement rwandais depuis 1989. Ce
dernier formait aussitôt un gouvernement. Les tirs qui s'étaient arrêtés durant
la nuit ont repris au lever du Jour.

La situation est difficilement contrôlable, en raison des haines
interethniques, du refus que peut opposer le FPR aux solutions politiques
temporaires et de l'animosité dé l'armée ruandaise envers les troupes belges de
la MINUAR. la Belgique étant accusée de sympathie pour les Tutsis, voire
même d'être à l'origine de l'attentat contre l'avion présidentiel.

| DéttsesTié par décision
du ministre de La Défense

FORCES EN PRESENCE A | Ne Ga:153 du 12tif 207!
KIGALI








Forces armées rwandaises (FAR) : 3 000 hommes à Kigali

* Le bataillon de la sécurité présidentielle et les blindés (AML 60 et
90) ont essuyé de lourdes pertes en attaquant le bataillon FPR qui occupait
l'Assemblée nationale (CND);

* des membres de la garde présidentielle ont fait la chasse aux
opposants et aux Tutsis le 7 et le 8 ;

* des pièces sol-air et une compagnie se sont déployées autour de
l'aérodrome de Kanombe ;

* Le bataillon parachutiste, stationné au camp de Kanombe n'a pas
quitté son cantonnement;

* La gendarmérie n'est pas intervenue.

La majorité des unités des FAR de Kigali n'ont pas participé aux
combats. Ayant éliminé de nombreux opposants, la garde présidentielle semble
prête à négocier un cessez-le-feu. En cas d'arrivée de renforts FPR à Kigali, en
provenance de la zone démilitarisée, l'ensemble des unités FAR est susceptible
de s'engager contre le FPR. |

Front patriotique rwandais (FPR) : 800 hommes à Kigali

* le bataillon FPR de Kigali occupe le CND. Il dispose de 19 RPG,
23 mitrailleuses légères, 3 mitrailleuses de 12,7, 12 mortiers de 60, 2 de 81 et

À Kigali, le FPR semble en mesure de contenir la garde
présidentielle tant qu'il aura des munitions. Si les combats se prolongent il
devra, soit envisager de s'exfiltrer, soit mener une action d'envergure pour
dégager ce bataillon. Si le mouvement d'unités vers Kigali se confirme, on
pourrait voir arriver les premiers éléments à partir du 9 (déplacement de 50 à
60 km depuis la DMZ).

_ MINUAR : 1 200 à 1 300 hommes à Kigali sur les 2 300 hommes
déployés au Rwanda

A Kigali : 450 Belges, 560 Bengladais, 200 Ghanéens.
Les unités sont enfermées dans leurs cantonnements et ne peuvent
se déplacer, les unités des FAR ayant placé des barrages en ville. Elles n'ont
pas résisté et n'ont pas l'ordre de forcer le passage.
Avant hier, le 7, 10 soldats belges, 2 Bengladais et 2 Ghanéens ont
été tués.
La MINUAR pourrait assurer la sécurité des itinéraires et de points
sensibles (aérodrome, carrefours) mais à condition que les FAR ne s'y
opposent pas. Or, les militaires, comme les politiciens hutus, sont très
acrimonieux à l'égard de cette force et de sa composante belge qu'ils estiment
infoédée au FPR.

Menace antiaérienne

* les FAR auraient 6 à 9 bitude de 37 mm opérationnels et une
vingtaine de mifraileuses de 14,5;

* le FPR n'a pas officiellement de missile sol-air à Kigali. Le front
dispose toutefois de SA 7. C'est un missile de ce type qui pourrait avoir abattu
l'avion présidentiel.



Pays voisins

La situation est calme au Burundi. |
La frontière zaïroise est fermée sauf à Goma.

Déclassifié par décis!ton

du ministre de la Défense

N° 66153 du 12 MAR 2021

2 ce 1.
een eg




ANNEXE

Mandat de la MINUAR



La Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda a été
créée le 5 octobre 1993 par la résolution 872 du Conseil de sécurité de l'ONU.
Prévue pour une mission de 22 mois au maximum, elle est chargée
de superviser le processus de transition au Rwanda
jusqu'aux élections présidentielles (prévues à l'automne 1995, en application des accords de paix d'Arusha signés le 4 août 1993).
Au titre de son mandat, elle est appelée à :

- superviser l'accord de cessez-le-feu ;

- contribuer à la sécurité de 1a capitale et à la protection des
autorités publiques ;

- contrôler la démobilisation ;

- garantir la sécurité des réfugiés et déplacés ainsi que leur
réinstallation ;

- superviser les activités de la gendarmerie et de la police ;

- vérifier, qu'aucune assistance militaire ne parvient en territoire
rwandais par la frontière rwando-ougandaise ;

- garantir la sécurité générale du pays durant la période terminale
du gouvernement de transition. |








Déctassifié nar décision
du ministre de la Défense

N° 65:52 du 52MR 2021
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