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Le Conseil de sécurité a esquissé un soupir de soulagement :
l'ambassadeur du Rwanda aux Nations unies a décidé, mardi 19 juillet, « de son propre gré », de ne plus siéger. Ayant compris que sa position
était intenable, M. Bizimana, l'ambassadeur hutu du Rwanda, resté
jusque-là membre du Conseil alors qu'il ne représentait plus personne, a
choisi de prendre la porte de sortie que lui montraient certains membres
« avec insistance ».
Il n'était pas question, pour eux, que M. Bizimana préside le Conseil en
septembre, au moment de l'Assemblée générale, comme l'aurait voulu
l'ordre alphabétique. Or le Conseil ne peut entamer de consultations sur
la représentativité de l'un de ses membres que si celle-ci est
revendiquée par un gouvernement légitime. Le précédent remonte à juillet
1958, lorsque, après la révolution irakienne, le siège de l'Irak
monarchique a été contesté par les militaires au pouvoir.
Depuis le début de la guerre au Rwanda et les crimes de guerre perpétrés
par les représentants du gouvernement hutu, les membres du Conseil
étaient dans l'embarras, ne sachant quel sort réserver à M. Bizimana.
Car, non seulement il siégait quotidiennement, mais il tenait aussi à
faire des déclarations publiques. Il avait souvent provoqué la gêne des
diplomates français en remerciant Paris de son initiative.
Le siège rwandais est donc resté vide mardi. Selon les membres du
Conseil, il « risque de le rester pendant un certain temps », malgré la
formation d'un nouveau gouvernement à Kigali, puisqu'il faut que
celui-ci établisse des relations diplomatiques « au moins » avec les
organisations régionales et les pays voisins. Selon le département des
affaires juridiques de l'ONU, il existe trois précédents dans la
pratique du « siège vide » : l'absence de l'Union soviétique au moment
du vote sur la guerre en Corée en 1950 ; le fonctionnement du Conseil à
onze, au lieu de quinze, pendant quatre mois, en 1966, lorsque
l'Assemblée générale a élargi le nombre de pays membres du Conseil ;
l'incapacité de l'Assemblée générale à décider du choix d'un membre non
permanent, en 1980. Légalement, le Conseil peut donc continuer de
fonctionner à quatorze.