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Des milliers de corps en décomposition ont été déterrés hier dans plusieurs fosses communes, découvertes vendredi à
proximité de l'hôpital central de Kigali, la capitale rwandaise.
Cette zone était restée aux mains des miliciens hutus et des forces gouvernementales rwandaises jusqu'à la prise de la
capitale par les soldats du Front patriotique rwandais en juillet. Hier après-midi, au terme de plusieurs heures de
fouilles, la soixantaine de terrassiers équipés de gants, de pioches et abrités par des masques, avaient déjà comptabilisé
4.700 crânes humains. La plupart des cadavres étaient habillés et porteurs de leur carte d'identité indiquant leur
appartenance ethnique.
Les dépouilles de deux leaders hutus de l'opposition au président Juvénal Habyarimana, qui avaient été assassinés après
la mort de ce dernier, le 6 avril 1994, ont ainsi pu être identifiés. Il s'agit de l'ancien président du Parti social démocrate
(PSD) et ministre de l'Agriculture, Frederick Nzamurambaho, dont le corps a été découvert dans un réfrigérateur de
l'hôpital enterré sous un potager, et du premier vice-président du PSD, Félicien Ngango.
Le président rwandais, Pasteur Bizimungu, s'est rendu hier sur le site des fouilles pour rendre hommage aux victimes du
génocide. Les dépouilles auront droit à un enterrement national identique à ceux pratiqués depuis quelques semaines au
Rwanda dans le cadre d'une campagne nationale organisée par le gouvernement rwandais et l'Unicef. Afin, dit-on à
Kigali, de contribuer au deuil national en offrant une sépulture digne de ce nom aux victimes et d'enterrer une fois pour
toutes les traces insupportables de ce passé.