Sous titre
Un historien français spécialiste de l’espionnage et deux journalistes italiens racontent les dessous du plus petit État du monde dans deux livres « Les espions du Vatican » (éditions Nouveau monde) et « I mercanti nel tempio » (éditions Solferino). Où comment agents secrets et spéculateurs siègent aussi au Vatican.
 
Citation
De notre correspondante
 en Italie, Ariel F. Dumont
 « Le Vatican, combien de divisions
 ? », s’interrogeait Staline, en
 1935. Le petit père des peuples pensait
 peut-être aux centaines
 d’espions qui œuvrent dans l’ombre
 au service du plus petit État du
 monde depuis le XVIe siècle. Dans
 son ouvrage intitulé « Les espions
 du Vatican », l’historien Yvonnick
 Denoël passe six pontificats au crible.
 Il lève le voile sur quelques opérations
 secrètes importantes
 menées, dit-il, par des personnages
 terriblement humains, parfois inexpérimentés
 et bricoleurs mais animés
 par le sens du sacrifice et le
 besoin de reconnaissance. Autre
 style, autre genre pour Mario Gerevini
 et Fabrizio Massaro, deux journalistes
 italiens du quotidien
 milanais « il Corriere della Sera » qui
 expliquent comment sont gérées et
 utilisées les offres faites au pape
 par les fidèles du monde entier
 dans leur livre « I mercanti nel tempio
 » (les marchands dans le temple).
 De l’exfiltration d’hitlériens
 au sauvetage de juifs
 Officiellement, le Saint-Siège n’a
 pas de services de renseignements.
 Et pourtant, comme tous les chefs
 d’État, le pape a un solide réseau
 d’informateurs et d’agents secrets
 depuis le XVIe siècle. Situé à mi-chemin
 entre le roman policier et la
 fresque historique, « Les espions du
 Vatican » évoquent des opérations
 secrètes menées avec un grand art
 comme l’exfiltration peu glorieuse
 de dignitaires hitlériens après la
 défaite de l’Allemagne et rappellent
 aussi, avec plus de détails, l’épisode
 que l’on connaissait déjà du sauvetage
 de 6 000 juifs durant l’occupation
 en Italie, en 1943.
 Un autre chapitre important concerne
 « l’honneur saccagé de
 l’Église », selon l’auteur, qui accuse
 l’Église d’avoir participé à la création
 d’un nationalisme hutu. « A
 aucun moment, je ne dis que le
 génocide du Rwanda repose principalement
 sur les épaules de l’Église.
 Mais on a eu quelque chose d’absolument
 atroce, la participation d’un
 certain nombre de religieux et de
 religieux à des actes commis par les
 Hutu contre les Tutsi », affirme toutefois
 Yvonnick Denoël.
 L’argent du Vatican
 pour le film sur Elton John
 Mario Gerevini et Fabrizio Massaro
 s’attaquent, pour leur part, aux
 finances pontificales et plus particulièrement
 au patrimoine constitué
 grâce à l’Obole de Saint Pierre.
 Un trésor qui échappe à tout contrôle,
 géré par un petit groupe
 de prélats et d’hommes de confiance.
 Les deux journalistes qui ont
 pu consulter des documents et
 recueillir les confidences de sources
 fiables, racontent comment cet
 argent a été englouti dans des
 fonds spéculatifs, utilisé pour
 l’achat d’un immeuble dans la city
 londonienne, pour participer
 au sauvetage d’une université en
 Jordanie ou faire des affaires avec
 Lapo Elkann, l’un des deux héritiers
 de la famille Agnelli (Fiat).
 Un épisode particulièrement
 savoureux concerne l’apport financier
 du Vatican au film « Rocketman
 » de Dexter Fletcher. Un
 portrait décoiffant du chanteur
 Elton John, avec notamment une
 scène de sexe gay assez explicite !
 Rater une telle affaire aurait été un
 sacré péché notent les deux
 auteurs, le film qui a couté 41 millions
 ayant gagné 200 millions et le
 Saint Siège ayant perçu 13,5 % de ce
 joli pactole !