Citation
PAR COLETTE BRAECKMAN *
 
 Kigali, mai 1996. Les marchés croulent sous les fruits et les
 légumes ; chaque semaine, s'ouvrent de nouveaux restaurants,
 des self-services comme en Ouganda, de petits Nogandas, sur le
 modèle zaïrois, où l'on retrouve les poissons cuits dans les feuilles
 de bananier. Les boutiques de Kigali ne désemplissent pas, et les
 prix sont relativement stables. Jamais la circulation n'a été aussi
 dense ni les accidents aussi nombreux. Avant huit heures, les
 ministères sont en pleine activité, les murs ont été repeints, les
 impacts d'obus colmatés, les vitres remplacées. Des veuves payées
 par la municipalité entretiennent les pelouses de la capitale et, à
 l'intérieur du pays, des cantonniers s'affairent pour réparer les
 routes, tailler les talus. Dans les villes, l'eau et l'électricité
 fonctionnent normalement ; dans les campagnes, les collines sont
 à nouveau jardinées jusqu'au sommet. Les caféiers ont été taillés,
 les pommes de terre, les haricots s'entassent sur les marchés, la
 menace de famine semble conjurée. Le Rwanda donne une
 apparence d'ordre, de dynamisme, et les nouveaux venus en
 oublieraient presque les images de juillet 1994.
 
 Cet été-là, le Front patriotique rwandais (FPR), dont les troupes
 étaient composées essentiellement d'exilés, arrivait au pouvoir
 dans un pays exsangue, ravagé par un génocide. Les morts
 s'entassaient dans les fossés, les églises ; les infrastructures
 avaient été détruites, les caisses de l'Etat vidées par les tenants de
 l'ancien régime qui avaient fui au Zaïre et en Tanzanie, poussant
 devant eux deux millions de réfugiés. Aujourd'hui, pour retrouver
 le souvenir de la tragédie, il faut, au-delà des signes extérieurs de
 normalité, écouter les survivants, lorsqu'ils consentent à parler…
 Eux, ils se sentent étrangers à ce dynamisme ambiant, qui, dans
 les villes, a été insufflé par les Tutsis revenus de l'étranger. La
 diaspora rwandaise a ramené au pays ses biens, ses capitaux, ses
 cadres. Venus du Burundi, du Zaïre, d'Ouganda mais aussi
 d'Europe et des Etats-Unis, tous sont décidés à réussir coûte que
 coûte, car dans ce pays retrouvé après trente années d'exil, ils
 n'ont aucune stratégie de repli.
 
 L'enthousiasme, le dynamisme des nouveaux venus rend plus
 profonde encore la solitude des survivants, seuls avec leur peine.
 Edmond, dans sa maison de Gikondo, ne trouve pas le sommeil :
 lorsqu'il a voulu dégager les latrines, il y a découvert des corps
 amoncelés, sa famille peut-être, qu'il n'ose pas remuer. Frédéric a
 retrouvé du travail, mais que lui importe : sa femme, ses vieux
 parents, ses enfants sont morts : « Je n'ai plus personne avec qui
 partager quoi que ce soit et, à la limite, je me sens coupable
 d'être encore vivant. D'ailleurs certains m'interrogent, ils me
 demandent ce que j'ai fait pour avoir survécu. Je me sens
 suspect… » Mathilde, elle, ne rate aucune soirée du Centre
 culturel français : « Je suis seule, toute ma famille a disparu, je
 viens ici pour que les heures passent… »
 
 A Kigali comme dans tout le pays, de nouvelles fosses communes
 sont découvertes chaque semaine, de nouvelles cérémonies
 d'inhumation rendent hommage à des milliers de disparus. En
 avril, à Kicukiro, près de Kigali, étaient enterrées les trois mille
 personnes que les « casques bleus » belges avaient abandonnées
 dans une école technique. Dans la foule en deuil, des enfants
 portaient des brassées de croix qu'ils se préparaient à planter sur
 la fosse commune, en souvenir de leur famille disparue…
 
 Pour mesurer la réalité physique du génocide, dont beaucoup
 estiment qu'il a fait près d'un million de morts, il faut se rendre
 dans les campagnes, sur les collines où naguère les Tutsis étaient
 nombreux. Entre Gikongoro et Butare par exemple, à Rwamiko,
 les rescapés ne sont plus que trois cents, dont les trois quarts sont
 des femmes et des enfants, alors que dix mille Tutsis vivaient
 dans la région. Ici, un tiers des habitants a disparu, un autre tiers
 est en exil. Les champs semblent cultivés, mais malgré le
 surpeuplement général du Rwanda, il règne une étrange
 atmosphère d'absence.
 
 On est loin du dynamisme des villes, loin des apparences de
 normalité. Les survivants campent dans quelques locaux
 administratifs au centre de la commune. Des femmes seules
 veillent sur des nuées d'enfants en haillons, des orphelins qu'elles
 ont recueillis pour reconstituer un semblant de famille. Leurs
 maisons ont été détruites, rasées, elles n'osent pas passer la nuit
 dans leurs champs et ne s'y rendent qu'en cours de journée. Ici,
 au sud-ouest du pays, dans ce qui fut la zone de sécurité mise en
 place lors de l'intervention française surnommée « Turquoise »
 (du 24 juin au 21 août 1994), les esprits ne sont pas apaisés, le
 danger est toujours là.
 
 Des femmes se plaignent : « Lorsque des ONG lancent des
 programmes Food for Work (de la nourriture contre du travail)
 et proposent des vivres à des maçons de la région pour qu'ils
 reconstruisent nos maisons, ils acceptent le maïs pour le
 revendre au marché ensuite, mais ils construisent à contrecœur.
 Les maisons n'ont pas de fondations, les toits s'envolent… Nous
 n'osons rien dire, ils sont tellement plus nombreux que nous… »
 Les rescapés se plaignent du fait que les secours alimentaires
 soient plus importants pour les familles de réfugiés hutus, qui
 rentrent d'exil au complet, que pour les survivants, isolés, mal
 organisés… Mais, surtout, les rescapés ont peur, encore et
 toujours : des hommes qui se rendent aux champs ont été battus
 par des inconnus, d'autres ont été menacés par d'anciens voisins
 qui s'étaient approprié leur terre, des témoins ont été abattus par
 des assaillants venus du Zaïre.
 
 Le policier communal qui entend ces doléances note tout dans
 son beau carnet tout neuf, mais il est très jeune, et semble
 impuissant. L'armée, elle, patrouille dans la forêt et découvre des
 caches d'armes de plus en plus nombreuses. C'est par la forêt de
 Nyungwe, en effet, qui jouxte la région de la Kibira, au Burundi,
 que s'infiltrent les commandos qui posent des mines, font tomber
 des pylônes électriques et surtout liquident des témoins.
 
 La Mission d'observation des droits de l'homme des Nations
 unies relève que par rapport à l'an dernier, le nombre de victimes
 de la violence a doublé. Alors qu'il se situait naguère à quelque
 cinquante morts par mois, en mars il s'élevait à cent trois morts.
 En avril, le PNUD (Programme des Nations unies pour le
 développement) avait fait état de cent soixante-quinze personnes
 tuées, dont cent vingt-quatre par l'armée et quatorze par les
 rebelles et en mai. Un autre rapport du PNUD relève que cent
 soixante-deux personnes au moins, dont soixante-douze
 prisonniers, ont été tués au cours de cinquante-six incidents
 distincts.
 
 Dans les milieux diplomatiques de Kigali, on estime peu probable
 qu'aient pu passer inaperçus « les centaines de milliers de
 morts » dont font état depuis l'Europe l'ancien premier ministre,
 Twagiramungu et l'ancien ministre de l'intérieur Sendashonga,
 passés à l'opposition et on considère comme vraisemblables les
 chiffres donnés par les Nations unies, qui, malgré le retrait des
 soldats de la Minuar, ont gardé de nombreux observateurs sur le
 terrain. Aucun de ces observateurs des droits de l'homme
 n'affirme être au courant de tueries massives, délibérées et
 récentes perpétuées par l'armée, mais tous reconnaissent
 cependant que dans les zones voisines du Zaïre, la situation se
 dégrade de manière inquiétante. En effet, les infiltrations sont de
 plus en plus fréquentes, et les accrochages meurtriers se
 multiplient avec l'armée, entraînant quelquefois la mort de civils :
 les paysans des régions frontalières, volontairement ou sous la
 contrainte, abritent des infiltrés qui sont parfois leur anciens
 voisins, dissimulent des caches d'armes, au risque d'être
 confondus avec les assaillants par les militaires en opérations.
 
 Si les civils soupçonnés de complicité avec les assaillants courent
 de grands risques, deux autres catégories de la population sont
 également prises pour cibles, par les infiltrés cette fois : les
 témoins du génocide et les agents de l'Etat, des Hutus qui ont
 accepté de collaborer avec les nouvelles autorités. Ainsi, en mars,
 la moitié des assassinats ont été attribués à d'anciens miliciens et
 militaires et dix-sept de ces victimes étaient des agents de l'Etat :
 officiers de police judiciaire chargés d'instruire les dossiers des
 coupables présumés, conseillers communaux, une directrice
 d'école qui, en outre, avaient promis de témoigner contre les
 responsables des massacres. Selon un rapport des Nations unies,
 des listes noires circulent au Rwanda, avec les noms des témoins
 à éliminer, dont les familles sont également visées. La situation
 est particulièrement tendue dans la région de Gikongoro, où
 l'opération française Turquoise avait réussi à stabiliser les
 populations locales. Mais si un autre exode vers le sud Kivu a pu
 être freiné, en revanche bon nombre d'auteurs des massacres
 restèrent sur place et servent aujourd'hui de relais aux infiltrés
 venus du Zaïre. Ces opérations de commando et les patrouilles
 des militaires qui recherchent les caches d'armes ou procèdent à
 des vérifications d'identité créent une atmosphère de méfiance,
 de répression, donnant des arguments à ceux qui dénoncent la
 trop grande emprise de l'armée.
 
 De nombreux Hutus innocents se sentent mal à l'aise et craignent
 d'être à leur tour soupçonnés de collaboration avec les infiltrés.
 Cette tension augmente aussi à mesure que s'annoncent les
 premiers procès, et l'Association rwandaise pour la défense des
 droits de l'homme a dénoncé les menaces qui pèsent contre
 certains agents du système judiciaire : le procureur de Butare a
 été arrêté, celui de Kibuye passé à tabac par les militaires.
 
 Réclamée par tous, la justice est un exercice à hauts risques sur le
 plan politique, et c'est peut-être pour cela aussi qu'elle tarde
 encore à se mettre en place. En effet, la base de la pyramide
 judiciaire est à présent posée : la Cour suprême est en place,
 quelque trois cents officiers de police judiciaire ont été formés et
 disséminés dans le pays, les juges ont été nommés et devront
 bientôt s'atteler à examiner les cas des soixante-treize mille
 personnes qui croupissent dans des prisons surpeuplées et dont
 plusieurs dizaines sont mortes par étouffement.
 
 La justice, au Rwanda, s'exerce sur une corde raide : les messages
 émanant de la communauté internationale sont contradictoires.
 Chacun s'accorde à reconnaître qu'il faut lutter contre l'impunité,
 juger et châtier les coupables. Mais, en même temps, à part les
 Pays-Bas, aucun gouvernement ne consent à financer
 l'agrandissement des prisons (tout en critiquant sévèrement les
 conditions de détention actuelles). Par ailleurs, le gouvernement
 rwandais est soupçonné de faire traîner les choses, mais s'il
 pratiquait une justice expéditive, les critiques seraient plus vives
 encore. C'est pourquoi les autorités ont tenté de mettre sur pied
 un système judiciaire adapté au caractère extraordinaire de la
 situation.
 
 Une loi est actuellement examinée à l'Assemblée nationale, qui
 propose de distinguer plusieurs catégories d'inculpés : les
 concepteurs du génocide, qui risquent la peine de mort ; les
 exécutants, qui, tout en ayant commis des crimes de sang, n'ont
 pas agi de leur propre initiative ; et ceux qui ont commis des
 délits de vol, de pillage. Pour ces derniers, la sanction sera
 pratiquement nulle, tandis que le châtiment des « porteurs de
 machette » irait jusqu'à vingt ans de détention. Des procédures
 originales sont envisagées : la pratique anglo-saxonne du plea
 bargaining, du marchandage qui permet de négocier un
 allègement de la peine en échange d'aveux ; la remise en activité
 d'une pratique rwandaise traditionnelle, la gacaca, qui faisait
 appel aux sages d'une colline pour arbitrer un litige. La gacaca,
 autrefois, ne s'appliquait pas aux crimes de sang, mais elle avait le
 mérite de « socialiser » la reconnaissance de la faute et la
 sanction, qui pouvait consister en une réparation du dommage
 subi…
 
 Les conditions d'une réconciliation
 
 Si la justice doit éradiquer l'impunité, remettre le peuple
 rwandais sur la voie de l'Etat de droit et être le socle d'une
 éventuelle réconciliation, elle doit aussi apaiser quelque peu la
 douleur des survivants. On est loin du compte : les rescapés,
 regroupés en associations d'entraide et groupes de pression, ne
 sont pas loin d'être qualifiés d'extrémistes lorsqu'ils réclament
 que l'on ne tourne pas trop vite la page… « Ceux qui seront
 qualifiés d'exécutants du génocide ne subiront que des peines
 relativement mineures », reconnaît l'avocat Mutogwera. « Je
 comprends la logique politique de ce choix, car après la justice
 devra venir la réconciliation. Mais comment admettre que celui
 qui a tué ma mère, ma femme, mes enfants, qui les a torturés, ne
 subisse qu'un châtiment somme toute léger… » Tel est le dilemme
 auquel sont confrontées les autorités rwandaises : la justice ne
 doit pas ressembler à la vengeance, et déjà cette perspective
 dissuade les réfugiés de rentrer au pays. Mais si elle est trop
 légère, elle ravivera la tentation des représailles individuelles à
 laquelle la population dans son ensemble a pu résister jusqu'à
 présent…
 
 La reconstruction du système judiciaire, aussi lente que l'entrée
 en fonction du Tribunal pénal international qui vient d'entamer
 ses premières audiences dans la ville tanzanienne d'Arusha, la
 remise en ordre du pays, la difficile réhabilitation de l'économie
 (malgré les réticences d'une aide internationale toujours focalisée
 sur l'urgence plus que sur le développement) risquent d'être
 mises à mal si la guerre reprend du côté de la frontière zaïroise.
 Ce danger n'est pas illusoire : non seulement les infiltrations
 d'éléments armés se multiplient, mais l'afflux de nouveaux
 réfugiés du côté de Gisenyi est le signe de nouvelles tensions.
 
 Au Zaïre, en effet, une épuration ethnique qui ne dit pas son nom
 est en cours dans la région du Masisi, au nord-ouest de Goma et
 Bukavu. Sur ces plateaux extraordinairement fertiles, et dont le
 sous-sol recèle de l'or et des minéraux précieux comme le
 colombo tantalite et le tungstène, des populations tutsies et
 hutues, qualifiées globalement de Banyarwandas, sont installées
 depuis des générations, rejointes par les divers flux de réfugiés.
 
 A l'heure actuelle, des réfugiés hutus venus des camps, appuyés
 par certains éléments de l'armée zaïroise, ont entrepris de vider le
 Masisi des éleveurs tutsis : les troupeaux ont été décimés, la
 viande a été vendue jusqu'à Kinshasa. Mais, surtout, les Tutsis,
 comme les populations autochtones Hunde et Nyanga, qui
 tentent en vain de se défendre, sont désormais traqués par les
 miliciens, qui pratiquent à leur égard les mêmes méthodes
 génocidaires que voici deux ans à l'intérieur du Rwanda : des
 familles entières sont massacrées dans d'atroces conditions et des
 cas de cannibalisme ont même été rapportés par des témoins
 européens. En mai, dans le monastère de Mokoto, plusieurs
 centaines de Tutsis ont été encerclé par des interahamwe venus
 des camps de réfugiés, qui ont donné l'assaut à l'Eglise avec des
 grenades et des machettes. Les scènes du génocide de 1994 se
 sont reproduites, en territoire zaïrois cette fois, sans guère
 susciter plus d'émotion.
 
 Quarante mille Tutsis de nationalité zaïroise sont déjà arrivés au
 Rwanda, accueillis par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR).
 L'implantation de Hutus extrémistes, fortement politisés, dans
 des bastions situés à l'intérieur du Zaïre, fait craindre la
 constitution d'une sorte de Hutuland, qui serait à terme le point
 de départ d'une nouvelle guerre.
 
 Empreintes de méfiance - le président Mobutu Sesse Seko était
 un ami personnel de l'ancien président Habyarimana, le Front
 patriotique est perçu comme rebelle et anglophone… -, les
 relations entre le Zaïre et le Rwanda se détériorent de jour en jour
 et font craindre une nouvelle guerre. Kigali, en effet, se montre de
 plus en plus nerveux face aux infiltrations qui se multiplient,
 tandis que le Conseil de sécurité, le 23 avril 1996, a demandé que
 se poursuive l'enquête sur les livraisons d'armes dans les camps
 de réfugiés rwandais. Armes neuves, nouveaux uniformes pour
 les anciens miliciens interahamwe , qui prêtent également main
 forte aux « assaillants » hutus du Burundi talonnant l'armée (1),
 tous les ingrédients d'une guerre régionale sont réunis à l'est du
 Zaïre et les observateurs se demandent quel fut l'objectif exact de
 la visite à Paris du président Mobutu, reçu le 26 avril 1996 par le
 président Jacques Chirac.
 
 Le chef de l'Etat zaïrois, remis en selle à la faveur du génocide
 rwandais, est en effet considéré comme « incontournable » par la
 France (2). Dans la région des Grands Lacs, en revanche, il est
 accusé de favoriser les réfugiés hutus contre sa propre population
 dans une province du Kivu qui lui est majoritairement hostile, de
 tolérer ou de tirer profit des trafics d'armes qui s'intensifient, de
 laisser son territoire servir de base arrière pour les assaillants
 hutus qui combattent au Burundi et s'infiltrent au Rwanda. La
 réhabilitation internationale du président zaïrois, qui souhaite,
 après Paris, être reçu à Washington, et organiser, en 1997, des
 élections sur mesure, doit-elle passer par la mise à feu et la
 déstabilisation de toute une région ?
 
 COLETTE BRAECKMAN
 * Journaliste, Le Soir (Bruxelles).
 
 (1) Lire Colette Braeckman, « L'interminable descente aux enfers
 du Burundi », Le Monde diplomatique, juillet 1995.
 
 (2) Lire Colette Braeckman, « Le feu court sur la région des Grands
 Lacs », Le Monde diplomatique, septembre 1994, et
 François-Xavier Verschave, « Connivences françaises au Rwanda »,
 Le Monde diplomatique, mars 1995.