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Un projet international de recherche de deux ans a été lancé jeudi en Allemagne pour découvrir l’origine de plus de 1.000 crânes provenant des anciennes colonies allemandes en Afrique. Ces restes humains avaient été ramenés principalement du Rwanda, mais aussi de Tanzanie et du Burundi, dans l’ancien Empire allemand (1871-1918), par l’anthropologue Felix von Luschan à des fins « d’études scientifiques ».
Coordonnées par la Fondation des possessions culturelles prussiennes (FPCP), ces recherches pourraient permettre de restituer in fine ces crânes aux pays d’origine. « Nous allons d’abord chercher à déterminer quelle est l’histoire de ces crânes (…) puis nous réfléchirons avec les pays concernés à ce que nous en ferons », a expliqué lors d’une conférence de presse à Berlin Hermann Parzinger, de la FPCP.
Où ont-ils été pris? Il n’y avait pas de cimetières
L’ambassadeur rwandais en Allemagne, Igor Cesar, a admis que son pays n’avait appris que récemment, en 2016, l’existence de ces restes humains. « Quand on entend dire qu’il y a 1.000 crânes, on se demande d’abord d’où ils viennent. Comment peut-on parvenir à récolter 1.000 crânes? », s’est-il demandé, précisant qu’à cette époque les cimetières n’existaient pas au Rwanda. Les corps des défunts étaient simplement enterrés près des maisons familiales. Selon lui, il est « encore trop tôt » pour que Kigali exige leur restitution: « Ces crânes ont attendu 100 ans et à présent ils sont ici (…) quand nous saurons plus précisément ce qu’il en ressort, nous verrons ce qu’il en adviendra ».
La Fondation des possessions culturelles prussiennes avait récupéré ces crânes « en très mauvais état » de l’hôpital berlinois de la Charité. Parmi eux, 986 seraient issus du Rwanda, 41 de Tanzanie, 4 du Burundi et 54 autres ne sont pour le moment identifiés que par « Afrique de l’est ». Depuis, ils faisaient l’objet d’un important travail de rénovation et d’inventaire.
Chercher ensemble
Mais en l’absence de toute documentation, le travail préliminaire des scientifiques s’est avéré jusqu’à présent très compliqué: les notes griffonnées à même les crânes ont constitué jusqu’à présent leurs meilleurs indices. C’est pourquoi les chercheurs allemands vont travailler avec leurs homologues africains. « Nous allons désormais former un réseau avec nos collègues de Tanzanie, du Rwanda, du Burundi pour rechercher ensemble les origines de ces objets », a affirmé Bernhard Heeb qui coordonne l’étude globale.
Jusqu’au traité de Versailles, à la fin de la Première Guerre mondiale, l’Empire allemand possédait plusieurs colonies en Afrique: l’Afrique orientale allemande s’étendait sur les territoires actuels du Rwanda, du Burundi et d’une partie de la Tanzanie, le sud-ouest africain recouvrait l’actuelle Namibie et l’ouest africain les actuels Cameroun et Togo.