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Alain Juppé a estimé, lundi 4 juillet, qu'il n'y avait "pas d'hostilité
de principe à l'action [de la France] et en particulier au concept de
zone humanitaire sûre " de la part du Front patriotique rwandais (FPR).
Toutefois, la direction du FPR ne paraît pas partager cette
interprétation : cette " zone humanitaire sûre " que Paris met en place
dans le sud-ouest du Rwanda est " d'ores et déjà vouée à l'échec ", a
affirmé le représentant du FPR en Europe, Jacques Bihozagara. Dénonçant,
dans un communiqué, un " projet de néo-colonisation ", le responsable du
FPR affirme que cette zone constitue " le dernier retranchement " de
l'armée gouvernementale et des milices face à l'avancée des forces
tutsies.
Le ministre français n'en a pas moins déclaré que " dans les contacts
officiels, d'une part avec M. Bihozagara, et sur le terrain par
l'intermédiaire de notre émissaire, il n'y a pas l'agressivité que telle
ou telle déclaration peut comporter ". M. Juppé a précisé que la France
avait un contact indirect avec le FPR par l'intermédiaire du président
ougandais Yoweri Museveni, de retour à Kampala après une visite à Paris
la semaine dernière.
M. Bihozagara a renchéri en estimant que l'initiative française "
constitue non seulement une forme de balkanisation du Rwanda sur un
modèle ethniquement calculé, mais aussi assure une consolidation des
bases arrière de l'armée gouvernementales et des miliciens dont ces
zones constituent leur dernier retranchement ". De son côté, le
secrétaire général du FPR, Théogène Rudasingwa, a assuré que ses forces
poursuivraient leur avance, malgré l'intervention française. Les
Français, a-t-il dit à la BBC " ont rencontré une réelle résistance, et
je pense que les Français savent qu'il s'agit d'une véritable
résistance. Il ne s'agit pas de discours en l'air contre les Français.
Je pense qu'il s'agit d'un sentiment profond de la part du peuple
rwandais ".
Pourtant, mardi 5 juillet, le chef d'état-major des armées, l'amiral
Jacques Lanxade, a indiqué, sur France Inter, qu'il ne croyait pas à un
" risque d'affrontement avec le FPR " et assuré que l'intervention
française au Rwanda continuait " d'être neutre ". (AFP.)