Fiche du document numéro 16528

Num
16528
Date
Samedi 18 mai 1991
Amj
Auteur
Fichier
Taille
106192
Pages
2
Titre
Rwanda : Barahinyura claque la porte. Le J'accuse de l'ancien numéro trois du FPR
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Coup de théâtre dans les questions rwandaises: Shyirambere Barahinyura, qui était jusqu'à hier membre du comité exécutif du FPR (Front patriotique rwandais) et responsable de l'information, vient de claquer la porte en démissionnant de toutes ses fonctions. Le FPR avait attaqué, le 1er octobre dernier, le Rwanda depuis la frontière ougandaise. Plusieurs cessez-le-feu ont été signés depuis entre le gouvernement rwandais et le Front, sans jamais faire réellement cesser les hostilités.

Et voici que M. Barahinyura lance un vibrant « J'accuse » : Ma démission est aujourd'hui nécessaire : m'étant depuis longtemps engagé contre un système à parti unique, je ne veux et ne peux aujourd'hui m'engager pour un mouvement dont le but inavoué est d'instaurer au Rwanda un système mono-ethnique et fatalement monopartiste. Le manque de volonté du FPR d'instaurer un système démocratique au Rwanda se manifeste par son refus de mener des négociations avec le gouvernement rwandais à un résultat positif, le FPR voulant à tout prix prendre le pouvoir avec les armes.

J'ignore si le président ougandais Museveni a réellement envisagé l'annexion du Rwanda, mais il est un fait que la guerre menée contre le Rwanda depuis le 1er octobre se déroule en provenance de l'Ouganda et qu'elle est soutenue par l'Ouganda. Les combattants du FPR attaquent à partir de l'Ouganda et s'y replient. Le président Museveni profère des mensonges quand il déclare que la guerre a éclaté à son insu. Non seulement il le savait, mais encore il l'a minutieusement préparé avec son ami Fred Rwigema. Il continue par ailleurs à assurer un soutien actif à l'armée du FPR à laquelle il donne un sanctuaire, des armes, des munitions, une assistance logistique et des hommes.

Si j'ai accusé ouvertement le régime de Kigali de violation des droits de l'homme, j'accuse le FPR aujourd'hui d'avoir assassiné et exécuté beaucoup de personnes innocentes. J'accuse l'armée du FPR d'avoir massacré les populations civiles et mutilé beaucoup d'entre elles.

Je suis convaincu aujourd'hui que le FPR a été, est et reste une organisation tutsie avec ambition de prendre le pouvoir à Kigali. Les Bahutus tels que Pasteur Bizimungu, le colonel Alexis et moi-même avons servi en réalité de boucliers contre des accusations éventuelles selon lesquelles le FPR serait une association tutsie visant à reprendre le pouvoir au Rwanda et à y imposer un régime jumeau du Burundi.

Je demande au gouvernement de Kigali d'accélérer le processus de démocratisation afin que tout Rwandais puisse se sentir à l'aise dans son pays. Je demande également au FPR d'arrêter le plus vite possible les combats et de se laisser enregistrer comme beaucoup d'autres. Je l'invite à abandonner toute idée belliqueuse.

Un tel revirement de la part de l'ancien numéro trois du FPR peut cependant laisser perplexe, même si l'intéressé nie avoir eu des contacts avec Kigali...

VÉRONIQUE KIESEL
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024