Fiche du document numéro 23014

Num
23014
Date
Jeudi 25 octobre 2018
Amj
Fichier
Taille
180132
Pages
3
Titre
Génocide au Rwanda : la vidéo qui accable l’armée française [Transcription]
Sous titre
Sergent-chef Eric Meynier au colonel Jacques Rosier : « Hier, il y a eu des battues toute la journée dans les collines... Des maisons qui flambaient de partout... Des mecs qui se trimballaient avec des morceaux de chair arrachée »
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
Sergent-chef Eric Meynier au colonel Jacques Rosier :
« Hier, il y a eu des battues toute la journée dans les
collines... Des maisons qui flambaient de partout… Des mecs
qui se trimballaient avec des morceaux de chair arrachée »

Source : Etablissement cinématographique et photographique des
armées (devenu Etablissement de communication et de production
audiovisuelle de la Défense) ; Rwanda, le 28 juin 1994 au matin.
Lien : https://www.youtube.com/watch?v=W1y9c1lGuY&feature=youtu.be
*

AU PREMIER PLAN A GAUCHE ET DE PROFIL, LE SERGENT-CHEF ERIC MEYNIER. AU PREMIER PLAN A
DROITE ET DE FACE, LE COLONEL JACQUES ROSIER. AU SECOND PLAN AU MILIEU, UN SOLDAT DU
1ER REGIMENT DE PARACHUTISTES D’INFANTERIE DE MARINE SURVEILLANT LA ZONE.

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[Note du transcripteur : cet enregistrement a été remis à la justice française par Jean-Marie
Charpentier, alors capitaine au Commando parachutiste de l’air (CPA) n° 10 et second du lieutenantcolonel Jean-Rémy Duval. En le remettant au juge, Jean-Marie Charpentier a déclaré que l’on voit et
entend sur cet enregistrement un échange daté du 28 juin 1994 au matin entre le colonel Jacques
Rosier et le sergent-chef Eric Meynier, ce dernier relatant la mission de la veille. Cette scène a en effet
été filmée le 28 juin 1994 au matin à Kibuye, près de la préfecture, quand des hélicoptères du
Commandement des opérations spéciales, commandé par le colonel Jacques Rosier, ont évacué les
sœurs de Sainte-Marie de Namur qui tenaient une école près de là où logeaient les militaires du
CPA 10. Les propos d’Eric Meynier sont incontestablement relatifs à la mission de la veille du 27 juin
1994 à Bisesero, à laquelle il a participé. Signalons que si certaines sœurs tutsi étaient menacées, elles
ne craignaient plus rien puisque les militaires français stationnaient chez elles. En revanche, les quatre
hélicoptères Puma mobilisés pour l’évacuation des sœurs auraient pu évacuer les Tutsi blessés de
Bisesero et les autres survivants être protégés dès la veille par les troupes françaises. Ils ont été
délibérément abandonnés aux tueurs par le commandement français qui était déjà informé de leur
existence par Marie-Julianne Farrington, la supérieure des sœurs de Namur, venue de Kibuye à Goma
le 23 juin 1994, et par des journalistes qui, de retour de Bisesero, ont rencontré des militaires français
le 26 juin].

*

[Début de la séquence à 00’ 22’’]
Sergent-chef Eric Meynier : Et faut voir, hier, euh, hier on était, euh…, je ne sais plus quel patelin,
là. Il y avait…, il y a eu des battues toute la journée, euh, dans les collines… Des maisons qui
flambaient de partout.
Colonel Jacques Rosier : Hum, hum.
Sergent-chef Eric Meynier : Des mecs qui se trimballaient avec des morceaux de chair arrachée.
Enfin, bon.
Colonel Jacques Rosier : Ah, ah... [Il détourne la tête].
Sergent-chef Eric Meynier : C’est… [Il fait un geste de dégoût de la main gauche puis marque un
silence]. C’est terrible, ça. Et puis le problème, c’est que, là, ils sont… Je ne sais pas comment ils font
pour se soigner, quoi. Ils sont pleins…, pleins de plaies purulentes partout. Enfin, bon.
Colonel Jacques Rosier : Hum, hum [il s’essuie la bouche avec sa main gauche]. Eh ouais. Hum… [Il
s’emploie à défaire les plis de son uniforme].
Sergent-chef Eric Meynier : On a évité…, on a évité un lynchage parce que…, le guide qui nous
accompagnait, manifestement, c’était, euh…, c’était un des gars qui…, qui, comment dirais-je, qui
guidaient les milices dans les jours qui…, qui ont précédé, quoi.
Colonel Jacques Rosier : Ouais [il s’essuie et étire sa veste].
Sergent-chef Eric Meynier : Alors quand…, quand on est tombés sur la bande de…, de Tutsi qui
fuyaient dans les collines, là, eh bien, quand ils l’ont reconnu, euh, pfuuu !
Colonel Jacques Rosier : Ah ouais ?

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Sergent-chef Eric Meynier : Oh, pfuuu ! Mauvais, là. Il a fallu lever le son, le ton…
Colonel Jacques Rosier : Ah ouais ?
Sergent-chef Eric Meynier : Parce que j’ai cru qu’ils allaient…
Colonel Jacques Rosier : Ah ouais ?
Sergent-chef Eric Meynier : J’ai cru qu’ils allaient le lapider, hein.
Colonel Jacques Rosier : Ah ouais ? [Il regarde vers le sol].
[Fin de la séquence à 01’ 13’’]

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