Sous titre
Portrait de la ville de Kigali et de son développement économique à marche forcée un samedi d’Umuganda, travaux d’intérêt général obligatoires. Avec Marcel Kabanda, historien, Paul Kagamé lors d’un meeting, une veuve hutu et les habitants d’un bidonville de Kigali.
Citation
Nous sommes à Kigali au Rwanda, un samedi d’Umuganda, ces travaux d’intérêts général auxquels tous les habitants sont sommés de participer, pour apporter leur pierre à l’édifice de modernisation croissante du pays.
Tout le monde participe, c’est obligatoire, on ne peut pas ne pas participer. (Un habitant)
Des travaux qui rappellent quelque part, pour cet homme, la mémoire du génocide perpétré contre les Tutsis d’avril à juillet 1994, son mécanisme institutionnel.
La participation au génocide pouvait être considérée par chacun comme un travail d’intérêt général.
Aujourd’hui, l’Umuganda vise à instaurer la modernité dans la capitale. Le président Paul Kagamé se félicite dans un discours de la réussite économique du pays, qui a l’un des taux d’alphabétisation les plus fort et l’un des taux de corruption les plus faibles d’Afrique.
Je me dis que si quelqu’un était venu il y a vingt ans il ne reconnaîtrait pas cet endroit.
Kigali, si propre, ne cesse de grandir, on ne sait plus où en est le centre.
Evidemment, cette réussite a ses revers. L’autorité de Kagamé impose son ordre à la ville florissante. Dans un quartier, tous les toits des maisons doivent être peints en rouge.
Dans une buvette au toit bleu, un professeur d’anglais témoigne.
Il y a beaucoup de chômeurs. Beaucoup d’intellectuels, mais c’est difficile de trouver du travail.
A la fin de la visite, nous rencontrons une veuve hutu. Pour elle, il est encore difficile de parler du génocide.
J’ai perdu mon mari en 98. Je ne veux pas en parler. Je n’y arrive pas. Ce qui s’est passé pour nous, on n’a pas le droit de le dire. Alors on ne le dit pas, ça reste à l’intérieur.
Reportage : Sonia Kronlund
Réalisation : Emmanuel Geoffroy (et Thomas Jost)