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Lors de reportages réalisés au Rwanda à la fin du mois dernier (Le Vif/L'Express du 18 et 25 mars 1994), nous avions pu constater l'extrême tension qui régnait dans la capitale. Il était question, au dire d'expatriés et de responsables d'organisations humanitaires, de listes de personnalités à éliminer, d'escadrons de la mort prêts à entrer en action. Des membres de l'opposition démocratique, se sentant menacés, se terraient chez eux. D'autres s'étaient déjà réfugiés dans des hôtels pour des raisons de sécurité. La plupart ont été éliminés au cours des tueries très ciblées et méthodiques de ces derniers jours.
Les rebelles du Front (FPR) affirmaient alors que le pouvoir en place disposait d'un plan d'extermination des leaders de l'opposition. A tout le moins, un dernier carré d'ultras hutus n'a pas craint de défier la communauté internationale en plongeant délibérément le pays dans le chaos et la haine interethnique, à l'instar de ce qui s'est passé ces derniers mois au Burundi voisin.
Le président rwandais était sans doute un obstacle à écarter afin de mettre en branle la phase ultime de ce scénario du pire.