La France fait partie des quelques rares pays réputés pour la qualité de ses forces spéciales. Ces soldats de l’ombre interviennent le plus souvent dans l’anonymat mais parfois, un raté ou un coup d’éclat nous rappelle leur existence et leur importance. Au Burkina Faso, le 9 mai dernier, le commando Hubert a accompli sa mission en libérant quatre otages mais a perdu deux des siens dans l’assaut. En France, ces unités existent au sein des trois composantes de l’armée (air, mer, terre) et constituent aujourd’hui un maillon essentiel de la puissance militaire du pays.
Des unités issues de la France libre
Les forces spéciales françaises trouvent leur origine dans la Seconde guerre mondiale. Le 6 juin 1944, une poignée de militaires français débarque à Colleville-Montgomery au milieu des forces alliées : ils sont 177 et appartiennent au 1er bataillon de fusiliers marins commandos, les fameux “commandos Kieffer”. L’expression leur a été donnée a posteriori et vient du nom de leur chef, le capitaine de corvette Philippe Kieffer. Ce dernier a été parmi les premiers à répondre à l’appel du général de Gaulle en juin 1940 ; une fois à Londres, il s’inspire de l’exemple anglais des commandos (les SAS, pour
Special air service
) pour constituer sa propre unité.
“A l’époque, les Anglais sont en situation d’infériorité numérique par rapport aux Allemands”, explique le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue de Défense nationale. “En créant ces forces spéciales, les Britanniques constituent des petites unités pour effectuer des missions coup de poing, saisir un objectif, chercher un renseignement mais en aucun cas pour durer”. Leurs missions permettent des succès tactiques au service de grands objectifs stratégiques : “Par exemple, les Anglais envoient des plongeurs arrivés en sous-marins de poche sur les plages de Normandie pour récupérer des échantillons de sable afin de préparer le débarquement.”
Cet esprit commando est acquis par les troupes du commandant Kieffer et développé après la guerre : “en particulier les techniques parachutistes qui permettent de larguer des petites équipes sur un territoire hostile”, explique le général Pellistrandi, “par exemple de nuit, qui peuvent s’infiltrer dans un dispositif ennemi de manière clandestine”. Ces méthodes sont mises en œuvre lors des guerres de décolonisation - en Indochine, en Algérie - et dans tous les conflits majeurs dans lesquels la France est engagée par la suite : Liban, Bosnie, Kosovo, Somalie, Rwanda, Afghanistan, large de la Somalie, Sahel et République Centrafricaine, Proche et Moyen Orient.