Sous titre
L'article de Jean-Pierre Pabanel, dans le Monde diplomatique de novembre, qui recensait les obstacles à la reconstruction de la société rwandaise ("A Kigali, un régime prisonnier de sa victoire"), a suscité la réaction de M. Jean-Paul Gouteux, chercheur à l'ORSTOM.
Citation
Pratiquement, M. Pabanel accepterait-il que les assassins de sa
famille, des gens qui ont tué de leurs mains, soient pardonnés et
absous, afin de réaliser la "reconstruction nationale" ?
Accepterait-il de cohabiter avec eux dans le même village ? (…)
Politiquement, pourrait-il imaginer que la reconstruction de
l'Allemagne se soit faite avec la participation des nazis au
gouvernement ? Que ceux qui ont programmé et commandité le
génocide rwandais soient, non seulement impunis, mais
réhabilités par une cohabitation avec les victimes ?
La minimisation du génocide des Tutsis du Rwanda, qui n'a de
comparaison possible qu'avec le génocide des juifs (les femmes
arméniennes avaient la possibilité de se convertir à l'islam pour
échapper à la mort), est pire que tout. C'est la renonciation au
"plus jamais ça" qui fonde la légitimité de tout Etat démocratique
depuis 1945.