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Les milices extrémistes hutues qui sèment la terreur dans l'Est du Congo recevraient des fonds d'un réseau présent dans 25 pays, dont principalement la Belgique. C'est ce que révèle un rapport confidentiel d'experts de l'ONU cité jeudi par De Standaard, Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg.
Selon ce rapport, la majorité des bailleurs de fonds des Forces démocratiques de libération du Rwanda séjournent en Belgique et certains d'entre eux entretiennent des contacts réguliers avec les commandants militaires dans l'Est du Congo. L'enquête repose sur des entretiens avec d'anciens combattants des FDLR, des relevés bancaires et des listes d'appels téléphoniques.
Les enquêteurs de l'ONU se sont intéressés également à des trafics illégaux d'or ayant permis de financer les campagnes militaires des FDLR. Le rapport montre que l'or des FDLR est passé en contrebande principalement au Burundi, où il est commercialisé par la société Berkenrode, contrôlée par l'homme d'affaires Mutoka Ruganyira. La société est basée à Anvers, non loin de l'entreprise Tony Goetz & Zonen, active dans le secteur de l'orfèvrerie. Ruganyira affirme qu'il s'est établi en Belgique pour des raisons fiscales. Tony Goetz a, lui, déclaré aux enquêteurs qu'il n'avait pas importé d'or du Congo, mais quelques mois plus tard, il a dû admettre qu'il avait acheté 3 kg provenant du Congo. Contrairement à l'Allemagne, aucun dossier n'a encore été ouvert en Belgique à l'encontre des bailleurs présumés des FDLR.
Un prêtre belge impliqué
De son côté, le Corriere della Sera, citant le même rapport des experts de l'ONU, implique un prêtre italien de Bukavu et un prêtre belge basé en Tanzanie, Constant Goetschalckx, trésorier régional des Frères de la Charité. Ce dernier a reçu en récompense pour ses activités humanitaires d'un million de dollars de l'Opus Dei. On le soupçonne d'avoir financé des milices hutues responsables de massacres. Le prêtre italien aurait détourné des fonds humanitaires venant d'Europe avec la complicité de Constant Goetschalckx.
Selon le quotidien italien, le groupe d'experts onusiens a obtenu le mail original qui démontre les liens entre le missionnaire italien et le chef du FDLR récemment arrêté en Allemagne.
Enfin, le rapport est particulièrement sévère à l'encontre de l'armée congolaise et des Casques bleus de l'ONU qui l'appuient. Les experts affirment que « les opérations militaires menées contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ont échoué à démanteler les structures politiques et militaires de l'organisation ». Ces opérations, menées en janvier-février par Kigali et Kinshasa, et depuis par l'armée congolaise seule, avec le soutien de la Mission de l'Onu en RDC (Monuc), ont « aggravé la crise humanitaire » au Nord et Sud-Kivu. « Plusieurs centaines » de civils ont été tués, des villages pillés et incendiés, et des « centaines de milliers de personnes » ont fui les violences, dénoncent les experts.