Citation
52' 50''
Etienne Klein :
Vous parlez également Ghislain de Marsily des conflits, vous jetez sur un conflit récent, un génocide même, celui du Rwanda en 1994, un regard qui montre que ça n'est pas un conflit ethnique religieux ou culturel qui est l'amorce fondamentale de ce génocide mais plutôt des causes climatiques.
Ghislain de Marsily :
Oui, au Rwanda, non vous avez raison, c'est que ce qui m'effraie beaucoup, ça m'effraie encore plus sachant comme je vous l'ai dit que la démographie va augmenter sur la planète et le continent en pleine croissance démographique aujourd'hui c'est l'Afrique. Or vous parlez des événements du Rwanda. Rwanda, de mémoire c'était les années 1994, alors ce n'est pas un changement climatique au Rwanda, qu'est-ce qui s'est passé? Et ça, ça avait été prévu par des agronomes belges, c'est que le Rwanda est un pays petit, il pleut beaucoup, c'est un peu la Suisse, c'est un pays riche, il y a beaucoup d'agriculture mais les méthodes culturales, un peu ancestrales étaient incapables ou sont devenues incapables avec l'augmentation de la population de nourrir tout le monde, et plus précisément ces agronomes belges qui ont écrit ça en 1960 à peu près, 60, 70, ils ont dit la croissance de la population fait que on mange moins bien au Rwanda, on mange moins bien qu'on mangeait en 1960, donc la quantité totale de nourriture disponible pour la population avait diminué par tête de pipe, au total elle avait augmenté puisqu'ils étaient plus nombreux, mais on mangeait moins bien.
Et il a dit on court à la catastrophe. Alors rien n'a été fait et effectivement il y a eu une année un petit peu plus sèche, et les gens ont vu qu'ils ne pouvaient plus manger et qu'est ce qu'ils ont fait ? Et bien ils se sont entretués.
Alors ils se sont entretués, il y a eu des problèmes politiques, il y avait des conflits traditionnels ancestraux entre les Tutsi qui sont les éleveurs et les Hutu qui sont les agriculteurs.
Et bon, les Tutsi étaient un peu le haut du panier, c'est eux qui dirigeaient l'administration du Rwanda, et bon ils ont été éliminés physiquement en neuf mois à peu près, ou en huit mois, il y a eu 900 000 personnes égorgées à la main, à la machette, c'est pas des conflits avec des mitraillettes, c'est égorger des populations, des voisins qui s'entre tuaient dans les mêmes villes , c'est l'horreur, l'horreur.
Alors c'est pas une histoire de famine liée à un climat, c'est une diminution des ressources alimentaires qui s'est traduit par un massacre.
Mais si vous voulez, on peut penser que si une histoire climatique cette fois ci entièrement sur le manque d'eau venait à faire que si un pays n'avait plus assez de nourriture pour se nourrir et si les stocks mondiaux ne pouvaient pas apporter la nourriture nécessaire, on pourrait avoir les mêmes mécanismes. L'Afrique est un continent violent, vous le savez. Vous avez vu ce qui s'est passé au Kenya il y a quelques jours.
