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Depuis la retraite du juge Bruguière en 2008, un autre magistrat a repris le dossier avec sa collègue Nathalie Poux : Marc Trévidic. Ils lancent une première expertise de terrain, qui débouche sur une conclusion très éloignée de celle du juge Bruguière. Apparemment les tirs des missiles ne sont pas partis de la colline de Masaka. Mais plutôt d’un camp militaire hutu, là où se trouvait les meilleures unités de l’armée rwandaise. Autrement dit, l’hypothèse d’un assassinat de leur Président par les extrémistes hutus est relancée.
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En 100 jours, un million de morts en 100 jours. C’est l’une des pires tragédies du XXème siècle. La tuerie a débuté au Rwanda le 6 avril, quelques heures, minutes peut-être après le crash de l’avion du Président Rwandais Habyarimana. Qui a tiré sur ce Falcon 50 ? Depuis 1998 maintenant, une thèse unique était défendue par la justice française. A la demande des familles des militaires français qui composaient l’équipage, une enquête est ouverte à Paris en 1998. Confiée au juge Bruguière qui, jusqu’à son départ dix ans plus tard, ne mènera ses investigation que dans un sens.
Sans même se rendre au Rwanda, sans même mener d’expertise balistique, il affirme (sur la base essentiellement de témoignages) que c’est le FPR.
Autrement dit, un mouvement rebelle composé de surtout de Tutsies, en guerre civile depuis 1990 contre le régime Habyarimana. Que les responsabilités sont donc à rechercher dans le camp Tutsie, celui des futures victimes du génocide.
Pendant dix ans donc cette thèse a prévalu chez nous. Le juge Bruguière avait même délivré des mandats d’arrêts internationaux contre des proches du Président Kagame, ce qui provoqué la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali. Mais, depuis la retraite du juge Bruguière en 2008, un autre magistrat a repris le dossier avec sa collègue Nathalie Poux : Marc Trévidic.
Ils lancent une première expertise de terrain, qui débouche sur une conclusion très éloignée de celle du juge Bruguière. Apparemment les tirs des missiles ne sont pas partis de la colline de Masaka. Mais plutôt d’un camp militaire hutu, là où se trouvait les meilleures unités de l’armée rwandaise. Autrement dit, l’hypothèse d’un assassinat de leur Président par les extrémistes hutus est relancée.
Qui était aux manettes ? Avec quelles complicités ?
La France a été soupçonnée, dès l’origine, par certains. Même l’expertise ne peut pas dire, pour l’instant, QUI a tiré sur l’avion du Président Habyarimana. « Rwanda, dans les pas du juge Trévidic », c’est une enquête signée Laure de Vulpian.
Avec comme invité pour écouter et commenter ce magazine, l’historien Stéphane Audouin-Rouzeau , Professeur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.