Fiche du document numéro 30138

Num
30138
Date
1999
Amj
Auteur
Fichier
Taille
3913013
Pages
10
Titre
Rwanda : Préparation et Exécution du génocide à Gikongoro, Rôle du préfet Laurent Bucyibaruta, réfugié en France
Nom cité
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Mot-clé
Fonds d'archives
Type
Note
Langue
FR
Citation
RWANDA : Préparation et Exécution du génocide à GIKONGORO, Rôle du préfet
Laurent BUCYIBARUTA, réfugié en FRANCE.



Depuis la mise en place du tribunal de NUREMBERG qui a jugé les
criminels nazis en 1945, les Nations Unies avaient juré ne plus laisser
s ‘accomplir un crime contre l'humanité. À cet effet, de nombreux Etats
ont signé et ratifié des traités internationaux les engageant à lutter
contre un tel crime.Le plus important de ces textes est la convention
sur la prévention et la répression du crime de génocide,en vigueur depuis
1951.Citons aussi les conventions de Génève de 1949 sur le droit interna-
tional humanitaire et leurs protocoles additionnels de 1977 qui engagent
les Etats signataires à lutter contre les crimes internationaux et à col-
laborer au jugement des responsables de telles infractions.

L'existence de tous ces instruments juridiques n'a toutefois
pas empêché l'exécution du 3ème génocide de ce siècle, celui des Tutsi du
Rwanda,dans l'indifférence flagrante du monde entier.

Cinq ans après,des pays comme la Belgique, la France,et bientôt l'orga-
nisation des Nations UNies,ont fait un examen de conscience et reconnu
une certaine responsabilité de leur part dans ce génocide.En France,la
mission parlementaire d'information sur le Rwanda a accepté que ce pays a
commis des erreurs d'appréciation sur son soutien au gouvernement génoci-
daire.Pour nous autres les victimes, nous constatons que non seulement
ces erreurs ont été commises dans le passé,mais aussi qu'elles se commet-
tent aujourd'hui sous une autre manière.

En effet,nous constatons avec amertume que plusieurs personnes impliquées
dans le génocide des Tutsi de 1994 entrent facilement sur le sol français
et y bénéficient d'un asile doré.En tant que rescapés de ce génocide,il
nous est difficile de comprendre ce soutien que la France, patrie des
droits de l'homme,accorde encore aux criminels qui ont éprouvé le peuple
rwandais.Pour ne pas semer l'amalgame, examinons un cas précis dont nous
disposons suffisammant de preuves sur son rôle dans le génocide, et qui
est arrivé en France,il n'y a pas très longtemps . C'est celui de M.Laurent
BUCYIBARUTA, ancien préfet de Gikongoro à 1l' époque du génocide.

Nous connaissons cet homme.Nous avons rencontré des rescapés du génocide
à Gikongoro, en 1995 et en 1997, qui nous ont donnés des témoignages vrais
vécus par expérience, attestant l'implication directe et personnelle du
préfet BUCYIBARUTA dans la préparation et dans l'exécution du génocide
sur le territoire de la préfecture de Gikongoro.Les récits de ces témoins
ne sont pas à mettre en doute d'autant plus qu'ils émanent tous des per-
sonnes qui ont vu de leurs yeux les actes de M. BUCYIBARUTA.

Nous les avons synthétisés afin d'aider la justice à faire ses propres
investigations. Après une brève présentation au personnage en cause, nous
développerons les circonstances de préparation et d'exécution du génocide
pour situer le champ de commission de ce crime.Nous analyserons bien sûr
le rôle direct du préfet BUCYIBARUTA, mais aussi celui de son prédécesseur
Joseph HABIYAMBERE.C'est lui qui a semé les graines du crime qu'a fait
exécuter son successeur Laurent BUCYIBARUTA.

I. Qui est Laurent BUCYIBARUTA?

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M.BUCYIBARUTA est originaire de la commune MUSANGE,sous-préfec
ture de KADUHA,préfecture de GIKONGORO.IL est Hutu.Sa femme Séraphine est
Tutsi,native de Kiziguro,commune Murambi, préfecture du MUTARA.
M.BUCYIBARUTA fait partie des Hutu qui ont bénéficié de la faveur des
deux régimes hutu,installés depuis l'Indépendance du Rwanda en 1962 jusqu
à la chute du gouvernement génocidaire de Juvénal HABYARIMANA en 1994.


M.BUCYIBARUTA n'a Pas une longue formation intellectuelle.Il
est titulaire d'un diplôme de moniteur délivré par l'Ecole des moniteurs
auxiliaires de Nyanza ( RWANDA ).Cette école avait été fondée par les
Colonisateurs et les missionnaires,pour Permettre aux jeunes ayant échoué
dans les écoles secondaires, à suivre une formation simple de 4 ans, qui
leur donnait une aptitude d'enseigner dans les écoles primaires.
C'est ainsi qu'après avoir échoué au Collège du Christ Roi de Nyanza,M.
BUCYIBARUTA a été réorienté vers l'école des Moniteurs.
À la fin de ses études,il a exercé pendant plusieurs années des fonctions
d'instituteur.Puis,il est nommé bourgmestre ( Maire ) de sa commune d'ori
gine Musange.Il devient ensuite sous-préfet à Butare.En 1975, 1e présiden
HABYARIMANA fonde son parti unique,le mouvement révolutionnaire national
Pour le développement ( le tristement célèbre MRND).Tous les Rwandais
sont d'office membres du MRND.Toutes les autorités administratives sont
en même temps représentants du MRND dans leurs services et doivent professe
obligatoirement son idéologie.En 1978, le président HABYARIMANA décide de
mettre en place le parlement.Pour devenir Candidat député,il faut d'abord
faire une lettre de motivation au secrétaire général du MRND,et sur son
accord,c'est le comité central du parti qui dresse discrétionnairemment

préfecture de GIKONGORO, figurent en bonne Place celui de Laurent
BUCYIBARUTA.I1 fallait élire 5 députés parmi les 10 candidats à ces postes
Officiellement, après l'admission de figurer sur les listes,chaque candi-
dat devait faire sa propre Campagne de sensibilisation.Mais en réalité, le
comité central du MRND envoyait aux préfets les noms des députés à faire
élire.M.BUCYIBARUTA fut élu de cette manière-là,

En effet, le préfet de l'époque Paul KARENZI nous a obligés de choisir 5
Personnes précises, tous proches du régime:Frédéric NZAMURAMBAHO, Ambroise
MULINDANGABO(tous deux ministres respectivement de l'agriculture et du
Plan),Laurent BUCYIBARUTA (alors sous-préfet à Butare),Marc HANYURWIMFURA
(bourgmestre de Karama) et Dominique NTAWUKURIRYAYO(sous-préfet à Munini).
Tous ces candidats furent effectivement élus car 1es bourgmestres ont
fourni leurs efforts pour y arriver. |

M.BUCYIBARUTA est donc désigné comme député et siège à l'assemblée natio-
nale plus d'une dizaine d'années.Vers la fin des années 80,i1 est nommé à
Un Savoureux poste de préfet à Kibungo,ce qui explique ses liens intimes
et la confiance que le président HABYARIMANA avait en lui.En 1990, le FPR
attaque le Rwanda et le climat Social se détériore dans le pays.Les Tutsi
vont être accusés de complices et beaucoup d'entre eux sont incarcérés
arbitrairement par les autorités.Dans certaines préfectures,les Tutsi sont
même massacrés,comme à KIBILIRA, en préfecture de Gisenyi.Dans d'autres,ce
fut une répression massive aveugle.A Gikongoro,le préfet de l'époque refu-
se l'arrestation des innocents et est vite remplacé par un dur du régime
Pour accomplir cette mission.

2.L'instauration du climat génocidaire à GIKONGORO par le préfet
Joseph HABIYAMBERE, prédécesseur de L.BUCYIBARUTA.

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A. REPRESSION CONTRE LES TUTSI.

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Les habitants Hutu de Gikongoro sont connus pour leur extrêmisme
antitutsi.lls l'avaient démontrés lors des massacres de 1959 et surtout de
1963 où, sur ordre du préfet André NKERAMUGABA, ils ont systématiquement
tué plus de 20.000 Tutsi. Le président Habyarimana n'ignorait pas cet état
d'esprit et s'attendait à ce que les Hutu de Gikongoro réagissent comme

À
ceux de Gisenyi en massacrant les Tutsi, dès 1 'attaque du FPR.Ce ne fut
pas le cas puisque le préfet Boniface NYABYENDA s'y opposa.Cet excellent
médecin formé à l'université de Louvain,originaire de Butare, était entré
dans la politique sur désignation du président sans en avoir vraiment
l'envie.Cette révélation me fut faite par l'un de ses anciens collabora-
teurs.Mais,personne ne pouvait s'opposer au choix du puissant chef de
l'état qu'était le général HABYARIMANA,sans risquer sa vie.C'est dans
cette ambiance que le Dr Boniface NYABYENDA arrive à Gikongoro comme
préfet.Pendant 3 ans qu'il y passa,personne ne l'a par exemple vu faire
une tournée de sensibilisation aux idéaux du MRND,comme le faisaient
d'autres préfets.

Non seulement en 1990, le préfet NYABYENDA refuse
l'arrestation des Tutsi,mais aussi il intervient personnellement pour
faire libérer des Tutsi incarcérés pour rien.Nous nous rappelons de
quelques noms comme l' enseignant Joseph KARONGOZI et l'infirmier Laurent
RUTAGARAMA,qu'avaient emprisonnés 1'OPJ Jérémie SINDAMBIWE et le procureur
SELESI sur fausse accusation du bourgmestre de Karama,Désiré NGEZAHAYO,un
extrêmiste corrompu.Ses actes courageux valent au préfet Nyabyenda un
limogeage immédiat et un empêchement d'exercer sa profession de médecin à
l'office de la population ( ONAPO) où i1 travaillait avant sa nomination
comme préfet de Gikongoro.Après des mois de chômage,le régime finit par
l'envoyer dans un pitoyable centre de santé de KIBIRIZI,en plein milieu
rural,pour le priver de tout moyen de poursuivre ses recherches en pneumo-
gie.
Pour sa succession, le président HABYARIMANA nomme un de ses
proches collaborateurs,M.Joseph HABIYAMBERE qui dirigeait le redoütable
service central des renseignements ( RWASUR ).A son arrivée à Gikongoro
début 1991,ses visées extrêmistes ne tardent pas à s'afficher.Il commence
par faire un nettoyage au sein du personnel tutsi de la préfecture.
Alfred RUTAJOGWA,chef du secrétariat préfectoral est écroué sur ordre du
préfet,au retour de chez-lui à Cyangugu,sous prétexte qu'il avait apporté
des côtisations aux membres du FPR au Zaïire.Pendant son emprisonnement, il
est battu à mort et son corps agonisant est livré à sa femme peu avant le
décès.Il n'avait rien fait,son seul tort était d'être Tutsi qui, en plus
occupait un emploi.Joseph TWAGIRAYEZU,contrôleur des finances communales,
Ezéchiel MUDAHUNGA,agronome au projet de développement agricole(PDAG), et
plusieurs autres intellectuels Tutsi sont également arrêtés et torturés
dans les cachots du parquet de Gikongoro.Des commerçants tutsi subissent
le même sort,notamment Emile KAREKEZI et MUNDERERE.Le préfet les poursuit
tous Pour collaboration avec le FPR et envoi des côtisations au front
alors qu" en réalité,beaucoup d'entre eux, sinon tous, n'ont connu le FPR
qu'après son attaque,le 1/10/1990.Et à cette date, aucun Tutsi ne pouvait
quitter le territoire rwandais,le pays étant en état de siège.

Bref, tous les Tutsi qui avaient la chance d'avoir une position sociale
confortable( fonctionnaires de l'administration, enseignants,magistrats,
commerçants, infirmiers,...)sont intimidés et privés de leur droit d'aller
et venir, soit par l'emprisonnement soit par la résidence surveillée.

B.Placement des extrêmistes Hutu dans les postes-clés
des services publics de la préfecture.



À l'époque du préfet NYABYENDA certains hauts fonctionnaires
de la préfecture l'avaient aidé à s' opposer à l'oppression des Tutsi alors
que d'autres avaient plutôt manifesté des réactions de colère face à ce
courage.Le plus activiste de ces derniers était le sous-préfet KAYITANA
Gaetan qui jouera un rôle de premier rang dans le génocide des Tutsi à
Nyanza et à Ruhengeri. Par contre,son collègue de Karaba, le sous-préfet
Pascal NDAYISABA déploya tous ses efforts pour faire cesser les arresta-
tions illégales de Tutsi.Déjà peu avant la guerre du FPR,Pascal NDAYISABA
était intervenu à plusieurs reprises pour dissuader les bourgmestres

extrémistes comme Jean Baptiste MUNYAMBUGA de Rukondo,Désiré NGEZAHAYO de

3 e
Karama,NTEZIRYAYO de Kinyamakara,à libérer les Tutsi qu'ils maintenaient
parfois en détention par pure haine.C'était souvent 1e cas d'un vieux
enseignant André NTIRUSHWA que le bourgmestre D.NGEZAHAYO jetait dans le
Cachot communal sous prétexte que des Tutsi se réunissaient chez lui,alors
qu'il n'en était rien.

Comme on le comprend,cette mésentente des autorités préfecto-
rales sur le sort à réserver aux Tutsi gênait la haute administration de
l'Etat.C'est pour y mettre fin que le président HABYARIMANA envoya l'un de
ses plus fidèles collaborateurs,Joseph HABIYAMBERE,originaire de la même
région que le chef de l'Etat.

Arrivé à GIKONGORO, le préfet HABIYAMBERE ne tarda pas à se mettre très
vite à l'action..Ill réunit tous les sous-préfets,bourgmestres,les chefs
des services de la préfecture et les demande une collaboration en vue de
neutraliser les sympathisants et complices du FPR.I1 désigna ouvertement
les fonctionnaires et commerçants Tutsi comme éléments concernés par ce
message.Il ordonna à chaque chef de service de lui transmettre une liste
des agents Tutsi de son ressort et d'indiquer quel lien supposé qu'ils
avaient avec le FPR.Pour déterminer ce lien,le seul indice était de regar-
der s'ils avaient des membres de leurs familles en étranger.Or,c'était
pratiquement le cas pour tous les Tutsi de l'intérieur du Rwanda.

Des listes sont effectivement établies et confiées au préfet,mais certains
cadres refusent d'y collaborer.La sanction fut immédiate car la plupart
ont été limogés,d'autres mutés loin de Gikongoro sans aucune justification
Le sous- préfet Pascal NDAYISABA est muté à Rushashi dans Kigali rural et
démissionnera pour protester contre le massacre des Tutsi en commune Musha
Un certain Révérien qui était sous-préfet chargé des affaires sociales et
économiques est également muté à Cyangugu.Confronté à ses délicats problè-
mes de l'ivresse de sa femme,il ne voulait pas s'engager dans un plan de
destruction qu'il ne cautionnait pas à ce moment-là. |

Bref, le préfet HABIYAMBERE chasse de Gikongoro toutes les personnalités
opposées à la chasse aux Tutsi et les remplace par ceux qui montrent du
zèle dans l'exécution de ce plan.Joseph NTEGEYINTWALI,jusque-l1à inspecteur
Scolaire d'arrondissement est affecté à la sous-préfecture Karaba où il
remplace Pascal NDAYISABA.Dans les sous-préfectures de Munini et Kaduha,
aucun changement n'y est effectué puisque les titulaires de ces postes que
sont Damien BINIGA et Joachim HATEGEKIMANA adhèrent sans difficultés à la
cause purificatrice de leur chef hiérarchique.La direction des établisse-
ments publics administratifs,des gros projets de développement et celle
des usines à thé sont également confiés à des hommes de confiance prêts à
exécuter tous les ordres reçus d'en haut.C'était des personnes qui étaient
connues pour leur extrêmisme depuis leurs études secondaires et universi-
taires.Citons parmi eux Monsieur NDEREYEHE qui dirigeait le projet de
développement agricole de Gikongoro et qui, pour que le génocide puisse
réussir, est allé chercher les gens de sa région d'origine à Ruhengeri,les
a embauchés au projet,avec pour mission de procéder immédiatement aux
massacres une fois le signal donné.Un des agents du projet,le regretté
EDO,m'a raconté que M.NDEREYEHE tenait souvent une réunion avec les gens
de Ruhengeri,dans les locaux du projet,le soir,où il leur disait que quand
le moment viendra,il faudra exterminer tous les Tutsi sans aucun pitié.
EDO était un jeune Tutsi,comptable au projet et c'est l'un de ses amis Hut:
qui lui révélait les secrets de NDEREYEHE en lui suggérant de se réfugier
ailleurs,ce qu'EDO n'a pas voulu croire.Même lorsqu'en 1992,on lui tira
une grenade dessus,il resta à Gikongoro sans vraiment croire au génocide
qui se tramait.Ill sera malheureusement victime de ce drame en 1994 alors
que l'un de ses futurs assassins lui avait averti.

NDEREYEHE ne fut pas le seul homme proche du régime à avoir
placé les miliciens dans ses services.Le directeur de l'usine à thé de
Kitabi,M.KAMODOKA a fait pareil.Il a recruté de très nombreux jeunes -
délinquants de la commune Mudasomwa,notamment ceux du centre de négoce de

Gasarenda,aux fins de les préparer à exécuter le génocide.Comme il leur

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avait donné du travail, il les sensibilisait en disant que s'ils ne se
défendent pas,ce seront les Tutsi qui occuperont leurs postes.Ainsi,pour
éviter de se retrouver au chômage,il fallait massacrer ces Tutsi-là,et le
problème serait ainsi réglé une fois pour toutes.C'est ce qui arriva en
avril 1994.Non seulement les miliciens de l'usine à thé de Kitabi ont
opéré une extermination totale des Tutsi de la commune Mudasomwa,mais
aussi ils se sont déployés dans d'autres communes où un semblant de
résistance des victimes empêchait l'exécution rapide du génocide.Ce fut le
cas à Cyanika et à Murambi car ce sont les miliciens venus de Mudasomwa,
conduits par les camions de l'usine à thé de Kitabi et accompagnés par des
militaires,qui ont aidé ceux de Karama et de Nyamagabe à exterminer les
Tutsi réfugiés à la paroisse de Cyanika et à l'école technique de Murambi.

Toutefois,la personnalité de Joseph HABIYAMBERE suscitait une
certaine indifférence chez la plupart des Hutu de Gikongoro.Son passé n'
était pas de nature à susciter leur entière confiance.En effet,pendant la
période qu'il avait passé au service central de renseignements,il était
connu pour son caractère régionaliste.Ill favorisait de façon outrancière
les agents Hutu du nord, au détriment de ceux du sud.Pour tcela, il n'
avait pas bonne réputation chez les Hutu de Gikongoro.Son message se heur-
tait donc parfois à des résistances de certains de ces derniers qui ne
voulaient pas obéir au projet d'un exêtremiste du nord qui les a méprisés
auparavant.Pour remédier à cette méfiance,il fallait alors un préfet qui
ne suscite aucun soupçon dans la population et qui fera passer facilement
les messages du pouvoir.Il fallait également quelqu'un qui a épousé l'idéo
logie du régime jusqu'à pouvoir l'inculquer dans la population hutu de
Gikongoro.Laurent BUCYIBARUTA correspondait bien à cette attente,surtout
qu'il avait prouvé son zèle lors des rafles opérées dans les milieux Tutsi
à Kibungo où il était préfet.Ill est alors envoyé à Gikongoro en 1992 et
s'illustra dans la mise en place des instruments qui ont permis le génoci-
de,et surtout dans son exécution.

III. Implication du préfet BUCYIBARUTA dans l'exécution

du génocide.
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Lorsque le préfet HABIYAMBERE quitte Gikongoro,tous les
ingrédients d'accomplissement du génocide sont en place.Ill reste à sensi-
biliser et à encadrer les miliciens qui vont l'exécuter.C'est le rôle
essentiel que va jouer le préfet BUCYIBARUTA.L'un de ses anciens proches
collaborateurs,Désiré NGEZAHAYO, ex-bourgmestre de Karama,a indiqué lors
de son procès,en novembre 1998,que le plan suivi dans la préparation et
dans l'exécution du génocide avait été élaboré par M.BUCYIBARUTA.

D'une part, avant le génocide,il a demandé à tous les bourgmestres et
chefs de services de choisir les chefs des miliciens dans chaque commune
et dans chaque service pour être les porte-paroles des autorités.Il a
indiqué qu'il fallait les choisir parmi les hommes de confiance,surtout
ceux qui manifestaient une haine ouverte anti-tutsi.

À Karama par exemple, Désiré NGEZAHAYO a choisi un certain RUBERA, grand
délinquant qui avait fait plusieurs années de prison et dont la sauvagerie
n'était un doute pour personne.Ill était entouré d'un groupe d'extrêmistes
très actifs,notamment Jean Baptiste KAYIGAMBA,Jean Bosco SEBAKIGA alias
KINIGAMAZI(chef du service communal vétérinaire),Chariles UGIRINDEGE(assis-
tant du bourgmestre),Wellars KANYONI(planificateur à la sous-préfecture de
Karaba),Jean Bosco NKURIKIYIMANA(Infirmier au centre de santé de Cyanika)
et autres.Ce groupe devait s'assurer de la totale extermination des Tutsi
qui allaient se réfugier à la paroisse de Cyanika.Les responsables directs
étaient le bourgmestre Désiré NGEZAHAYO,le sous-préfet Joseph NTEGEYINT-
WALI et le préfet BUCYIBARUTA au sommet de la hiérarchie.Dans toutes les

ommunes,le préfet avait ordonné. de constituer, de peisogçoupes:de tueurs,
es bourgmestres et sous-prefets devaient se charger dela Fourniture

5
d'armes et munitions, ainsi que du transport sur les lieux du crime.
Nous connaissons exactement tous les détails sur la préparation et l'exécu
tion du génocide dans la sous- préfecture de Karaba,d'où nous sommes origi-
naires.Nous y avons rencontré des témoins oculaires qui nous ont clairemen
indiqué les noms des tueurs,leurs responsables, et le déroulement des mas-
sSacres.

Juvénal GASASIRA,ambulancier du centre de santé de Cyanika,et
Mme Bernadette MUKANEZA , secrétaire à 1s sous- -préfecture de Karaba,nous ont
révélé que les réunions de programmation des tueries se tenaient sous la
direction du préfet Bucyibaruta.Une fois par semaine,il se rendait aux
chefs-lieux de chacune des trois sous-préfectures de Gikongoro:Kaduha,
Munini et Karaba, il évaluait avec les responsables locaux les possibilité
d'exécution rapide du génocide.Cela nous a été confirmé en 1995 par l'un d
ses chauffeurs,Aloys KATABARWA qui a été témoin de l'implication directe
préfet BUCYIBARUTA dans la préparation du génocide.
De son côté,Jean Pierre BAJENEZA qui était vétérinaire au projet Kigali
Est et qui se trouvait chez-lui à Kibeho avant et pendant le génocide,
nous à avoués que les massacres de Tutsi perpétrés aux paroisses de Kibeho
Muganza et Karama ont été commises en présence du préfet BUCYIBARUTA qui
accompagnait lui-même les militaires et miliciens sur le terrain du crime.
Le préfet BUCYIBARUTA avait de proches collaborateurs sur place,notamment
le sous-préfet Damien BINIGA à Munini,le bourgmestre de Mubuga dont J.P.
BAJENEZA ne se rappelle pas le nom,le bourgmestre de Kivu nommé Juvénal
MUHITIRA, celui de NSHILI,M.KADOGI ainsi que 1'Abbé Joseph SAGAHUTU,prêtre
vicaire à la paroisse de Muganza.
Tous les rescapés de ces lieux de massacres qu'a rencontrés Jean Pierre

AJENEZA lui ont imdiqué que c'est le préfet lui-même qui donnait le
signal de tirer dans la masse des Tutsi, et qu'après le massacre, il
dirigeait des réunions d'évaluation sur le déroulement afin de s'assurer
qu'aucun Tutsi n'avait survécu...

Vu ces nombreux témoignages, il est donc clair que le préfet BUCYIBARUTA a
dirigé personnellement la préparation et l'exécution du génocide dans sa
préfecture.Un séminariste qui se trouvait à la paroisse de Mushubi,sous-
préfecture de Kaduha, et qui veut garder l'anonymat pour ne pas se créer
des problèmes avec l'Eglise, nous a exactement affirmés la même chose à
propos des massacres commis à Mushubi.Lui aussi reconnaît avoir vu le
préfet BUCYIBARUTA et le sous-préfet Joachim HATEGEKIMANA accompagner les
tueurs qui ont ensanglanté le presbytère de Mushubi.

Autre trait caractéristique de l'implication du préfet dans le
génocide est celui de non assistance à personne en danger.Nous avons des
témoignages précis et directs des personnes qui se sont heurtées à son
refus lorsqu'elles lui ont demandé secours.Le 10 avril 1994, nous avons
contacté au téléphone 1'Abbé Joseph NIYOMUGABO,curé de Cyanika pour avoir
les nouvelles de la région et de notre famille.A cette date, de très
nombreux Tutsi s'étaient entassés à la paroisse.Le prêtre a d'abord averti
les autorités locales,le bourgmestre Désiré NGEZAHAYO et le sous-préfet
Joseph NTEGEYINTWALI,qui lui ont refusé l'aide.Ill a appelé le préfet qu'il
connaissait bien, et celui-ci lui a répondu que sa préoccupation était la
mort du président et qu'il doit venger ses assassins.Le prêtre n'en reve-
nait pas.Lors de notre entretien téléphonique, il nous exprimait sa peine,
son angoisse et son désarroi.Les maisons des alentours étaient en train
de brûler, il attendait seulement dans le silence et la douleur le jour de
leur massacre.Effectivement l'assaut fut donné le 21 avril et entraîna la
mort de plus de 20.000 Tutsi.Notons que ce n'est pas uniquement le préfet
BUCYIBARUTA qui refusa son assistance à l'Abbé NIYOMUGABO, même son évêque
Mgr Augustin MISAGO a décliné l'appel au secours de son prêtre. Il iui a
dit de se débrouiller et que personne ne lui avait demandé de protéger les
Tutsi.Et pourtant, Mgr MISAGO était ami intime du préfet, il a continué à
le fréquenter pendant le génocide, il pouvait user de son autorité morale
pour convaincre le préfet à arrêter l'élimination des innocents.Ce n'est
pas ce qu'il a fait,il a préféré ouvertement le parti des tueurs, et nous

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savons que des prêtres comme Pierre Canisius MULINZI,Irénée NYAMWASA et
autres, ont été tués sous sa complicité.Réfugiés à l'évêché, il les a
envoyés se présenter à la gendarmerie,sachant bien qu'arrivés là-bas,rien
d'autre ne les attendait sauf la mort.Après plusieurs plaintes infructueu-
ses déposées par des rescapés contre Mgr MISAGO, il vient finalement
d'être arrêté par la justice rwandaise, le 14 Avril 1999,pour participa-
tion au génocide.

Lorsque nous interrogions l'Abbé Joseph NIYOMUGABO,une semaine
après le début du génocide, il nous confiait qu'il n'était pas seul à
s'être heurté au refus du préfet et de son évêque.L'Abbé Pierre NGOGA,curé
de Kibeho et l'Abbé Jean Marie Vianney RWANYABUTO, curé de Muganza ont
vécu la même aventure.Tous ces prêtres ont crié au secours tant au préfet
qu'à leur évêque, et la réponse de l'un et de l'autre fut négative.lls ont
été finalement tués avec leurs chrétiens dans l'indifférence totale, ou
plutôt dans la complicité indéniable de ceux qui avaient mission de les
protéger.

Nous connaissons également deux personnes que le préfet

BUCYIBARUTA a fait exécuter.Joseph TWAGIRAYEZU et son épouse Thérèse
MUKAKAYONGA espéraient trouver refuge chez lui suite à l'amitié entre
cette dernière et l'épouse du préfet.En plus, le regretté Joseph TWAGIRA-
YEZU était un comptable honnête et espérait trouver protection auprès du
préfet suite à son dévouement au travail.Arrivés chez le préfet, celui-ci
téléphona au commandant de la gendarmerie, le major MPATSWENUMUGABO, qui
envoya des militaires pour massacrer le mari et son épouse. Le cas de son
chauffeur est aussi très révélateur de l'implication du préfet dans le
génocide.En effet, son chauffeur Aloys KATABARWA, avait conduit la femme
du préfet chez-elle à Kiziguro lorsque le génocide se déclencha.La femme
étant tutsi, craignait pour sa vie et chercha à retourner d'urgence à
Gikongoro pour être protégée par son mari.Mais le chauffeur était tutsi et
craignait d'être tué en chemin.ll eut d'ailleurs l'idée de rester à Byumba
et de chercher protection auprès du FPR qui n'était pas loin.Mais il avait
laissé sa femme et ses enfants à Gikongoro et décida de ne pas les laisser
seuls.La femme du préfet BUCYIBARUTA lui promettait aussi qu'elle ferait
tout pour les protéger.lls décident alors de rentrer immédiatement à
Gikongoro.Arrivés à Rwamagana,ils sont arrêtés par les miliciens,la femme
montre ses papiers d'ordre de mission,et comme c'est l'épouse du préfet,on
la laisse de côté et on tabasse le chauffeur.Les militaires qui étaient là
les prennent et les emmènent à leur chef.Arrivé l1à,il s'est avéré que le
capitaine de la brigade de gendarmerie de Rwamagana connaissait bien le
préfet BUCYIBARUTA et sa femme car ils avaient travaillé dans cette
préfecture quelques années auparavant.Signalons que Rwamagana se trouve à
la préfecture de Kibungo que M.BUCYIBARUTA avait dirigé avant sa mutation
à Gikongoro. Le capitaine trouva une astuce,il donna au chauffeur des
uniformes militaires pour qu'il puisse passer sur les barrières.Il leur
donna également un véhicule militaire et des soldats pour les accompagner
au long du trajet.Finalement,le coup réussit et ils arrivent à Gikongoro.
Aloys KATABARWA était fortement recherché par des miliciens, notamment par
un certain RURANGWA, secrétaire particulier du préfet BUCYIBARUTA.IL eut
peur de quitter le domicile du préfet et y resta.Tous les soirs les réu-
nions se tenaient chez le préfet pour évaluer le déroulement du génocide.
Aloys KATABARWA entendait les génocidaires raconter au préfet les noms de
toutes les personnes tuées et celles qu'on cherchait encore.Son nom était
cité.Le préfet était certainement embarrassé car la personne recherchée
était cachée par sa femme.Finalement,il téléphona à RURANGWA pour lui
indiquer qu'il a trouvé KATABARWA et qu'il doit venir le chercher d'urgenc
Coup de chance, Aloys KATABARWA suivait discrètement l'entretien télépho-
nique du préfet.
Paniqué,il passa par l'enclos de la maison et alla se cacher chez-lui où
il resta au plafond deux mois durant.ll n'a pas pu être locatisé par les
miliciens car sa femme hutu a réussi à les convaincre que son mari était
mort.Nous avons pu 1e rencontrer en 1995, et c'est lui-même qui nous a

confiés le témoignage que nous reproduisons ici.Nous en avons bien sûr

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d'autres qui se rejoignent et qui prouvent, sans aucune ambiguité, que le
préfet BUCYIBARUTA était à la tête des planificateurs et des exécuteurs du
génocide en préfecture de Gikongoro.Aloys KATABARWA est malheureusement
mort subitement en octobre 1996,mais avait témoigné contre des criminels
qu'il connaissait, dont M.BUCYIBARUTA et Désiré NGEZAHAYO.Son témoignage
est précieux et le parquet de Gikongoro en dispose.

L'action du préfet BUCYIBARUTA ne s'arrête pas uniquement avec
les mois sanglants du génocide d'avril-juin 1994.I1 a également profité de
l'opération turquoise pour dénicher les derniers Tutsi encore cachés par
des amis.C'est dans ce cadre qu'ont été tués mon frère Antoine SINDIKUBWAB
et Mme Médiatrice ITANGISHAKA qui avaient été cachés par un ami Hutu.

Des témoins nous ont affirmés qu'à l'arrivée de l'opération Turquoise, le
préfet BUCYIBARUTA, au lieu d'aider les militaires Français à repérer
quelques vies à sauver, il a par contre parcouru sa préfecture en disant
qu'il faut fouiller toutes les maisons où l'on pouvait soupçonner la pré-
sence des Tutsi encore en vie.Ill fallait effacer toutes les traces,toutes
les preuves,et pour y arriver, non seulement il fallait anéantir les Tutsi
survivants, mais aussi les Hutu qui les avaient cachés.C'est comme ça que
furent tués des Hutu comme Godefroid NTEZIMANA et Faustin NSABIKUNZE dont
le seul tort était d'avoir apporté de L'eau aux Tutsi réfugiés à la parois
se de Cyanika.

Des témoins interrogés à Gikongoro nous ont appris que le
préfet BUCYIBARUTA réunissait à son domicile,chaque soir, les responsables
des partis extrémistes hutu, les chefs des miliciens et les autorités
locales pour faire un bilan de l'accomplissement du génocide.C'était un
groupe restreint d'organisateurs du génocide qui passait en revue le
déroulement journalier des massacres afin de voir si le plan réussissait
selon leur souhait.Lorsque le préfet était en déplacement dans les régions
éloignées de la préfecture,cette réunion quotidienne était dirigée par le
capitaine Faustin SEBUHURA de la gendarmerie de Gikongoro.Celui-ci était
directement chargé des opérations d'encadrement des miliciens et de four-
nitures d'armes et munitions aux responsables des tueurs.

Selon Aloys KATABARWA qui a été témoin de ces réunions,chaque responsable
rendait compte au préfet des personalités tutsi massacrées.L'important
était d'abord de s'assurer de l'assassinat de tous les intellectuels tutsi
de peur qu'ils n'alertent la communauté internationale.Ensuite,le reste de
la population tutsi devait être tuée en dernier.

C'est ainsi que, par exemple, lors d'une réunion tenue à Karaba chez 1e
sous-préfet Joseph NTEGEYINTWALI,le bourgmestre de Karama Désiré NGEZAHAYC
révéla qu'il n'avait pas encore réussi à trouver l'Abbé Joseph NIYOMUGABO.
Le préfet lui chargea de fouiller les maisons des hutu susceptibles de 1l'
avoir caché.Après plusieurs recherches,on finit par trouver le prêtre dans
une minuscule chambre du centre de santé où le chauffeur de ce centre,
Juvénal GASASIRA, l'avait caché.C'est lui-même qui nous a confiés ce
témoignage en désignant nommément le préfet BUCYIBARUTA, le sous-préfet
NTEGEYINTWALI et le bourgmestre NGEZAHAYO comme auteurs du massacre des
Tutsi tués à Cyanika.Quant à la mort de l'Abbé NIYOMUGABO, i1 a été tué
sous les ordres de ces trois hautes autorités et en leur présence.

En somme, il nous est impossible de connaître avec exactitude
tous les actes de M.BUCYIBARUTA,surtout qu'avant ce crime, son action a
été discrète.Toutefois, pendant le génocide, bon nombre de survivants de
Gikongoro sont unanimes à le nommer comme organisateur du génocide dans sc
préfecture.C'est après les avoir écoutés que nous avons décidé de publier
ce document afin que la vérité s'établisse.Nous y avons regroupés les
indices suffisantes qui montrent l'implication du préfet dans 1l' exécutior
du crime.Nous avons dévoilé certains noms de ses collaborateurs et

certaines victimes tels que les témoins nous -les ont. indiqués .Ces témoins
sont des gens très modestes, souvent des paysans pauvres qui n'ont aucun
moyen de faire entendre leur voix à la justice des pays où ces criminels

8
se sont réfugiés.Leur souffrance est d'apprendre que ces grands criminels
sont protégés. par des pays occidentaux où le respect des droits de l'homme
est un slogan quotidien. Nous espérons, de tout coeur, que la France les
entendra afin de faire respecter le droit et la justice.Et rien ne s'y
oppose. En effet, la Déclaration Française des droits de l'homme et

du citoyen de 1789, qui a valeur constitutionnelle, fait de ces droits un
principe juridique incontournable.La France a ratifié la convention du 9
décembre 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide.
Dans sa législation interne, la France sanctionne le crime de génocide à.
travers l'art.211-1 du code pénal dont les dispositions sont plus qu'élo-
quentes:

"constitue un génocide le fait,en exécution d'un plan concerté
tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe |
national,ethnique,racial ou religieux,ou d'un groupe déterminé à partir de
tout autre critère arbitraire, de commettre ou de faire commettre, à
l'encontre de membres de ce groupe, l'un des actes suivants:

- atteinte volontaire à la vie;

- atteinte grave à l'intégrité physique ou psychique:

- soumission à des conditions d'existence de nature à entraîner la
destruction totale ou partielle du groupe;

- mesures visant à entraver les naissances:

- transfert forcé d'enfants.

Le génocide est puni de la réclusion criminelle à perpétuité."

Tous les indices fournis dans ce document attestent que les
actes commis à Gikongoro par M.Laurent BUCYIBARUTA,essentiellement entre
avril et août 1994, correspondent bien à la participation au crime de
génocide comme auteur.En ce sens,le code pénal français permet toute pour-
suite.Aucun obstacle juridique n'est à signaler. En effet, la loi
adoptée par le parlement français,le 15 mai 1995, permet au TPIR de mener
des enquêtes en France et de juger, en France, des présumés responsables
du génocide et des massacres commis au Rwanda en 1994.

De plus, nous savons que depuis les statuts du tribunal militaire de
Nuremberg, qui a jugé les grands criminels nazis,aucune autorité coupable
de crime contre l'humanité ne peut plus se retrancher derrière la responsa
bilité de l'Etat pour nier la sienne.Ill y a désormais, en droit interna-
tional,une responsabilité pénale de l'individu pour les actes commis par
lui,de son propre chef ou sur ordre de ses supérieurs.L'obéissance aveugle
à des instructions illégales en vue de commettre un crime contre l'humani-
té engage la responsabilité de la personne qui les exécute.

En l'espèce,même si M.BUCYIBARUTA peut prétendre avoir agi pour obéir aux
ordres du président auto-proclamé Théodore SINDIKUBWABO,c'est un argument
inopérant car sa responsabilité personnelle reste engagée. ut
Nous espérons que ce document contribuera à faire éclater la vérité etl1a
justice française se souciera d'examiner sérieusement le cas de l'ancien
préfet de Gikongoro Laurent BUCYIBARUTA que nous reconnaissons comme res-
ponsable du massacre de nos parents, de nos amis et des centaines de mil-
liers d'innocents.Après la honte de l'humanité entière qui est restée
indifférente face à l'exécution d'un terrible génocide,dont les Rwandais
Tutsi ont souffert,il est davantage plus cynique de ne pas poursuivre les
auteurs de cette tragédie.Ce serait une faillite définitive de l'humanité.

BIZIMANA Jean Damascène
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