Une partie de l'histoire de France s'est éteinte. Rafael Gómez Nieto, dernier survivant de la première colonne, appelée la « Nueve » et constituée pour l'essentiel de républicains espagnols, à avoir pénétré dans Paris occupé le 24 août 1944, est décédé mardi du coronavirus à Strasbourg (Bas-Rhin), a-t-on appris mercredi auprès de sa famille.
Rafael Gómez, qui résidait à Lingolsheim et devait fêter ses 100 ans en janvier prochain, avait été admis dans une clinique et testé positif au coronavirus, a indiqué son fils Jean-Paul. Il était en bonne santé malgré son grand âge et « c'est le coronavirus qui est venu interrompre cela, comme dans de nombreuses familles ».
« C'était le symbole de la Nueve, avec lui part un pan de l'histoire de la libération de Paris et des Républicains espagnols », a déploré l'historienne Evelyn Mesquida, qui entretenait des contacts réguliers avec lui.
Entré dans Paris sur les ordres du général Leclerc
Rafael Gómez Nieto « gardait la force et la mémoire » et allait encore faire ses courses en voiture il y a quelques semaines, a-t-elle raconté. Sa dernière sortie publique avait eu lieu selon elle en 2017, pour l'inauguration d'une place dédiée aux soldats de la Nueve à Madrid, à laquelle il avait assisté « au nom de tous ses compagnons ».
La neuvième compagnie de la deuxième Division blindée, ou Nueve, était composée d'environ 160 hommes, essentiellement des républicains espagnols. Entrés le 24 août 1944 vers 20 heures dans Paris par la porte d'Italie sur les ordres du général Philippe Leclerc, ils gagnèrent une heure et demie plus tard l'Hôtel de Ville.
Au lendemain de l'incursion de la « Nueve », les chars Sherman de Leclerc entrèrent à leur tour dans la capitale au matin du vendredi 25 août par le sud et l'ouest pour libérer Paris du joug nazi.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, lui a rendu hommage sur les réseaux sociaux. « Ce fut un immense honneur de le connaître. Mes pensées émues vont à sa famille et à ses proches », a écrit l'édile.
Anne Hidalgo : Rafael Gomez nous a quittés et j’en suis très triste. Il était le dernier survivant de la Nueve : ces héros de la Libération, espagnols, ont été les premiers à entrer dans Paris. Ce fut un immense honneur de le connaître. Mes pensées émues vont à sa famille et à ses proches.