Citation
Une interprétation réaliste du Rapport des Nations Unies sur le Congo
Traduction par W.Blam, Oct. 2010
Pour les
germanophones
je
conseille
le
site
:
die
Tageszeitung http://taz.de/1/politik/afrika/
Il est aussi conseillé de visiter le blog du rédacteur Dominic Johnson:
http://blogs.taz.de/kongo-echo
Traduction d'un article-clé, qui analyse déjà fin août, que la terminologie d'un deuxième
génocide n'est pas fondé :
L’article en Allemand
Vermisst im Urwald
Perdus dans la forêt
28.08.2010
REFUGIES
Jusqu'à 40.000 réfugiés rwandais hutu sont morts pendant la guerre de 1996-1997 au
Congo. C'est un chiffre élevé, mais plus petit que ce qui était alors affirmé.
BERLIN taz
Combien de réfugiés hutus rwandais sont réellement morts dans la République
Démocratique du Congo, quand, à partir de 1995, l'armée rwandaise y entra ? Le rapport
des Nations Unies parle de "probablement des dizaines de milliers" de hutus tués,
Rwandais et Congolais. Une réponse plus précise est possible sur la base des chiffres
donnés.
Environ 2 millions des 7 millions d'habitants du Rwanda quittaient le pays, lorsque le
mouvement rebelle tutsi RPF (Rwandan Patriotic Front) prit le pouvoir en juillet 1994 et
que l'armée et les milices hutu qui étaient responsables du génocide de 800.000 personnes
en majorité tutsi, prenaient la fuite. De ces personnes environ 1,25 millions allaient au
Congo, alors encore appelé Zaïre. Fin juillet 1996 le Haut Commissariat aux Réfugiés
(HCR) des Nations Unies comptait exactement 1.112.048, dont 715.991 réfugiés dans le
Nord du Kivu, le reste dans le Sud du Kivu.
Fin Octobre 1996 le Rwanda entrait dans le pays, officiellement pour un soutien à
l'alliance rebelle locale AFDL (Alliance des Forces Démocratique pour la Libération du
Congo-Zaïre) sous Laurent Désirée Kabila, mais en réalité afin de démanteler l'ancienne
armée rwandaise et les milices hutu dans les camps de réfugiés. Libérés de la prise d'otage
par leur propre armée, la majorité des réfugiés retournait au Rwanda. Du 27 octobre au
25 novembre 1996 le HCR des Nations Unies comptait 656.500 rapatriés; fin janvier 1997
ils étaient 725.164. Il en manquait donc environ 385 000. De tout ceci résulte le chiffre
fréquemment cité dans les mois suivants de 200.000 réfugiés rwandais "disparus", des
réfugiés rwandais probablement massacrés au Zaïre.
La plupart des réfugiés du Nord du Kivu étaient retournés au Rwanda, mais la plupart des
réfugiés du Sud du Kivu entraient plus profondément dans le Zaïre, jusqu'au fleuve
Congo, où ils ne pouvaient pas aller plus loin. Le nombre des réfugiés dans la région
Shabunda / Lubute était estimé par le HCR en janvier 1997 à environ 330.000. Parmi eux
étaient de nombreux anciens soldats et miliciens. Il y avait d'autres rassemblements de
réfugiés plus à l'est.
La mort dans les camps
Les conditions humanitaires dans les nouveaux camps improvisés dans les jungles au bord
du fleuve Congo étaient catastrophiques et le taux de mortalité dramatique : jusqu'à 10 %
de la population par semaine. A partir du 27 avril 1997 l'AFDL accordait au HCR un pont
aérien de Kisangani au Rwanda, pour rapatrier les réfugiés. Mais auparavant quelques
uns des plus grands camps ont été évacués de force, par l'AFDL tout comme par l'armée
rwandaise. Ces évacuations ont fait beaucoup de victimes. D'autres ont fui plus vers
l'ouest. Plus ils étaient en route depuis longtemps, plus il y avait de militaires parmi eux.
Le pont aérien de Kisangani ramena 37.069 réfugiés au Rwanda jusque fin mai 1997,
ensuite d'autres s'y ajoutèrent sporadiquement ; en plus il y avait en permanence des
petites reconduites à partir de zones près de la frontière, à l'Est du Zaïre. Le 15 mai 1997,
juste avant la victoire définitive de l'AFDL sur la dictature de Mobutu au Zaïre sous
Kabila et l'occupation de la capitale Kinshasa, le HCR annonçait encore l'existence de
338.463 réfugiés rwandais dans le pays. Des listes de différentes organisations
humanitaires ont rendu possible d'identifier les lieux de séjour de 299.000 personnes. Au
cours des mois suivants beaucoup des groupes de réfugiés initialement portés disparus
avaient surgi quelque part. Il en manquait par conséquent encore environ 40.000. Ceci est
le nombre le plus grand possible des victimes des massacres par l'AFDL et par l'armée du
Rwanda parmi la population des réfugiés rwandais hutu dans le Zaïre en 1996/97.
Ce nombre comprend aussi des réfugiés dispersés ainsi que les nombreuses victimes des
conditions humanitaires catastrophiques. Par conséquent seule une fraction des environ
40.000 réfugiés manquants était bel et bien victime des massacres. En outre, plusieurs
dizaines de milliers des réfugiés du Rwanda vivent jusqu'aujourd'hui au Congo. Les
éléments armés parmi eux combattent même aujourd'hui dans la milice FDLR (Forces
démocratiques pour la libération du Rwanda).
DOMINIC JOHNSON (trad. W. Blam)